La longue marche de la presse nationaliste algérienne

Le premier reporter algérien a écrit en 1852

La longue marche de la presse nationaliste algérienne

M’hamed Khodja, Le Jeune Indépendant, 14 septembre 2009

La presse algérienne a plus d’un siècle d’existence. Contrairement à certaines idées reçues, l’aventure du journalisme en Algérie ne date pas de l’indépendance du pays en 1962, ou du temps de la révolution du 1er novembre 1954. Depuis la fin du XIXe siècle, certains lettrés algériens ont écrit des articles dans des journaux créés par les autorités coloniales. Mais l’émergence d’une presse algérienne nationaliste date du début du XXe siècle, avec des patrons prestigieux de la trempe d’Omar Racim ou d’Abou Al-Yaqdhane.

Selon l’historien du journalisme en Algérie, Zoubir Seïf Al-Islam, le premier journaliste algérien n’est autre que Slimane Ben Siam, agha de Miliana. Personnage politique et notable «indigène», Slimane Ben Siam a été invité à la fête du trône, à l’occasion du couronnement de l’empereur Napoléon III en 1852. Après son retour de Paris, Ben Siam a rédigé une série de 5 longs articles ayant le même titre : «Le voyage de Ben Siam», qu’il a publiés à partir du 15 juin 1852 dans le journal Al-Moubachir.
Consignant ses remarques à chaque étape de son voyage, Ben Siam a ainsi présenté et imagé son itinéraire d’Alger à Paris, dans un style littéraire à but informatif et descriptif. Sans le savoir peut-être, Slimane Ben Siam était le premier «reporter» algérien.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux autres algériens ont suivi les traces de Ben Siam en écrivant dans les deux principales publications officielles contrôlées par les autorités coloniales, Al-Moubachir et l’Akhbar. Ces noms peu connus sont Mohamed Saïd Ali Chérif, Ahmed Al-Badaoui, Ahmed Benlefgoun, Aboulkacem Al-Hafanaoui, Mohamed ben Mostefa Khodja et Ben Cherchali. Considérés par les autorités coloniales comme des «indigènes soumis pas tout à fait assimilés», ces plumes étaient en réalité une sorte de courroie de transmission entre la France coloniale et le peuple algérien, lequel demandait l’égalité des droits et la restitution de ses biens et terres confisqués.
Ces lettrés assumaient également un rôle éminent, celui d’éveilleur des consciences car, imprégnés aussi bien des valeurs arabo-musulmanes que des valeurs européennes, ils ont contribué à l’introduction de la «modernité politique et sociale» dans l’Algérie colonisée de la fin du XIXe siècle.
Le flambeau fut repris par une nouvelle génération plus revendicative. Celle d’Omar Racim, d’Omar Ben Kaddour et de l’émir Khaled. Le premier, célèbre miniaturiste et nationaliste de la première heure, lança dès 1908 le journal Al-Djazaïr, Al-Hak en 1911, et enfin Dou El-Fikar en 1912. La tendance de Racim est alors claire ; les titres de ces journaux suffisent à la classer dans le courant nationaliste, à une époque où les revendications anticolonialistes s’étaient quelque peu estompées.
D’ailleurs, le pseudonyme de Racim est à lui seul un manifeste. En effet, il signait souvent ses articles sous la plume «Al-Djazaïri», l’Algérien, ce qui sous-entendait qu’il y avait une nation algérienne avec ses spécificités étrangères à celles des Français.
A la même période, Omar Ben Kaddour édita son mensuel en langue arabe Al-Farouk, entre 1913 et 1915, puis entre 1920-1921. Quant à l’émir Khaled, il lança en 1919 l’Ikdam, devenu l’Islam, puis Rachidi, avant de cesser de paraître en 1925.
Le petit-fils de l’émir Abdelkader utilisa d’ailleurs ces journaux pour faire valoir les revendications algériennes au lendemain de la Première Guerre mondiale.
Avec l’émergence des partis nationalistes algériens, la presse devint un puissant vecteur pour la diffusion des idées de chaque mouvement, peu importe la langue utilisée. Que la presse soit en arabe ou en français, l’essentiel résidait dans la portée du message véhiculé et son impact sur les populations.
Ainsi, chaque tendance du Mouvement national algérien eut sa presse, son porte-drapeau. Ainsi, l’Etoile nord-africaine de Messali Hadj disposa d’un organe de presse créé en 1933, le journal El-Ouma (la Nation), dont le premier responsable était Ibrahim Abou Al-Yaqdhane. Le Parti du peuple algérien lança en 1936 un journal saisi dès son premier numéro, le Peuple.
Quant à l’Association des oulémas musulmans, deux organes constituèrent ses porte-voix : Ech-Chihab, dirigé dès 1926 par cheikh Ben Badis, puis Al-Baçaïr, sous la direction de cheikh Bachir Ibrahimi – ce dernier cessera de paraître en 1956.
Les élus musulmans et les amis du Dr Bendjelloul s’adossèrent sur l’Entente franco-musulmane, un journal qui favorisait le rapprochement entre les musulmans «indigènes» et les Français. Le Parti communiste algérien disposa, pour sa part, de Liberté, tandis qu’Alger Républicain, proche des idéaux communistes, créé en 1938, fut interdit par les autorités coloniales en 1955.
Après la Seconde Guerre mondiale, la presse nationaliste algérienne connut une seconde naissance avec la création d’Algérie Libre, l’organe officiel du MTLD de Messali Hadj, de la République Algérienne, voix de l’UDMA de Ferhat Abbas, ainsi que la reprise d’Al-Baçaïr, de l’Association des oulémas, et d’Alger Républicain, proche du PCA. Des plumes, qui devinrent plus tard l’élite de la révolution algérienne puis de l’Algérie indépendante, marquèrent ces années charnières : Salah Louanchi, Moufdi Zakaria, Hocine Lahouel, Ferhat Abbas, Ahmed Boumendjel, Bachir Ibrahimi, Tawfik Madani, Abdelhamid Benzine et Kateb Yacine ; autant de militants et d’intellectuels qui, par leur talent de journaliste, de romancier, ou par leur profession de foi politique en faveur de l’Algérie éternelle, contribuèrent à l’émergence d’une conscience nationale et assirent les bases d’une noble mission, celle d’informer sans s’égarer ou égarer le peuple de l’objectif suprême : que vive l’Algérie.
M’hamed Khodja


