Farouk Ksentini: les ONG doivent s’excuser

Farouk Ksentini: les ONG doivent s’excuser

Le Quotidien d’Oran, 10 décembre 2006

Les organisations non gouvernementales (ONG) qui ont «terni l’image de l’Algérie» durant les années 90 se doivent de présenter leurs excuses officielles aux Algériens.

Le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’homme CNCPPDH, Farouk Ksentini, est intransigeant sur ce point. Hier encore, il l’a fait savoir à travers les ondes de la chaîne III de la radio nationale. Le 5 novembre dernier, Farouk Ksentini, qui intervenait sur la même chaîne dans le cadre de l’émission «En toute franchise», a soulevé le «rôle de désinformation» de certaines ONG lors de la décennie noire, leur reprochant de ne pas reconnaître publiquement leurs erreurs. «Ces ONG étaient manipulées. Après les évènements du 11 septembre, elles tentent de faire leur mea-culpa», a déclaré en substance le président de la CNCPPDH.

Hier, Farouk Ksentini a réitéré son appel à ces mêmes organisations internationales non-gouvernementales à présenter leurs excuses officielles à l’Algérie pour, dira-t-il, «le préjudice» qu’elles lui ont causé durant les années 1990.

S’exprimant sur les ondes de la chaîne III, à l’occasion du 58ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme, M. Farouk Ksentini a estimé que ces ONG se sont trompées dans leur «appréciation sur ce qui se passait en Algérie. Je souhaite qu’elles présentent leurs excuses officielles à l’Algérie, parce qu’elles ont terni son image de marque», a ajouté M. Ksentini. Ce dernier a rappelé en passant que ces organisations avaient pris fait et cause contre l’Etat algérien en considérant à tort que les terroristes, qui avaient pris les armes contre l’Etat algérien et les civils, étaient des démocrates qui faisaient de la résistance armée. «Elles croyaient que les terroristes étaient des démocrates en lutte», a souligné le président de la CNCPPDH, qui a ajouté que «ces ONG se sont rendues compte un peu trop tard qu’il s’agissait en fait de terroristes qui ont pris des armes contre le peuple et l’Etat». Sans toutefois citer les noms de ces organisations, M. Ksentini a indiqué que ces ONG avaient porté une «appréciation volontairement erronée sur la situation, ce qui constitue une faute». Le message s’adresse, bien sûr, à certaines ONG qui, pour des raisons que tout un chacun connaît aujourd’hui, ont persisté pendant longtemps dans leur entêtement à entretenir l’amalgame. C’est à ces mêmes ONG que Ksentini avait demandé la dernière fois «qu’elles reconnaissent publiquement leurs erreurs».

D’autre part, M. Ksentini a indiqué qu’en matière de droits de l’homme, l’Algérie est un pays émergent. Le président de la CNCPPDH a souligné, dans le même contexte, que la situation des droits de l’homme n’est jamais «définitive».

Sur la question de l’état d’urgence et sa relation avec les droits de l’homme, M. Ksentini a réfuté la thèse qui consiste à dire que le maintien de l’état d’urgence entravait les libertés. Dans le même ordre d’idée, M. Ksentini a rappelé les attributions des walis, garantis par l’état d’urgence, qui leur confèrent le droit de procéder à l’arrestation ou à l’internement des individus pour de simples soupçons. «Depuis 1992, aucun wali n’a eu à recourir à l’application de ce genre de procédure», a-t-il encore indiqué.

Le même intervenant a réitéré l’intérêt accordé par sa commission aux ex-internés du Sud, rappelant dans ce sens qu’une requête relative à leur indemnisation a été transmise au président de la République.

Concernant le cas des enfants nés dans les maquis, le président de la CNCPPDH a révélé que son instance avait recensé 200 enfants issus de mariages contractés entre terroristes, qui ont été tous validés par la justice.

Il a indiqué à ce titre que le président de la République prendra certainement des dispositions en faveur de cette frange, conformément aux pouvoirs que lui confèrent les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.

Djamel B.