Obama amnistie les tortionnaires de la CIA

Washington a publié jeudi quatre mémos de la CIA

Obama révèle les pratiques de la torture sous l’ère Bush

El Watan, 18 avril 2009

Après le scandale d’Abou Ghraïb en 2003, l’Administration de l’ancien président américain George W. Bush est éclaboussée encore une fois par une autre affaire aussi grave : la pratique systématique de toutes les formes de la torture par la CIA sur des prisonniers à Guantanamo et ailleurs.

L’agence de renseignement américaine (CIA) a, en violation des conventions internationales, usé et abusé des pratiques graves et humiliantes contre des détenus. La première puissance internationale qui se dit garante des droits de l’homme dans le monde a, en réalité, autorisé leur violation au mépris des lois.

En effet, le nouveau président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama, lève le voile sur les dépassements condamnables commis par la CIA sous la présidence de son prédécesseur, George W. Bush. Le contenu des quatre mémos secrets de la CIA rendus publics, jeudi dernier, par l’Administration Obama inspire la répugnance. Datant de 2002 et 2005, ces mémos énumèrent une dizaine de méthodes utilisées par des agents de ladite agence pour obliger les terroristes présumés à parler et à donner des informations. Un véritable « mode d’emploi » de la torture. « Privation de sommeil », « simulation de noyade », « frappes insultantes au visage et au ventre », « utilisation d’insectes », « utilisation de la nudité » et « manipulation diététique »…les agents de la CIA ont reçu l’ordre de faire usage de la torture à outrance. Les documents publiés par Washington confirment ainsi le contenu des rapports du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a dénoncé, en 2007, les traitements « cruels, inhumains et dégradants » que Bush et ses acolytes infligeaient aux détenus islamistes.

« Les tortionnaires ne seront pas jugés »

Il ne fait plus de doute, les notes publiées, jeudi dernier, confirment que l’ordre de recourir à la torture émanant des dirigeants de la sulfureuse agence de renseignement américaine a eu lieu sous la présidence de George Walker Bush. Rédigé par des avocats mandatés par l’Administration Bush ce « manuel » de la torture fait fi de la légalité. Pour briser les mécanismes de défense des présumés terroristes, « la CIA préconisait de les priver de sommeil, puis de les déshabiller, de les enchaîner et enfin de les humilier en leur enfilant des couches-culottes ». Une autre méthode proposée par l’agence consistait, selon toujours les mêmes documents, à ne rien leur donner à manger de solide. « La direction était pleinement consciente que cela altérait leur hygiène alimentaire, mais tel était le but », explique-t-on encore. Les récalcitrants, qui refusent de dévoiler « leurs plans », subissent encore d’autres formes de sévices. Les agents avaient le choix entre « la frappe insultante au visage », la « frappe au ventre », ou plus déstabilisant : garder un suspect menotté, le priver de sommeil et le placer tout près d’un faux mur, qui s’affaissait chaque fois que l’homme exténué tentait de s’appuyer dessus. « Ces techniques ne sont pas toutes utilisées en même temps », précise un mémo. S’étant engagé, durant la campagne à la présidentielle américaine, à faire la lumière sur ces pratiques, Barack Obama semble vouloir tourner rapidement la page. Tout en interdisant formellement le recours à de telles techniques, le président démocrate affirme que les agents qui les ont utilisées ne seront pas poursuivis en justice. « Ils n’ont fait que leur devoir, en se basant avec bonne foi sur les conseils légaux du département de la justice », dit-il.

Les partisans de Bush dénoncent

Les noms des agents qui figurent sur les documents ont été, d’ailleurs, soigneusement effacés avant leur publication. Mais cette décision n’est pas du goût des ONG. « Pas question d’exonérer tout le monde de ces responsabilités », lancent l’Association de défense des libertés civiles (ACLU), le Centre des droits constitutionnels (CCR) et Amnesty International. « Ces mémos fournissent la preuve irréfutable que des responsables de l’Administration Bush ont autorisé et donné leur bénédiction légale à des actes de torture qui violent les lois internationales et nationales », affirme l’ACLU. En revanche, le clan Bush se lève contre la publication desdits mémos. Deux hauts responsables sous l’Administration Bush l’ont dénoncé. « La publication de ces notes n’était pas nécessaire en termes de droit et n’est pas saine en termes de politique », estiment l’ancien directeur de la CIA, le général Michael Hayden, et l’ancien ministre de la Justice, Michael Musakey. Selon eux, avec la révélation de ces techniques, « les terroristes sont assurés d’être informés des limites absolues à l’intérieur desquelles les Etats-Unis agissent pour obtenir des informations ». « Ils peuvent donc adapter leur entraînement et affaiblir l’efficacité de ces techniques », disent-ils, expliquant que Obama « s’est, en autorisant ses révélations, non seulement lié les mains mais aussi celles de la future Administration, qui serait face à une attaque ».