Pourquoi les états généraux de la presse écrite

L’avenir de la presse écrite en danger de… mort

Vingt ans après la naissance de la presse écrite dite indépendante, les patrons de la presse écrite privée refusent ou font semblant d’ignorer tout débat sur l’avenir de la profession aux syndicats et aux collectifs de journalistes, pourtant les premiers concernés, depuis de nombreuses années.
Pour justifier leur attitude, ils présentent la perte de lectorat, la baisse dans la diffusion et la chute de la publicité comme un argument principal. Pourtant, les Etats généraux de la presse écrite devront permettre d’associer dans une grande réunion les patrons, les éditeurs et les représentants de journalistes pour décider de l’avenir d’une presse écrite en perte de vitesse et de réfléchir ensemble sur la meilleure manière d’y faire face. Aujourd’hui, la presse écrite est présente avec plus de 70 journaux tous titres confondus entre arabophones et francophones. Elle emploie actuellement environ quelque 2 000 journalistes, lesquels pour la majorité possèdent un statut professionnel qui frise souvent le ridicule. A l’exception des journalistes qui ont pu arracher, par le passé, quelques «droits sociaux», la majorité vit dans une misère intellectuelle et morale indescriptible. Beaucoup ne sont pas déclarés à la sécurité sociale et ne perçoivent pas de salaires décents. Certains patrons payent des salaires de «survie» aux antipodes des bénéfices qu’ils engrangent annuellement. Cette situation perdure depuis des années. Tous les patrons semblent s’en accommoder même.

C’est le triomphe de la financiarisation de la presse

Car entre éditeurs de presse, on partage les mêmes ambitions ! Obtenir toujours plus. Plus d’aides et plus de pub, réviser les lois qui, à les entendre, entravent le bon fonctionnement de leurs entreprises respectives. C’est le triomphe de la financiarisation de la presse et une grave défaite pour la démocratie naissante. Le marketing est plus important que la rigueur et la vérification de l’information, sa qualité et sa mise en perspective. Cette politique porte un coup sévère à l’information et à la crédibilité des journalistes. Ils sont, d’ailleurs, les premières victimes de la proximité de leurs patrons vis-à-vis des annonceurs ou des hommes du pouvoir. Or, les Etats généraux doivent avant tout redonner de la crédibilité à l’information, redéfinir la place et le statut du journaliste, favoriser une compréhension entre les différents partenaires (éditeurs, journalistes et diffuseurs) et cela sans remettre en cause leurs politiques éditoriales. La tenue des Etats généraux vise à sortir définitivement des règles issues de la libération et du pluralisme d’idées pour mieux rentabiliser cette multiplicité de titres. Presse d’information ou d’opinion ? Information choisie ou imposée ? Opinions sincères ou mensongères ? La presse écrite doit se définir d’une façon claire et nette. Et si cette profession est sacrifiée, c’est la démocratie arrachée au prix du sang qui va en souffrir. Les articles et photographies notamment, œuvres de journalistes, sont déjà soumis à des «retouches» plus ou moins «importantes», pouvant aller jusqu’à leur dénaturation complète, sans l’accord de l’auteur. Ce ne sont pas des chartes qui vont rendre sa crédibilité à l’information, mais la possibilité donnée aux journalistes de se libérer des pressions des puissances d’argent. Et là un travail titanesque attend les patrons de presse et les pouvoirs publics. Il n’y a pas que les patrons… Il est à craindre que les journalistes soient, en grande partie, responsables de la situation. Ces derniers n’ont pas vraiment milité pour que soit mieux garantie la qualité de l’information.

Le triomphe de la presse arabophone

La détérioration de la presse francophone-en témoigne la baisse de tirage de la majorité des quotidiens par rapport aux journaux arabophones- est un autre argument à mettre en relief pour attirer l’attention des éditeurs de la presse francophone sur le danger qui guette le secteur. La disparition de la presse francophone du paysage médiatique peut devenir une réalité difficile à digérer si l’on ne prend pas garde dès maintenant. Aujourd’hui, les trois plus grands tirages sont des titres appartenant à la presse arabophone. A eux seuls ils tirent près de deux millions d’exemplaires, c’est-à-dire plus que la majorité des titres francophones réunis. Et la tendance continue en défaveur de cette presse francophone qui n’a pas su ou voulu se «remettre en cause». A-t-elle encore un avenir devant elle ? Mis à part quelques-uns qui tirent leur épingle du jeu, la majorité des titres francophones peinent à sortir la tête de l’eau. Certains quotidiens ont capté a eux seuls une part du lectorat et une part de la manne publicitaire. Et menacent-ils les autres à long terme ? Les pouvoirs publics sont eux aussi montrés du doigt parce qu’ils sont en partie responsables de cette situation désastreuse. Ils n’ont jamais réussi à réguler ce secteur, laissant le soin aux lobbys de définir qui est «éligible» ou qui ne l’est pas. Sur un autre plan, l’anarchie régnante, pour ne pas dire la mafia de la distribution qui active dans la diffusion, laisse perplexe. Les pouvoirs publics semblent se soucier peu de cette situation.
Mahmoud Tadjer


Les premiers journaux indépendants ont reçu des aides indirectes de l’état

D’où provient l’argent de la presse écrite aujourd’hui ?

