Après le limogeage du colonel Faouzi : qui contrôlera l’Anep ?
Ali Idir, TSA, 27 juillet 2013
Le limogeage du colonel Faouzi et son remplacement par le colonel Okba à la tête du service de presse du DRS font planer une incertitude totale sur le contrôle de la manne publicitaire publique distribuée via l’Anep.
Cette agence, qui détient le monopole de la publicité publique, était le principal argument utilisé par le colonel Faouzi dans ses relations avec la presse.
Depuis des années, la publicité de l’Anep est octroyée selon des critères opaques. Des journaux inconnus, avec de très faibles tirages, bénéficient de plusieurs pages de publicités quotidiennes. Des proches de Faouzi et des barons du système sans aucun lien avec la presse ont lancé des journaux pour prendre leur part de la manne publicitaire de l’Etat, un budget de plus de 150 millions de dollars. Souvent, le même journal est décliné en deux versions, arabe et française, pour doubler le nombre de pages de publicités issues de l’Anep.
Le colonel Okba, le nouveau patron du service de presse du DRS, était détaché au ministère des Affaires étrangères où il a occupé plusieurs postes, notamment à l’étranger. Il ne devrait pas avoir les mêmes pouvoirs que son prédécesseur, le colonel Faouzi. La gestion de la publicité de l’Anep devrait en effet échapper au DRS qui garderait toutefois la main sur l’octroi des accréditations aux journalistes travaillant pour les organes de presse étrangers. La gestion de l’Anep pourrait revenir directement à la présidence de la République.
Mais cette évolution sera-t-elle synonyme de changement dans les relations entre le pouvoir et la presse ? Peu probable. Depuis de nombreuses années, l’Anep est utilisée pour subventionner des titres à faibles tirages. Mais sans résultats : souvent les subventions ne profitent qu’aux patrons de ces journaux qui s’enrichissent individuellement au détriment de leurs entreprises et de leurs salariés. Pourquoi, en effet, subventionner un journal dont le tirage reste confidentiel des années durant et les salariés sous-payés ?