Le Maroc s’attaque à l’Europe et à l’Algérie
Immigration clandestine
Le Maroc s’attaque à l’Europe et à l’Algérie
par R.N, Le Jeune Indépendant, 13 octobre 2005
Le ministre délégué aux Affaires étrangères, M. Tayeb Fassi Firhi a précisé hier, que son pays «assume sa géographie, remplit ses obligations et contribue seul, sans toucher un euro, à la lutte contre l’émigration clandestine». S’attaquant à l’Algérie, le ministre a insisté sur le fait que ces émigrants arrivent au Maroc à travers l’Algérie et que leur unique objectif est de gagner l’Europe.
De son côté, le ministre de l’Intérieur marocain, M. Mustapha Sahel a précisé, mardi, que «les Européens feraient mieux de balayer devant leur porte». Pour lui, au lieu de faire la leçon, l’Europe doit assumer sa responsabilité et aider l’Afrique subsaharienne.
Elle doit faire preuve, a-t-il ajouté, de générosité et de charité chrétienne. Il a considéré qu’»aborder la question d’un point de vue purement sécuritaire, c’est faire preuve de myopie. Il faut aider nos frères subsahariens, il faut un véritable plan Marshall pour cette partie de l’Afrique qui a connu les calamités naturelles et des guerres».
M. Sahel a révélé l’existence d’environ 15 000 migrants clandestins africains au Maroc, notamment des Sénégalais, des Maliens et des Camerounais, au moment où les statistiques officielles, parlent de plus de 25 000 Africains vivant en situation régulière dans le royaume.
Il a précisé que 11 000 membres des forces de sécurité luttaient contre l’immigration clandestine pour un coût évalué entre 70 et 80 millions d’euros. Il a annoncé que les autorités marocaines campent toujours sur leur position de reconduite des clandestins à la frontière avec l’Algérie, longue de 1 000 km.
A noter que les centaines de migrants africains, transportés de force ces derniers jours par les autorités marocaines dans le sud-ouest du Maroc, ont finalement été ramenés par bus plus au nord. Contacté par l’AFP, une responsable de l’ONG française Cimade, chargée d’aider «les réfugiés migrants» a déclaré que sept autobus et trois camions militaires ont gagné mardi la ville de Guelmim, à environ 180 km au sud d’Agadir.
Par ailleurs, selon une ONG marocaine, les Amis des familles de victimes de l’immigration clandestine (AFVIC), 19 bus sur 28 ont regagné la localité marocaine. Le directeur exécutif de l’AFVIC, M. Hisham Rashidi, a précisé, de son côté qu’»un groupe de 80 personnes se trouvent dans le désert à 30 km de Smara», dans le Sahara occidental.
Selon lui, ces personnes marchent vers la frontière mauritanienne et se dirigent vers un champ de mines. De son côté, l’AFP qui a pris attache avec un membre de cette dernière association a révélé que les 80 Africains ont été abandonnés lundi soir, dans le désert, par les autorités marocaines qui les avaient transportés jusque-là en bus et en camions militaires.
La semaine dernière, des centaines de migrants africains ont été laissés en plein désert, dans le sud-est du Maroc, à la frontière algérienne. Après que des ONG eurent attiré l’attention des médias sur cette situation, les autorités ont ramené les subsahariens vers Oujda (est), d’où plusieurs centaines de Maliens et de Sénégalais ont été rapatriés par avion.
R. N.