Si le financement des journaux, indépendants et privés, était plus ou moins clair à l’avènement de la presse écrite indépendante, au début des années 1990, qu’en est-il aujourd’hui ? Notre presse dite indépendante, si, aujourd’hui, elle ne reste pas moins soutenue financièrement par rapport aux premières années de sa création, ses ressources demeurent toutefois occultes. Au début, l’aide de l’Etat à la presse fut apportée dans une totale transparence, notamment pour ce qui est des aides indirectes : exonérations d’impôts, accès aux locaux de la maison de la presse, transport, communications… et même des lignes de crédits pour certains titres. A l’époque, tous les journaux, ou presque, ont été aidés de la même façon, quel que soit le taux de pagination consacré à la publicité. Les premiers titres de la presse indépendante ont été créés essentiellement par les journalistes qui travaillaient dans les journaux publics. Ils étaient indirectement aidés par le gouvernement de Mouloud Hamrouche (1989-1991), lequel avait décidé de leur débloquer deux ans de leur salaire.
Ce sont les différentes aides de l’Etat qui ont permis la naissance de cette presse : «Le Fonds de promotion de la presse écrite et audiovisuelle» a dégagé la somme de 400 millions de dinars (loi de finances de 1991), alimentant ainsi la presse gouvernementale, mais aussi la presse indépendante. Par ailleurs, le marché publicitaire reste la source essentielle de revenus de la presse écrite privée. Mais là également, l’Etat contrôle 85 % du marché publicitaire. Les entreprises publiques n’ont pas le droit d’acheter directement des espaces publicitaires, elles doivent en référer à l’ANEP (agence étatique qui a le monopole de la pub en provenance des entreprises publiques). Nés dans la douleur, en 1989, des centaines de journaux ont accompagné cette période exceptionnelle de l’histoire de l’Algérie. A peine une année plus tard, le tirage de la presse «indépendante et privée» dépasse de loin le tirage de la presse gouvernementale. On recensait déjà plus de 80 titres : 19 quotidiens avec une diffusion de 606 820 exemplaires par jour, 38 hebdomadaires avec une diffusion de 565 à 610 exemplaires par semaine, 32 périodiques avec 254 100 exemplaires par mois. La presse écrite dite privée est arrivée vers 1992. Elle n’a pas reçu des aides directes de l’Etat, elle était financée par des bailleurs de fonds privés. A l’époque, le droit constitutionnel permet à n’importe quel citoyen de publier un journal. Il suffit de déposer une simple déclaration (30 jours avant la publication du premier numéro). Le récépissé est délivré par les services du procureur de la République (article 14 de la loi de 1990 sur la presse : n’importe quel citoyen, ou parti politique peut créer un journal, un mois après avoir déposé un dossier auprès du procureur de la République). Mais, en dépit de toutes les contraintes, les titres de la presse écrite foisonnent toujours dans le paysage médiatique. Aujourd’hui, il y a 67 quotidiens avec 2 millions d’exemplaires. «C’est une chose formidable», disent des spécialistes, tant la presse «dite indépendante» est devenue incontournable dans la vie des Algériens. Toutefois, on se pose toujours des questions sur leur source de financement. Si la «pression» des grands annonceurs, des opérateurs économiques de la téléphonie et de l’automobile, notamment, se fait plus que jamais sentir, il n’en demeure pas moins qu’il y a beaucoup de journaux financés par «des forces occultes». D’où les questionnements des spécialistes : à qui appartiennent certains journaux aujourd’hui ? Ces journaux apportent-ils réellement quelque chose de positif ? Pour parer à toute carence, les spécia-listes préconisent indirectement de recourir à la politique de Hamrouche. Autrement dit, ils demandent à ce que l’aide de l’Etat soit apportée dans une totale transparence et qu’il s’agisse surtout d’aide indirecte.
Farid Abdeladim


 

Enseignant à l’école de journalisme, auteur de nombreux ouvrages sur la presse algérienne, Brahim Brahimi répond à nos questions

«Le soutien financier de l’Etat pourrait garantir l’indépendance des journaux privés»

Entretien réalisé par Nordine Mzalla

Le Jeune Indépendant : Voilà plus de vingt ans que la circulaire Hamrouche a mis fin au monopole du secteur public sur la presse écrite. Quel bilan faites-vous ?

