Violente répression des « mères de disparus » dans les rues d’Alger

Violente répression des « mères de disparus » dans les rues d’Alger

Risques Internationaux, 5 octobre 2004

Les familles des Algériens disparus après avoir été arrêtés par les forces de l’ordre redoutent la tentative du gouvernement algérien de clore le dossier de leurs proches en l’échange d’indemnités pécuniaires. Elles sont regroupées au sein d’un collectif (SOS-Disparus) et avaient décidé d’organiser une marche à Alger en ce jour du 5 octobre.
Dès 7h du matin, à Alger, le quartier du Golf, siège de la Présidence de la République, a été bouclé par la police anti-émeutes, des agents en civil, puis par des éléments de la gendarmerie. De nombreux camions de police et de voitures banalisées ont pris position au carrefour central du Golf tandis que d’autres éléments étaient stationnés au carrefour dit « du Bois de Boulogne » ainsi que devant le siège de la sûreté de daïra de la Colonne Voirol. Dès 8h 30, a commencé ce que les forces de sécurité nomment la « chasse aux vieilles ». Toute dame d’un certain âge passant par là était considérée comme une mère de disparu potentielle. De nombreuses femmes furent ainsi tabassées, insultées et traînées sur de nombreux mètres pour dissuader les autres familles de se rassembler. Mohamed Smaïn , militant des droits de l’homme, venu de Relizane fut appréhendé aux environs de 9heures par des policiers et embarqué vers une destination inconnue. Mme Cherguit, vice-présidente de SOS-Disparus aurait également été arrêtée.
Rappelons que par le biais d’une commission ad hoc, présidée par Mohamed Farouk Ksentini, le gouvernement algérien tente de refermer définitivement le dossier des disparus en essayant d’arracher aux familles la promesse d’abandonner toutes poursuites judiciaires : des cas d’intimidations ont été signalés ; et, comme aujourd’hui, à Alger, les forces de l’ordre ont récemment réprimé une manifestation de jeunes et femmes organisée à Constantine.
Plusieurs organisations des droits de l’homme, dont le « Mouvement pour la Vérité, la Justice et la Paix en Algérie » dénoncent aussi les relations de Farouk Ksentini avec les services de sécurité algériens. Selon les témoignages recueillis par cette organisation, celui-ci aurait, en effet, été ce qu’on appelle (dans le jargon de la sécurité militaire algérienne) une « relation de confiance » des services, à Blida, dans les années 90 où le CTRI (Centre Territorial Régional d’Investigation) procédait, de jour comme de nuit, à des exécutions sommaires, tortures et enlèvements. Toujours selon la même source, Farouk Ksentini fréquentait assidûment ce Centre et entretenait des relations amicales avec le chef du CTRI, le colonel Djebbar M’henna.