Deux membres de la cellule Internet de Hattab arrêtés

Assurant la communication avec le réseau européen

Deux membres de la cellule Internet de Hattab arrêtés

Mounir B., Le Quotidien d’Oran, 7 novembre 2001

Les trois individus présentés comme «disparus» dans l’affaire de Dellys, et arrêtés le 25 octobre dernier, viennent d’être présentés au Parquet d’Alger et accusés de plusieurs chefs d’inculpation, dont «l’appartenance à un groupe terroriste», en l’occurrence le GSPC de Hassan Hattab.

Arrêtés dans le quartier «Le jardin de Dellys» par les services de sécurité, après plusieurs semaines d’enquête, les frères Maâouchi (Saâd, 39 ans et Houari, 22 ans) sont accusés d’avoir monté une cellule de communication, via Internet, qui assurait la transmission des messages électroniques du groupe salafiste avec les correspondants de Hattab en Europe. Maâouchi Saâd servait, selon des sources informées, de chauffeur pour le compte de l’ancien émir de Dellys, Allalou Hmida, dont le frère a également été arrêté puis relâché par les services de sécurité. Il avait purgé une peine de cinq années de prison ferme pour association à un groupe terroriste. Maâouchi Saâd a été arrêté avec, en sa possession, un double téléphone baladeur qui peut servir aussi bien de téléphone que comme «Talkie Walkie», et avait monté avec son jeune frère, étudiant en cinquième année, en filière informatique à l’université de Tizi-Ouzou, un stratagème pour se connecter illégalement à des lignes téléphoniques, afin de transmettre les messages et les communiqués du GSPC à l’étranger. Son jeune frère, Maâouchi Houari est également connu des services de sécurité sous différents pseudonymes dont «Mohamed», «Merzak» ou encore «Ali Alpha». C’est depuis leur appartement à Dellys que ce jeune informaticien expédiait des fichiers vers l’Europe, essentiellement Londres et Berlin, vers des émissaires de Hattab. Il était ainsi en liaison avec Mustapha Aït El-Hadi, un islamiste résidant en Allemagne et ancien co-inculpé dans les affaires Adel Mechat et Djamel Lounici, qui sert de relais de communication et de propagande du GSPC en Europe. Jamais inquiété par les services du BND allemand (contre-espionnage), Aït El-Hadi fait l’objet actuellement d’un mandat d’arrêt international délivré par Interpol, à la demande de la justice algérienne, dans le cadre des nouvelles résolutions antiterroristes adoptées par l’ONU et il risque incessamment une arrestation. Cet islamiste qui est un transfuge du GIA avant de rejoindre les réseaux européens du GSPC, est le frère de l’émir du même nom abattu par les services de sécurité, lors de la fameuse fusillade du quartier du Télemly à Alger en 1995. Son père, qui l’avait rejoint en Allemagne, est condamné à mort par contumace en Algérie.

Longtemps mis sous filature, les frères Maâouchi sont les premières personnes interpellées sous l’égide de la nouvelle structure de lutte contre le terrorisme électronique des services secrets algériens. Cette nouvelle unité a été installée après les attentats du 11 septembre, à l’instar des services européens, pour intercepter et lutter contre la propagande terroriste, via Internet.

Selon des sources fiables, cet informaticien a été arrêté grâce à un nouveau système de suivi de messages électroniques à caractère subversif et a été retracé jusqu’au lieu d’émission dans son appartement de la wilaya de Boumerdès. Même les messages envoyés par ce relais du GSPC dans certains cybercafés d’Alger, afin de brouiller les pistes, ont été reconstitués par ce nouveau service et présentés comme éléments à charge auprès du tribunal d’Alger. Selon les spécialistes, ce nouveau service ambitionne à limiter la propagande terroriste sur le Net, après que les membres du groupe salafiste se soient détournés des moyens de communications habituels, se méfiant des écoutes téléphoniques. A signaler que les services de sécurité ont saisi plusieurs documents authentifiés, appartenant à la cellule de communication du GSPC de Hassan Hattab, et en possession de ces deux personnes qui ont été présentées, dès leur arrestation, comme des «disparus» par l’organisation «SOS-Disparus». Ils encourent, selon les chefs d’inculpations, entre quinze et vingt années de prison ferme.

La réapparition des personnes enlevées n’a pas encore été confirmée au 9 novembre 2001. Des investigations sont en cours. algeria-watch