Brahim Brahimi : J’ai lu ces derniers jours quelques commentaires à propos d’un débat qui aurait eu entre certains journalistes dont des directeurs de publication dans une librairie appartenant à l’un d’eux. Contrairement à certaines de leurs interventions rapportées, moi, je dis que le bilan de notre presse écrite est plutôt positif. Je m’explique. Avant 1985, nous n’avions à peine que quatre quotidiens rejoints par El Massa et Horizons, soit six journaux dont quatre en arabe et deux en français. Des journaux où les professionnels ont signifié avant Octobre 1988 le besoin d’une nouvelle loi sur l’information pour plus de liberté d’expression. Ainsi, en mai 1988 se forme le premier syndicat autonome des journalistes, le MJA, qui s’appelait au départ Mouvement de coordination des journalistes. Une déclaration est rendue publique sous forme de résolutions pour une coordination interorganes. C’était révolutionnaire parce qu’auparavant les revendications se limitaient au volet social, à savoir les salaires ou le logement. Cette nouvelle structure annonçait de sérieux indices de l’avènement d’une presse libre. On a su ensuite qu’il y avait au sein du pouvoir des réformateurs tels Hamrouche ou Khediri, l’ex-ministre de l’Intérieur, qui plaidaient en faveur d’une ouverture du champ médiatique.
Si bien que, très vite, se fait ressentir la nécessité d’un nouveau texte de loi, le premier datant de 1982 pour une loi restrictive dans le cadre du parti unique. On arrive donc à la loi du 05 juillet 1989 mais celle-ci soulèvera un tollé parce qu’elle interdisait l’usage d’une langue étrangère. La Ligue des droits de l’homme et le MJA, entre autres, ont demandé une deuxième lecture devant le Parlement.
Un argument de taille fut avancé par les animateurs de la protestation : la loi autorisait les partis politiques à publier en langue étrangère, pourquoi alors ce deux poids, deux mesures ? Le front contestataire a gain de cause et, en mars 1990, on obtient la bonne loi revue par les députés. Il faut savoir que le pouvoir a installé une commission technique composée de trois juristes, Moncef Bellounis, Mohamed Brahimi et Ahmed Laghaba, et j’ai été, pour ma part, sollicité pour faire partie de cette commission en tant qu’homme de la profession détenteur aussi d’une riche documentation sur la question. Il y avait, bien entendu, d’autres membres dans cette équipe de réflexion regroupant le chef de cabinet du ministère de l’Information, Mohamed Louber, le représentant des élus des journalistes et le MJA qui ont mené un travail collégial entre février et avril 1989. Cela conduit à une grande réunion au ministère regroupant cette fois plus de 300 journalistes. La loi a été votée le 19 mars 1990 et promulguée le 9 avril de la même année.
Il faut donc comprendre que la circulaire Hamrouche a été signée entre le 19 mars et la promulgation de la loi, ce qui signifie que Hamrouche anticipe, tout en restant sûr de la légalité imminente du contenu de sa circulaire. «Les journalistes peuvent commencer l’aventure intellectuelle» déclare-t-il dans le texte de sa circulaire. Apparaissent alors les premiers journaux du secteur privé, votre journal le Jeune Indépendant en mars 1990 mais comme hebdomadaire et le Soir d’Algérie comme quotidien, premiers journaux de la presse libre. Depuis c’est une foison de 76 quotidiens dont 34 en français. Donc une place partagée par rapport à la langue d’écriture quoique le tirage des journaux arabophones soit devenu bien supérieur. Il y a des journaux d’une très grande qualité même parmi ceux à faible tirage. Moi j’aurais aimé qu’il y ait plus de quotidiens régionaux là où les spécificités culturelles sont encore bien marquées. Je trouve donc le bilan bien positif compte tenu du long souffle de cette jeune presse privée, même si à peine 10 journaux sur 76 sont assez autonomes et essaient de rester loin du pouvoir de l’argent et du pouvoir politique.

Justement on oppose souvent la formule «presse privée» à celle de «presse indépendante»…

Dans les pays libres, la presse publique est un non-sens. Chez nous, en raison de notre fragilité, on pourrait à la rigueur conserver un journal gouvernemental dans les deux langues, l’un en arabe et l’autre en français, pour défendre la politique du gouvernement. D’ailleurs, dans le monde entier, les journaux partisans sont en chute libre. Au Maroc, par exemple, la plupart des 21 quotidiens (500 000 exemplaires/ jour) sont des organes de partis politiques et vivent une véritable crise parce que peu lus. Nous, en Algérie, nous avons heureusement fait le bon choix : une presse avant tout d’information générale. Une fois cet affranchissement de l’activité partisane consacré, reste alors à se prémunir de toute interférence. Il faut aussi distinguer deux catégories de presse. Celle gérée par des professionnels, des journalistes devenus directeurs de publication. C’est celle-là qui, je pense, devrait théoriquement être qualifiée de privée et d’indépendante. L’autre, celle des patrons, serait alors désignée comme presse privée.

Le soutien de l’Etat dans le financement d’un journal par la publicité ou le crédit signifie-t-il forcément l’aliénation politique du titre ? Que penser alors du soutien des opérateurs économiques privés, voire étrangers ?

Pas du tout ! D’abord, il faut quand même faire la différence entre le soutien de l’Etat et celui du gouvernement. Le pouvoir dans notre pays a raté le coche parce que justement il n’a pas voulu introduire un chapitre que notre commission avait proposé. Il s’agit d’un dispositif suggéré en matière d’aide indirecte comme soutien de l’Etat à la presse privée. On a suggéré 50 % de dégrèvement fiscal en plus d’une aide en matière de transport et de communication. Cela en prenant compte qu’un journal demeure une entreprise culturelle. Cet accompagnement des journaux, en leur évitant des surcharges, aurait pu mieux les protéger des milieux des affaires ou des chapelles politiques. Mais il semble que Hamrouche et ses proches ne voulaient pas aller si loin en donnant trop d’autonomie aux journaux. Pensant peut-être rester aux commandes ad vitæmeternam, leur négligence se retourne contre eux puisqu’ils ne peuvent pas à présent s’exprimer à leur guise dans les colonnes des journaux. Depuis, la tendance au niveau des pouvoirs publics n’est pas qu’au soutien mais aussi dans le blocage administratif. En fait, une rupture doit se faire avec la notion de service public pour une autre notion plus adaptée aux exigences de la mondialisation, à savoir l’intérêt général. On doit donc opter pour plus de transparence dans le financement des journaux pour libérer la presse des différentes influences en faisant respecter, par exemple, l’obligation de publier chaque jour le nombre correspondant au tirage de la veille, comme la loi le stipule. Aujourd’hui, le journaliste n’a plus peur du policier, du juge ou du terroriste mais de son rédacteur en chef. Il ne faut pas, par exemple, toucher à certains sujets qui vexeraient des opérateurs de la téléphonie, des concessionnaires autos… Donc, les directeurs de publication, qui prétendent s’affranchir des chantages de l’Etat, peuvent se voir guider par des opérateurs privés nationaux ou étrangers. Une page de publicité couleur rapportent jusqu’à 400 000 DA/jour à certains quotidiens. Du coup, on revient au publireportage sans épaisseur ou autres subterfuges même si l’on constate un réel effort sur les pages culturelles ou économiques. Se pose aussi le problème du statut du journaliste, son salaire, ses conditions de travail… Les journaux publics ont cette fois donné l’exemple : une convention interne, devenue collective, a été signée dans un journal du secteur public avec revalorisation des salaires, des primes diverses, des plans de carrière… Certes, d’autres journaux ont amélioré les rémunérations mais cela se fait sans texte. Moi, je plaide pour une convention collective nationale comme lutte des années à venir. Beaucoup de membres du MJA sont devenus des patrons qui ont oublié leurs revendications. La précarité chez le journaliste ne peut pas garantir un bon journalisme. Le SNJA, l’AJA et l’actuel SNJ, qui n’a pas tenu de congrès depuis novembre 1999 et en devient illégitime, n’ont pas encore réussi à s’imposer comme vraiment représentatifs. Je préconise personnellement une confédération indépendante de l’UGTA, mais capable de représenter les 4 000 journalistes de la presse algérienne. Il faudrait, par exemple, revenir à une commission de la carte de journaliste qui soit composée exclusivement de journalistes et d’éditeurs sans le truchement de membres issus des pouvoirs publics.

