Le Recteur de l’université: « J’ai donné mon feu vert pour l’intervention de la police »

Le Recteur de l’université Benkhedda d’Alger

« J’ai donné mon feu vert pour l’intervention de la police »

El Watan, 16 janvier 2005

Le recteur de l’université d’Alger, Tahar Hadjar, a souhaité, dans une conférence de presse organisée hier en marge d’une réunion sur le phénomène de la violence dans le milieu universitaire, la libération des étudiants incarcérés.

« J’aimerais bien que les étudiants incarcérés soient libérés », a-t-il déclaré ajoutant que son département fait « tout son possible » pour « apaiser la tension » et mettre un terme au mouvement de grève. « Les étudiants ont le droit de recourir à la grève et peuvent organiser des mouvements de protestation. Nous sommes en démocratie et la loi le reconnaît, mais il ne faut pas recourir à la violence, fermer les portes de la faculté et interdire le bon déroulement des cours », a-t-il précisé. Pour lui, la franchise universitaire doit être respectée des deux côtés. « Nous avons fait appel à la force publique parce que nous avons constaté que la situation a nettement empiré et que des affrontements interétudiants étaient prévisibles », a-t-il argué. D’après lui, le doyen de la faculté des sciences politiques et de l’information a été pris en otage par ce groupe d’étudiants « qui a défié le règlement intérieur et occupé illégalement les lieux ». « En ma qualité de premier responsable de l’université d’Alger, j’ai donné mon feu vert au conseil d’administration de la faculté qui a délibéré pour une intervention de la force publique d’autant plus que des étrangers figuraient parmi les étudiants », a-t-il dit. Le conférencier ajoutera que des négociations ont eu lieu à plusieurs reprises avec les grévistes, mais elles n’ont pas abouti. « Les revendications n’avaient pas un caractère pédagogique ou scientifique. Les grévistes exigeaient et exigent toujours la libération des détenus, la levée des poursuites judiciaires. Cela relève de la justice et non du rectorat de l’université », a-t-il expliqué. Le recteur a rappelé que l’interpellation puis l’incarcération de l’étudiant Hamitouche « ne concerne l’université d’Alger ni de près ni de loin ». « Le jeune Hamitouche, étudiant en 3e année de sciences politiques, a été interpellé en dehors de l’enceinte de la faculté, suite à une plainte déposée par la direction de la cité universitaire Taleb Abderrahmane. Cet étudiant avait été reconnu comme étant le principal accusé du saccage du restaurant de la cité », a-t-il expliqué. Intervenant, le directeur de la cité Taleb Abderrahmane, M. Alili a précisé que ces étudiants, qui font partie d’une association sportive non agrée (karaté), avaient exigé de la direction « des bons d’essence, des repas en dehors des horaires réglementaires et un bus pour leur transport vers la salle de sports ». « Ce n’est pas la première fois que ces étudiants recourent à la violence pour arriver à leurs fins. Ils l’ont fait par le passé en saccageant 9 bureaux de l’administration », a annoncé ce responsable. « Devant le refus de la direction de la cité universitaire, ces étudiants ont commencé à saccager le restaurant et à déverser le dîner de 3000 étudiants. La réfection de ce restaurant a coûté la somme de deux milliards de centimes », a-t-il ajouté. Interrogé sur les conditions d’accueil et de restauration dans les cités U, le recteur de l’université d’Alger a répondu que cette situation « assez difficile » ne nécessite pas le recours à la violence et l’utilisation de la force. « Nous avons appelé au dialogue et à la sagesse pour que des solutions soient trouvées aux problèmes, mais dans le respect des lois et du règlement intérieur régissant les facultés et les instituts d’Alger », a conclu M. Hadjar.

Kerri N.