Le GSPC augmente ses tarifs

Le GSPC augmente ses tarifs

par Mohamed Zaâf, Le Jeune Indépendant, 2 avril 2007

Abid, l’entrepreneur de Yakouren, candidat aux prochaines législatives, a été relâché vendredi «sain et sauf» par ses ravisseurs après avoir payé une rançon de un milliard de centimes. Deux ou trois nuitées dans une casemate pour un milliard de centimes, avouez quand même que ce n’est pas donné et qu’en matière de tourisme le GSPC dépasse la mesure et force les prix pour son tourisme émotionnel, un genre de produit qui, il est vrai, est assez original.

La seule fois où le GSPC délivrait une facture aussi salée, cela fut à l’occasion du séjour offert à M. Haddad, de l’ETRHB. Mais il faut admettre que sa durée était deux fois plus longue que celle de M. Abid puisqu’elle s’était prolongée à au moins une semaine.

Ce qui constitue une forme d’augmentation de prix que rien ne justifie, d’autant que le GSPC ne s’acquitte pas de ses impôts. S’il n’a à aucun moment évoqué la qualité du service dans les casemates, M. Abid a, en revanche, souligné qu’il a été bien traité par ses hotes.

Chose qui avait également été mise en évidence en son temps par les otages européens d’Abderrezak El Para. Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et on est bien obligé d’admettre qu’aujourd’hui, la Kabylie a creusé l’écart et détient le monopole du rançonnement.

Des taxes qui, apparemment, ne s’appliquent dans la région qu’aux entrepreneurs actifs qui vivent des marchés que savent négocier si avantageusement les agents de l’Etat. Mais quel est le secret qui fait que les kidnappings ne s’opèrent qu’en Kabylie et ne touchent que les entrepreneurs ? Un enlèvement qui se produit et qui est conduit comme voulu jusqu’à son épilogue, c’est-à-dire jusqu’à l’empochement de la rançon, sans se sentir vraiment gêné par l’importante opération militaire qui se déroule de l’autre côté, dans la petite Kabylie, vers Amizour.

Une trentaine d’éléments du GSPC sont éliminés dans l’opération qui se poursuit depuis le 25 mars. Une opération où, selon les correspondants locaux, sont engagés des centaines de soldats, en même temps que des hélicoptères et de l’artillerie, qui bombardent de jour comme de nuit les casemates et les cibles localisées.

Parallèlement, une transaction qui n’a rien de halal se termine par une gentille randonnée champêtre en voiture qui aura duré deux heures. Un retour tardif puisqu’il avait été accueilli aux environs de 23 heures par un comité d’accueil composé de parents et d’amis.

Les ravisseurs ? Ils ont vraisemblablement eu moins d’embêtement que la fondation Friedrich Ebert, dont un séminaire se voyait récemment interrompu par les autorités de Tizi Ouzou, comme s’il s’agissait d’une rencontre aussi clandestine que le rapt d’Abid.

Un rapt aussi clandestin que l’introduction et la commercialisation de produits pyrotechniques qui, chaque année, nous apportent leur lot d’accidents et d’incendies. Des ventes de produits prohibés désormais au grand jour sur une voie publique que personne ne se soucie de faire respecter.

«Quand le chat n’est pas là, les souris dansent», dit le proverbe. Et cela fait belle lurette que les gens répètent, désabusés, que «l’Etat est absent». Donc, on peut rançonner à Tizi Ouzou, vendre des pétards à Alger, des armes, plus au sud, «la route» du côté des frontières, et de la drogue un peut partout.

Tout cela ne remet pas en cause le pouvoir et, en cas de trébuchement, la tchipa a des vertus miraculeuses. M. Z. [email protected].