Pensez-vous que la presse francophone a encore de l’avenir dans notre pays ?

La presse francophone a encore de l’avenir parce qu’elle fait un travail de journalisme sérieux et crédible. Nous sommes, malgré l’arabisation, le deuxième pays francophone au monde. Le bilinguisme va s’imposer de nouveau, par-delà l’idéologie. La clientèle francophone reste fidèle et attachée à l’éthique. Il y a aussi ce pont avec les pays de la région, le français aussi comme outil de communication dans la mondialisation. Mais comme disait Malek Bennabi, notre presse est trop «boulitique». Il faudra songer à revoir cela.
M. Z.


La presse depuis l’ouverture du champ médiatique

Un acquis au parcours difficile

A. Mouhou

Presque vingt ans après l’ouverture du champ d’expression écrite au privé, la scène médiatique nationale peut se targuer d’avoir plus de 70 titres de journaux arabophones et francophones. Ils sont précisément 76 titres jouissant aujourd’hui d’une liberté de ton assez «osée». Une liberté héritée d’un parcours et d’une histoire où l’encre s’était beaucoup mêlée au sang des journalistes. En effet, les journalistes et autres intellectuels, hommes et femmes, ont été les principales cibles des hordes assassines dès le début du terrorisme en Algérie au début des années 1990. Selon des informations recoupées, 57 journalistes ont été assassinés et 5 autres ont disparu entre 1993 et 1996. La décennie «rouge et noire» battait son plein et les «plumards» se retrouvaient pris entre deux feux. D’une part, les groupes terroristes islamistes, les GIA en tête, chassaient les journalistes comme des oiseaux. D’autre part, le pouvoir politique imposait de ne publier des «informations sécuritaires» qu’après accord des autorités. Ayant pris conscience de cette situation, les journalistes ont tenté, dès la deuxième moitié des années 1990, plusieurs entreprises d’affranchissement de toutes ces tutelles. Seul le Syndicat national des journalistes verra le jour en juin 1998. Les professionnels des médias croyaient avoir trouvé le cadre idéal de défense de leurs intérêts matériels et moraux. Il n’en sera rien, puisque ce syndicat a été et continue encore d’être la cible d’attaque et de critiques de la part des journalistes eux-mêmes. De plus, les autorités se montraient de plus en plus excédées par le «langage» trop libre à leur goût adopté par certains journaux à l’encontre, notamment, d’institutions étatiques importantes. Vint alors le code pénal adopté par l’APN en 2001 qui, dans son article 144 bis, prévoit des peines de 2 à 12 mois d’emprisonnement et des amendes de 50 000 à 250 000 DA à l’encontre notamment des journalistes. En plus, finis la décennie du terrorisme et avec elle le capital sympathie engrangé par la corporation auprès des citoyens grâce au travail et surtout au lourd tribut payé durant cette période, la presse nationale se rend compte qu’elle «ne sait pas faire du journalisme». «Nous nous sommes rendus compte que nous ne savons pas écrire sur autre chose que le terrorisme», a reconnu récemment le directeur de Liberté, Abrous Outoudert, lors d’une rencontre consacrée à la presse.
De ce fait, une nouvelle problématique est venue se greffer aux nombreux problèmes de la presse nationale aujourd’hui. Il s’agit du difficile accès à l’information si ce n’est carrément sa rétention. Une situation qui a engendré un autre problème, à savoir la remise en cause par les lecteurs de la crédibilité et de la véracité des informations publiées. En effet, les bruits de couloir, les discussions de salon et autres confidences intimes deviennent, concurrence oblige, des scoops et des exclusivités publiés en Une. En outre, une nouvelle forme de pression sur la presse privée a vu le jour ces dernières années : la pression «économique» exercée par les annonceurs.
Consolons-nous, enfin, en reconnaissant que notre presse n’est que le reflet de toutes les facettes de la vie nationale. A l’image du pays, la presse nationale ne finit pas, aujourd’hui encore, de traverser sa période de transition vers une plus grande ouverture et une plus grande liberté d’analyse et d’information et non seulement de ton. Une condition sine qua non pour l’édification d’une vraie démocratie en Algérie. A. Mouhou