Par Madjid Makedhi


Bush les a autorisés à pratiquer la torture

Obama amnistie les tortionnaires de la CIA

Par : Merzak Tigrine, Liberté, 18 avril 2009

Cédant aux pressions d’associations américaines de défense des droits de l’Homme, Obama a autorisé la publication de notes gouvernementales émises sous la présidence de George Bush permettant les interrogatoires musclés de prisonniers soupçonnés de terrorisme détenus sur la base militaire de Guantanamo, à Cuba, ou à l’étranger, dans des prisons secrètes de la CIA, mais met les tortionnaires à l’abri des poursuites.

Le président des États-Unis n’a pas eu le courage d’aller jusqu’au bout de son entreprise visant à mettre à nu les pratiques autorisées par l’Administration Bush en matière de torture dans les prisons secrètes de la CIA.
Il s’est limité à approuver la publication de notes gouvernementales émises sous la présidence de George Bush qui autorisaient les interrogatoires, assimilés par les analystes à de la torture, dont particulièrement la pratique du “waterboarding” qui consiste à simuler la noyade et d’autres méthodes. “En rendant publiques ces notes, nous avons l’intention de faire en sorte que ceux qui ont accompli leur tâche en se basant de bonne foi sur un avis légal du département de la Justice ne fassent pas l’objet de poursuites”, a indiqué un communiqué du bureau de Barack Obama. En d’autres termes, il garantit l’immunité aux tortionnaires de la CIA qui, selon la même source, “servent courageusement sur le front d’un monde dangereux. Nous devons protéger leur identité avec la vigilance qu’ils mettent à protéger notre sécurité et nous devons leur donner l’assurance qu’ils peuvent faire leur travail”.
Quatre mémos secrets de l’agence de renseignement américaine, détaillant minutieusement les techniques d’interrogatoire relevant de la torture utilisées pendant l’ère de George W. Bush ont été publiés conformément à ce qu’avait promis l’administration. Certains courts passages mentionnant des noms ont été censurés. Les mémos datant de 2002 et de 2005 constituent un mode d’emploi détaillé d’une dizaine de techniques
“de base” et “coercitives” pour faire parler des terroristes présumés.
Il est ainsi expliqué comment est torturé un prisonnier. Il est d’abord mis nu, privé de sommeil, enchaîné et parfois doté d’une couche-culotte, précisent les textes rédigés par des avocats mandatés par l’Administration Bush. Il subit aussi une “altération de son hygiène alimentaire”, souvent une alimentation exclusivement liquide. Viennent ensuite les méthodes dites “correctrices” où il y a “interaction” avec le détenu. “Ces techniques ne sont pas toutes utilisées en même temps.” Selon un “interrogatoire prototype”, on peut utiliser “la frappe insultante au visage”, “la frappe au ventre”, la privation de sommeil les mains menottées, parfois appuyé contre un faux mur souple qui s’affaisse lorsque le détenu tente de s’y reposer. Celui qui interroge peut également utiliser “les positions de stress”, le confinement en compagnie d’insectes hostiles et enfin la simulation de noyade. Le locataire du bureau ovale a souligné que cette décision de mettre les agents de la CIA impliqués dans ces opérations de torture ne l’empêchait pas de désapprouver les méthodes d’interrogatoire utilisées au nom de la “guerre contre le terrorisme” lancée par Bush.
Il se glorifiera néanmoins d’avoir mis un terme aux pratiques de la CIA en affirmant que “l’une de mes premières décisions en tant que président a été d’interdire le recours à ces techniques d’interrogatoire par les États-Unis parce qu’elles sapent notre autorité morale et ne renforcent pas notre sécurité”. Le patron de la Maison-Blanche a reconnu toutefois que les États-Unis avaient traversé “un chapitre noir et douloureux” de leur histoire. Suite à cela, l’ACLU, mais aussi le CCR (Center for Constitutional Rights) et Amnesty International ont contesté l’absence de poursuites. “Ces mémos fournissent la preuve irréfutable que des responsables de l’Administration Bush ont autorisé et donné leur bénédiction légale à des actes de torture qui violent les lois internationales et nationales”, a estimé Anthony Romero, le directeur exécutif de l’ACLU.

Merzak Tigrine