Mohamed Chalabi acquitté par la cour d’Alger

Condamné à mort par contumace en 1993

Mohamed Chalabi acquitté par la cour d’Alger

Abdelkader Mostéfai, Le Quotidien d’Oran, 21 mai 2002

Le tribunal criminel près la cour d’Alger a prononcé, hier, l’acquittement en faveur de Mohamed Chalabi.

En rendant son verdict, le tribunal criminel n’a pas suivi les demandes formulées par le représentant du ministère public. Ce dernier a requis contre l’accusé la peine capitale.

Extradé de France vers l’Algérie, en novembre dernier, dans des circonstances controversées, Mohamed Chalabi a été condamné par la justice algérienne, en 1993, à la peine capitale, par défaut, « pour appartenance à un groupe armé ayant participé à plusieurs actions terroristes ».

Cependant, celui qui a été condamné en France à huit ans de prison ferme, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », restera en prison. Poursuivi dans une autre affaire liée au « terrorisme », Mohamed Chalabi doit attendre la réponse que donnera la chambre d’accusation à la requête introduite par ses avocats. Quand ? Personne ne le sait pour l’instant. A ce sujet, Maître Boumerdassi nous a fait part de «l’introduction, dans les plus brefs délais, d’une demande d’extinction de l’action publique puisque Mohamed Chalabi a été condamné pour les mêmes motifs que ceux pour lesquels il a été acquitté ».

Selon l’arrêt de renvoi, Mohamed Chalabi finançait « cette organisation terroriste à partir de la France ». D’après le représentant du ministère public, «les éléments de cette organisation terroriste, dont le chef était «Falco», avaient à leurs actifs plusieurs actions terroristes et préparaient à l’époque l’assassinat de personnalités politiques et militaires, dont le général à la retraite, Khaled Nezzar et l’ex-chef du gouvernement, Belaïd Abdesselem». L’accusé a nié en bloc toutes les accusations retenues contre lui. Il reconnaît, cependant, qu’il envoyait de l’argent de la France vers l’Algérie pour le compte d’un certain Boukhatem, qui était pour lui un parent par alliance. «L’envoi de cet argent était destiné pour la construction d’une maison à Alger». Lors de son audition, Mohamed Chalabi n’a pas cessé de dire, chaque fois, «qu’il s’agit d’une affaire bizarre à laquelle il a été associé». La quarantaine dépassée et père de quatre enfants, l’accusé a demandé à « être confronté avec ceux qui m’ont cité dans cette affaire de terrorisme ». Intervenant en langue française, il a tenu à rappeler aux membres du jury « que, contrairement à ce qui a été dit par la presse, notamment française, Mohamed Chalabi est de nationalité algérienne et que ses parents, qui vivent ici en Algérie (Aïn Taya à Alger), sont des anciens maquisards de la guerre de libération nationale ».

Les avocats de la défense ont longuement évoqué le côté patriotique de l’accusé.

Maître Boumerdassi, dans une plaidoirie magistrale, a démonté tous les arguments avancés par le parquet général. A cet effet, elle révélera au tribunal criminel « le non-respect de la procédure judiciaire, le manque de preuves, que le dossier est totalement vide et qu’il faut replacer cette affaire dans son contexte de l’époque ». Les avocats de la défense ont plaidé l’acquittement de leur client. Après une heure de délibération, le tribunal criminel, à l’unanimité, a reconnu « la non-implication de Mohamed Chalabi dans une organisation terroriste ». Le président du tribunal criminel a prononcé l’acquittement en faveur de l’accusé. Sa mère, qui se trouvait dans la salle, a éclaté en sanglots. A l’adresse des journalistes, elle dira que son « combat pour l’Algérie indépendante est aujourd’hui une réalité ». Son fils, qui se trouve au box, éclate en sanglots. A l’adresse des membres du jury, il dira que « j’ai toujours fait confiance à la justice de mon pays ». En France, Mohamed Chalabi a été condamné à huit ans de prison ferme. Il a été soupçonné d’être le responsable du GIA, chargé notamment de la création de réseaux terroristes en Europe, entre 1994 et 1996. Sa condamnation a été assortie d’une interdiction définitive du territoire français. Cette mesure a été confirmée, le 31 octobre 2001, par le parquet de Paris qui a délivré à son encontre une ordonnance de réquisition exécutoire. Quinze jours après, Mohamed Chalabi a été expulsé vers l’Algérie à bord du car-ferry le « Hoggar ».

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La bavure Chalabi (Le Monde, 22.11.01

Chalabi, expulsé de France, prisonnier en Algérie (Libération, 20.11.01)

Chalabi incarcéré en Algérie pour « appartenance à un groupe terroriste » (AFP, 19.11.01)

Le chef du réseau Chalabi à Marseille dans l’attente d’une expulsion  (AP, Reuters, 08.11.01)