débat malsain et diatribes

La presse qui dévie

De nous jours, il devient anormal, voire répugnant pour certains que des journalistes n’épousent pas le même idéal ou ne partagent pas les mêmes convictions en ce qui concerne la démarche à suivre pour traiter telle ou telle information avec objectivité, loin de toute polémique.
Un débat malsain s’installe depuis quelque temps entre des titres soi-disant à fort tirage et d’autres à faible tirage, ces derniers étant appelés, selon les premiers cités, à disparaître parce que objet de chantage de la part du pouvoir. Cette nouvelle forme d’attaque de cette presse qui, faut-il le reconnaître, est devenue «performante» et «indépendante» grâce à ses moyens d’impression et de diffusion, deux piliers importants dans la profession, ne la dédouane pas de beaucoup de reproches sur sa gestion quotidienne de l’information servie à ses lecteurs. Le journaliste, qui est considéré comme créateur, est utilisé au gré des vents par certains «patrons» à des fins pas toujours avouées, pour servir tel ou tel intérêt ou clan afin de régler des comptes par presse interposée. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’on voit ces attaques, sans discontinuer depuis quelque temps, de ces «patrons» contre d’autres patrons accusés à tort d’être dirigés dans leur ligne éditoriale à partir d’un endroit appelé «Ben Aknoun». Cette démarche ou ces attaques ciblées ne reposent sur aucun fondement du moment – et nous sommes fiers de le dire, que nous ne voyons aucun inconvénient à ce que s’agissant de traiter de dossiers sensibles comme le terrorisme, il n’y a pas de meilleures sources crédibles et objectives qui défendent la sécurité nationale comme les services. La décennie noire nous a appris, en temps que citoyens et non pas en qualité de journalistes, que la patrie, sur le fil du rasoir, n’a dû son salut qu’aux sacrifices de ces services. Cette presse à «fort tirage», avec des moyens colossaux, aidée par l’Etat à son lancement, s est mise à attaquer, sans mettre de gants, l’autre presse fragile en «moyens» mais riche en «convictions», pour la voir disparaître du champ médiatique. Ils nous est reproché – «nous» parce que nous nous sentons visés par ces attaques – d’être gâtés par la publicité institutionnelle à travers l’Anep. Il n’y a pas longtemps, cette agence publicitaire étatique a privé le Jeune Indépendant de quatre années d’insertions publicitaires, mais nous n’avons jamais crié au loup ou accusé telle ou telle partie d’être à l’origine de cette situation. Notre seul souci était de continuer à paraître pour que la scène médiatique ne soit pas victime ou otage d’un seul son de cloche. Nous avons tenu et la presse à «petit tirage» n’a pas été orpheline. Ne dit-on pas que la disparition d’un journal est une perte pour la liberté d’expression ? Pendant cette période, aucune forme de solidarité ne nous a été témoignée par ces soi-disant défenseurs de la corporation. Pis, nous avons été l’objet de sabotages économiques commandés par des boîtes de communication, commandées par des étrangers, eux-mêmes commandés par leurs services à partir d’officines installées ici. A part un ou deux annonceurs, qu’on citera avec plaisir et avec, au passage, des remerciements, «Djezzy et Nedjma», aucun autre ayant toujours pignon sur rue n’a regardé dans notre direction. Et c’est alors que les dettes du journal ont commencé à s’accumuler sans possibilité de s’en acquitter. Aujourd’hui, des journaux «respectables», profitant d’une lettre adressée au Premier ministre par le syndicat d’une imprimerie étatique, s’acharnent sur nous avec une rare violence. Certains passages relevés dans ces canards parlent de «journaux mauvais payeurs» et de «titres de presse obséquieux». D’autres posent la question de savoir «pourquoi, en l’espèce, l’Etat défendrait-il de mauvais payeurs contre les intérêts d’entreprises d’Etat». Le plus grave, c’est qu’on nous accuse de «fermer les yeux sur les excès du pouvoir en contrepartie de l’effacement des dettes». Navrant de tomber aussi bas ! Dans ce pays, à travers sa presse, celui qui positive est traité de traître et celui qui prend ses ordres chez les services tricolores ou les pervers sexuels de l’Oncle Sam a tous les honneurs avec, cerise sur le gâteau, l’exclusivité de l’info et toute la part de publicité privée étrangère. Pourquoi la question reste-t-elle posée ? Parce que, tout simplement, ces sources et ces annonceurs obéissent à une feuille de route. «Opter tous pour ceux qui tire sur leur pays.» En un mot, tout ce qui est négatif. Aujourd’hui, la presse est malade de ses hommes. Dire détenir la solution maintenant serait mentir tant le mal est profond. Le jour où les nouveaux patrons voraces comprendront leur erreur de s’être attaqué gratuitement et sans raison valable à des confrères, l’éthique, la déontologie et le respect mutuel reprendront leur place.
A. Alouache


 

