Quatre Algériens libérés par un tribunal londonien

Un coup sévère pour le gouvernement de Tony Blair

Quatre Algériens libérés par un tribunal londonien

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 22 octobre 2005

Un tribunal londonien a remis en liberté quatre Algériens détenus et en attente d’expulsion depuis leur arrestation en août dernier dans la foulée des attentats de Londres. La décision constitue un sévère camouflet pour le gouvernement de Tony Blair, notamment dans sa tentative de parvenir à un accord avec l’Algérie en vue de les renvoyer chez eux.

C’est ce qu’a rapporté jeudi le quotidien The Times, indiquant que les quatre ressortissants algériens faisaient partie des dix personnes arrêtées par la police lors de rafles ayant visé les milieux de demandeurs d’asile dans le cadre des enquêtes sur les attentats contre les transports londoniens qui ont fait, outre les quatre porteurs de bombe, 52 morts et quelque 700 blessés.Incarcérés dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, au sud-est de la capitale britannique, les dix individus avaient été traduits devant le tribunal après près de deux mois de procédures et d’auditions.

Les quatre Algériens, identifiés par les initiales A. G. H. et T., avaient été remis en liberté sous contrôle judiciaire tandis que cinq autres, dont le Jordanien Abou Qotada, ont vu leur demande de liberté sous caution rejetée par la commission spéciale de l’immigration chargée des recours (SIAC).

L’examen du cas du dixième prévenu, identifié par la lettre B., a été reporté à une date ultérieure. Les nationalités des cinq autres mis en cause n’ont pas été révélées. Le journal londonien a qualifié le verdict du tribunal de coup sévère porté au gouvernement, notamment le ministère de l’Intérieur qui a déployé une batterie d’arguments pour convaincre la justice de la nécessité d’expulser les dix individus.

Réagissant au verdict de la cour, Sean Wilken, conseiller du ministre de l’Intérieur Charles Clarke, a affirmé que «les dix individus constituaient une menace pour la sécurité nationale du Royaume-Uni», estimant que, bien qu’ils ne soient pas impliqués dans les attentats du 7 juillet, ils ont «favorisé l’atmosphère qui a conduit à ces attaques».

Le haut responsable du ministère a également estimé que ces individus reprendraient leurs activités, sans préciser lesquelles, d’autant que Scotland Yard n’avait pas fourni de preuves attestant que ces ressortissants constituaient un risque pour la sécurité nationale.

De son côté, Hazel Blears, un autre responsable au sein du ministère de l’Intérieur, a fait part de la déception de son département suite à la libération des quatre Algériens. «Ces individus étaient placés en détention, conformément aux prérogatives du ministère de l’Intérieur qui l’autorisent à expulser des personnes qu’il juge comme étant une menace pour la sécurité nationale».

Les avocats des dix individus ont affirmé que les quatre Algériens sont définitivement blanchis, mais ils seront toutefois soumis à des mesures restrictives draconiennes. Certains avaient été incarcérés pendant plus deux ans dans la prison de Belmarsh et en sont sortis malades.

l’un d’eux souffre même de troubles psychiques dus aux rudes conditions d’incarcération. Quant aux six autres, ils seront maintenus en détention en attendant leur éventuelle expulsion dont la procédure peut prendre deux à trois ans.

La libération des quatre Algériens est de nature à réduire à néant le mémorandum d’entente permettant aux services de sécurité d’expulser les Algériens devenus indésirables en Grande-Bretagne. Elle conforte aussi les associations des droits de l’homme dans leur combat contre la politique sécuritaire du gouvernement Blair qu’elle considérait comme arbitraire et dangereuse.

Cette libération intervient trois semaines après les informations rapportées par The Times, selon lesquelles l’Algérie aurait exigé des excuses officielles du gouvernement britannique pour les ressortissants algériens incarcérés à tort dans les prisons du Royaume-Uni dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Z. M.