Azzedine Mihoubi dans une déclaration à l’agence MENA

La presse reflète la stabilité du pays

Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a appelé à la révision de plusieurs textes de loi dont le code de l’information, en concertation avec les gens de la profession, en vue d’une meilleure adaptation de la presse algérienne aux nouvelles mutations.
C’est ce qu’a souligné le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, M. Azzedine Mihoubi, dans un entretien à l’agence MENA publié samedi dernier, et rapporté par l’APS.
En effet, M. Mihoubi a déclaré qu’un «nombre important de titres en Algérie reflète la stabilité du pays».
Il a encore précisé que sur les 80 titres traduisant les vues et visions des classes sociales, six sont gouvernementaux et le reste relève du secteur privé. Il a indiqué à cet effet, que le gouvernement envisage la révision de plusieurs textes de loi dont le code de l’information. A une question sur les informations erronées diffusées par certains médias arabes et étrangers sur la situation en Algérie, M. Mihoubi a affirmé que « l’Algérie a beaucoup souffert des dépassements de certains médias, devenant une matière médiatique centrée sur l’aspect sécuritaire sans tenir compte de la résistance du peuple algérien face au terrorisme qui tentait de diviser et de déstabiliser la société algérienne».
«Au lendemain des événements du 11 septembre, le monde a réalisé que la situation en Algérie était autre que celle présentée par certains médias», a-t-il ajouté.
Il a tenu à rappeler «la volonté du président Bouteflika de mettre en place un agenda pour sortir l’Algérie de sa crise sécuritaire à travers la loi de la concorde civile et la charte pour la paix et la réconciliation nationale, tout en lui redonnant la place qui est sienne aux plans arabe, africain et international». Concernant la sensibilité qui caractérise les rencontres entre les sélections algérienne et égyptienne de football , M. Mihoubi a refusé d’imputer la responsabilité aux médias, affirmant que les liens existant entre les deux pays sont plus importants et plus profonds que des matchs et des compétitions sportives.
Le Centre culturel algérien du Caire, créé dans les années 1960, sera une vraie fenêtre ouverte sur la culture algérienne ainsi que sur les productions artistique et littéraire algériennes, a souligné M.Mihoubi.
En réponse à une question sur l’engagement des Etats arabes au document de retransmission satellitaire rendu public en février 2008 pour la préservation de l’identité et de la culture arabes, M. Mihoubi a indiqué que plusieurs chaînes satellitaires «ne respectent pas cette charte, mais l’important réside dans la mise au point d’un tel document et l’engagement n’est plus qu’une question de temps».
M. Mihoubi a insisté enfin sur la nécessité d’améliorer l’image du monde arabe à l’étranger par la promotion du dialogue arabe interne autour des questions liées à la société.
Mohammed ZerroukiLe président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a appelé à la révision de plusieurs textes de loi dont le code de l’information, en concertation avec les gens de la profession, en vue d’une meilleure adaptation de la presse algérienne aux nouvelles mutations.
C’est ce qu’a souligné le secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre chargé de la Communication, M. Azzedine Mihoubi, dans un entretien à l’agence MENA publié samedi dernier, et rapporté par l’APS.
En effet, M. Mihoubi a déclaré qu’un «nombre important de titres en Algérie reflète la stabilité du pays».
Il a encore précisé que sur les 80 titres traduisant les vues et visions des classes sociales, six sont gouvernementaux et le reste relève du secteur privé. Il a indiqué à cet effet, que le gouvernement envisage la révision de plusieurs textes de loi dont le code de l’information. A une question sur les informations erronées diffusées par certains médias arabes et étrangers sur la situation en Algérie, M. Mihoubi a affirmé que « l’Algérie a beaucoup souffert des dépassements de certains médias, devenant une matière médiatique centrée sur l’aspect sécuritaire sans tenir compte de la résistance du peuple algérien face au terrorisme qui tentait de diviser et de déstabiliser la société algérienne».
«Au lendemain des événements du 11 septembre, le monde a réalisé que la situation en Algérie était autre que celle présentée par certains médias», a-t-il ajouté.
Il a tenu à rappeler «la volonté du président Bouteflika de mettre en place un agenda pour sortir l’Algérie de sa crise sécuritaire à travers la loi de la concorde civile et la charte pour la paix et la réconciliation nationale, tout en lui redonnant la place qui est sienne aux plans arabe, africain et international». Concernant la sensibilité qui caractérise les rencontres entre les sélections algérienne et égyptienne de football , M. Mihoubi a refusé d’imputer la responsabilité aux médias, affirmant que les liens existant entre les deux pays sont plus importants et plus profonds que des matchs et des compétitions sportives.
Le Centre culturel algérien du Caire, créé dans les années 1960, sera une vraie fenêtre ouverte sur la culture algérienne ainsi que sur les productions artistique et littéraire algériennes, a souligné M.Mihoubi.
En réponse à une question sur l’engagement des Etats arabes au document de retransmission satellitaire rendu public en février 2008 pour la préservation de l’identité et de la culture arabes, M. Mihoubi a indiqué que plusieurs chaînes satellitaires «ne respectent pas cette charte, mais l’important réside dans la mise au point d’un tel document et l’engagement n’est plus qu’une question de temps».
M. Mihoubi a insisté enfin sur la nécessité d’améliorer l’image du monde arabe à l’étranger par la promotion du dialogue arabe interne autour des questions liées à la société.
Mohammed Zerrouki


Dérives de lobbys entêtés

Faux hommes de gauche ou vrais Rastignac ?

L’heure est aux cartels. Le «médiatique» d’entre eux n’est cependant pas le moins dangereux. Au point que, se rappelant les scandales de Khalifa Bank et des bons de caisse anonymes, beaucoup traceraient difficilement une frontière entre celui de Medellin et notre lobby médiatique.

Le souvenir de son implication dans un clan au détriment d’un autre témoigne du danger, à son zénith en 2004, de troquer sa mission de donner notamment des informations politiques contre celle de faire de la politique.
Surtout que, depuis l’avènement de la Constitution de février 1989, les partis politiques sont là précisément pour jouer ce rôle. En tout cas le bide fut tel que plus personne ne compte, désormais, sur le soutien d’une presse qui représente peu l’opinion des classes populaires. De son vivant, Abderrahmane Mahmoudi, à qui on doit l’expression de «cartel médiatique», avait fait état des objectifs de ses animateurs et dénoncé ses dérapages. Sans qu’aucun nouveau riche eut, à l’époque, à faire les Darius de peur que le polémiste des Débats et du Jour d’Algérie ne le réduise à l’Escobar de triste mémoire.
Quelque part, dans les Possédés, Dostoïevski fait dire au personnage de Stépan Trophimovitch des mots à même de rappeler à l’ordre à gauche et de mettre en garde à droite : «J’ai observé que tous ces socialistes enragés et ces communistes sont en même temps des êtres avares et ont des âmes d’acquéreurs, de propriétaires, si bien que plus ils sont socialistes, plus ils se montrent avides.» Jugement sans appel d’un Trophimovitch, au demeurant homme de sciences, dont le fils est un activiste qui donne l’impression de servir la société pour, en réalité, mieux s’en servir. Sans foi ni loi même quand il s’agit du revenu de son propre père. Le cas de Pétroucha, le fils qui, pour s’enrichir, n’hésite pas à écraser père et organisation révolutionnaire, préfigurait plus d’un siècle plus tôt l’avènement de nos nouveaux vampires. Trois ou quatre dragons de presse qui n’admettent pas que d’autres titres que les leurs aient droit à la moindre page de publicité. «Les p’tits journaux», se gaussent-ils de confrères qui, du produit de leurs ventes et des recettes publicitaires, créent pourtant de l’emploi et prennent part au débat. Sur les questions culturelles et de société comme sur les grands choix économiques du pays.
Chacun suivant une ligne bien à lui. Et sa propre philosophie. Pourquoi donc cette attitude gloutonne du tout pour soi et rien, absolument rien pour les autres ? «P’tits journaux», s’obstinent-ils à soutenir au motif que les titres de l’autre bord politique ne tirent pas autant que ceux de la presse polissonne. Mais combien tire-t-elle cette dernière ? Et pour quel impact politique ? C’est se couvrir de ridicule que de se prendre pour un grand quand son tirage n’atteint même pas les 100 000 exemplaires/jour. Or c’est le cas, y compris pour le plus fort des titres d’expression française. Fini donc l’époque où certains comme le Matin tiraient à plus de 200 000 exemplaires/jour trois mois seulement après leur naissance. Début des années 1990 quand le premier-né en langue arabe de la presse indépendante (ou privée ?), El-Khabar, ne vendait pas plus de 5 000 exemplaires/jour. Que s’est-il passé pour que, dix ans plus tard, les tirages de tous les journaux francophones n’atteignent pas un total de 500 000 exemplaires pendant que Chourouk, l’un des derniers-nés de la presse arabophone, tire à lui seul plus de 800 000 exemplaires par jour ? Tout un débat si les partisans de l’éternité pour soi et la mort pour tous avaient accordé autant d’importance aux lecteurs qu’aux annonceurs. Ceux-là mêmes qui n’hésitaient pas à gratifier l’enfant du plus important client de quelques présents. Comme, par exemple, une petite bagnole en contrepartie d’un flux ininterrompu de pages de pub. Une blague ? En tout cas, le secteur nous en apprend de bien bonnes… Bientôt vingt ans depuis l’atterrissage à la maison de la Presse des premiers collectifs bénéficiaires des avantages de la circulaire Hamrouche : locaux, voitures, avantages fiscaux, lignes de crédit, accès aux imprimeries et deux années et demie de salaires pour chacun des candidats à l’aventure. Quelle aventure ! Surtout après avoir, deux années durant, crié très fort son refus de l’unitarisme éditorial. Refuser la censure et dénoncer des conditions socialement inacceptables d’exercice de la profession.
C’était l’époque où, sous la houlette du MJA, à la grève de signatures succédait la grève d’écriture. Et à la grève tout court toutes sortes d’action frontale jusqu’au jour où, face à face avec les forces de l’ordre, des dizaines de journalistes apprirent la décision gouvernementale d’ouvrir le paysage médiatique. Le MJA devait entamer le cycle de négociations avec des représentants des ministères du Travail et de l’Information.
Sommairement, peut-être, sur les notions de service public et du libre exercice de la profession, mais assez sérieusement sur les questions de primes de rendement collectif et individuel, comme celles de documentation ou du service permanent, des primes, dont la plus «gonflée» d’entre elles dépassait à peine les 200 DA. 200 DA ?
Une trotte depuis que les nouveaux dragons ont perdu jusqu’au souvenir d’avoir été de simples employés se battant qui avec son bréviaire de trotskiste qui avec le masque de pagsiste. Ou élément de l’aile gauche du parti du front. Faux hommes de gauche ou vrais Rastignac ?
Peut-être les deux dans un métier qui, dit-on, mène à tout. Y compris aux pavillons de Sèvres ou de Boulogne Billancourt à bord de 4×4 et non plus de Lada rouge.
Une nature dont Dostoïevski a dévoilé les contours il y a plus d’un siècle. Le rêve d’une presse indépendante a vécu. M. F.


Statut et dépénalisation du délit de presse

Le métier de journaliste n’est pas simple, le délit de presse doit être dépénalisé

Confronté à la pénalisation du délit de presse et à différentes formes de pression qui limitent le champ d’expression, le journaliste reste cependant préoccupé par la qualité de son travail. Par conséquent, il est appelé à s’améliorer en passant par différentes phases dans sa professionnalisation.
A quelques jours de la rentrée sociale, les entreprises doivent s’attendre à une importante demande d’emploi. Les nouveaux diplômés arrivent sur le marché du travail, mais les entreprises de presse ne sont pas disposées à les accueillir tous. D’après un sondage mené par la Fédération nationale des journalistes algériens (FNJA, nouvelle organisation récemment lancée par l’UGTA), 85 % des journalistes affirment que la formation universitaire est insuffisante. Ce sondage réalisé auprès de 122 journalistes rappelle une réalité renvoyant avant tout à la qualité de l’enseignement universitaire, mais aussi à la nécessité d’assurer au sein même des entreprises de presse des cycles de formation, des séminaires et des colloques sur le métier. La professionnalisation des métiers de la presse passe également par l’instauration de normes particulières. Considéré comme un créateur, le journaliste ne peut avoir un statut de simple salarié. D’autant que tout au long de sa carrière, il est appelé à évoluer et s’adapter progressivement aux techniques et aux technologies de l’information. Il s’agira de reconnaître non pas son diplôme, mais ses compétences en matière de techniques rédactionnelles, de dissociation de l’information du commentaire, etc. Encore faut-il que le journaliste puisse sortir d’une situation sociale souvent précaire, définir de nouvelles relations de travail et aboutir à la dépénalisation du délit de presse.
D’après les données du ministère de l’Information et de la Culture (année 2005), le secteur de la communication compte 119 titres, soit 43 quotidiens, 60 hebdomadaires, 17 mensuels et 6 bimensuels. Ces chiffres, revus à la hausse, dénotent l’avancée considérable depuis l’instauration de la loi sur l’information du 3 avril 1990. Certes, les professionnels de l’information et de la communication ont le loisir de créer des titres – assujettis cependant à un agrément – mais ils exercent leur métier dans un contexte politique très controversé, marqué essentiellement par le terrorisme et la campagne électorale des présidentielles du 8 avril 2004.
Aussi, le secteur de l’audiovisuel demeure-t-il verrouillé et son ouverture à l’investissement privé n’est pas à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Il n’empêche les quotidiens d’assurer un tirage à 1,4 million d’exemplaires. El-Khabar, El-Watan, le Quotidien d’Oran et Liberté sont en tête des tirages, alors que les autres titres ne dépassent pas, chacun, les 20 000 exemplaires.
Pour l’heure, le code de l’information n’est pas au menu de la réforme et le statut de journaliste n’apporte aucune amélioration à sa condition de travail.
Mohamed Rediane