Lutte contre le terrorisme: Les Etats-Unis satisfaits de l’Algérie

RAPPORT SUR LE TERRORISME DANS LE MONDE EN 2004

Les Etats-Unis satisfaits de l’Algérie

Le Quotidien d’Oran, 30 avril 2005

Le dernier «rapport sur le terrorisme dans le monde» vient d’être publié (le 27 avril 2005) par le département d’Etat US.

Il porte sur la situation et le danger terroriste dans une centaine de pays et accorde un satisfecit à l’Algérie, à l’instar d’autres pays de la région, pour avoir continué à offrir «sa forte collaboration aux efforts américains en matière de contre-terrorisme et a démontré son support à la lutte globale contre la terreur».

Sur le plan interne, le rapport considère que «l’Algérie a fait d’impressionnants gains dans sa lutte contre le GSPC et les GIA». Il est fait référence à l’élimination de Nabil Sahraoui, l’ex-émir du GSPC, en juin 2004, à la récupération, en octobre de la même année, de Amari Saïfi, dit Abderrezak El-Para, «chef d’une faction du GSPC responsable du kidnapping de 32 touristes européens», et à l’arrestation de 400 éléments du GSPC et du GIA, dont l’un de ses responsables, Noureddine Boudiaf, dans une banlieue algéroise. Pour ce qui concerne El-Para, le rapport du département d’Etat précise que l’arrestation a eu lieu grâce à un groupe de «rebelles tchadiens» du «Mouvement pour la démocratie et la justice», avec les coopérations algérienne, libyenne, tchadienne et «l’assistance diplomatique et militaire des Etats-Unis». Citant les autorités algériennes, le rapport fait état de l’existence de 800 terroristes encore en activité, sur «les 28.000 qui existaient au milieu des années 90», appartenant essentiellement au GSPC et, dans une moindre mesure, au GIA. En ce qui concerne la jonction entre le GSPC et l’organisation de Ben Laden, le rapport du département d’Etat US affirme que le «nouveau chef» de cette organisation «a annoncé son affiliation à Al-Qaïda, mais il n’existe aucune preuve d’une assistance ou de directives émanant du chef d’Al-Qaïda», tient-on à préciser en page 4 du document.

Sur le même registre, la seule source du rapport sont les «comptes-rendus de presse (algérienne)» qui font la liaison entre des «membres du GSPC en Europe et au Moyen-Orient» avec Al-Qaïda. Selon le rapport, les «financements et des supports logistiques» du GSPC proviennent d’«expatriés algériens et de membres du GSPC à l’étranger, dont beaucoup résident en Europe de l’Ouest», mais également des «activités criminelles» du groupe.

Dans le domaine de la coopération algérienne dans la lutte contre le terrorisme, le rapport fait référence à l’organisation, le 12 octobre dernier, d’une conférence africaine sur la lutte contre le terrorisme, «présidée par Abdelaziz Bouteflika», et «la création d’un Centre de l’Union africaine pour l’étude et la recherche sur le terrorisme». Dans le volet financier de la lutte contre le terrorisme, «l’Algérie a élaboré une législation criminalisant le blanchiment d’argent» et créé une «unité de renseignement financier».

Sur une liste de 82 «organisations terroristes» dressée par le rapport 2004 sur le terrorisme dans le monde, 40 proviennent du monde arabe et musulman, dont 23 figurent parmi les 41 groupes considérés comme les plus dangereux.

Bien entendu, les principaux mouvements de résistance palestiniens (Hamas, Al-Jihad, Martyrs d’Al-Aqsa et le Front populaire pour la libération de la Palestine, FPLP) ainsi que le Hezbollah libanais figurent toujours sur la liste des organisations «terroristes» du département d’Etat US. Dans la région du Maghreb, le rapport retient le GIA et le GSPC en Algérie, la Jamaa combattante tunisienne, le Groupe islamique combattant marocain et le Groupe islamique combattant libyen. Cependant, le principal ennemi pour les Etats-Unis reste Al-Qaïda et ses ramifications dans le monde et en particulier en Irak avec l’organisation «menée par Abou Moussab al-Zarqawi, (appelée) Al-Qaïda du Djihad dans le pays des Deux Fleuves».

Par ailleurs, six pays figurent parmi les «Etats sponsors du terrorisme». Outre la Corée du Nord, Cuba, l’Iran, le Soudan et la Syrie, les Etats-Unis considèrent toujours la Libye comme un parrain du «terrorisme international», et ce malgré le dégel dans les relations entre les deux pays après que la Jamahiria eut accepté de coopérer avec l’administration Bush, notamment sur la question du démantèlement de ses «armes de destruction massive» et dans le domaine de la «lutte globale contre le terrorisme» chère au président américain. Il est particulièrement reproché à la Libye d’avoir défendu les «attaques des insurgés contre les forces de la coalition en Irak».

Pour le cas de l’Iran, les principaux reproches de l’administration américaine concernent le soutien iranien aux mouvements de résistance palestiniens et au Hezbollah libanais.

Depuis le 20 octobre 2004, «l’Irak a cessé d’être désigné comme un Etat soutenant le terrorisme», ajoute le rapport, qui considère les actions militaires particulièrement meurtrières menées par les forces américaines et leurs alliées à Falluja comme une «contribution à la sécurité de l’Irak» contre les «groupes terroristes» qui y sont implantés. «L’Irak a été le théâtre d’actes généralisés de terrorisme et de violence de la part de djihadistes étrangers, d’éléments de l’ancien régime et d’islamistes extrémistes», affirme-t-on.

Toujours dans le dossier irakien, le département de Mme Rice estime que «l’Arabie Saoudite, la Jordanie et le Koweït ont pris des mesures vigoureuses en vue de prévenir l’infiltration en Irak de terroristes et d’insurgés à partir de leur territoire». On peut constater également que les USA n’accusent plus la Syrie, puisque le rapport estime que ce pays «a pris quelques mesures également pour intercepter des djihadistes étrangers qui cherchaient à s’introduire en Irak, mais ces efforts n’ont que partiellement abouti».

De manière générale, le document considère que «le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord continuent d’être la région névralgique entre toutes dans la lutte mondiale contre le terrorisme».

Enfin, le rapport du département d’Etat US considère que la lutte contre le terrorisme doit s’accompagner d’une «guerre des idées afin d’éviter la propagation de l’idéologie d’Al-Qaïda et la croissance de l’extrémisme» à travers, notamment, la réforme des programmes scolaires. En outre, le document estime qu’«à long terme, la propagation de la démocratie et des réformes économiques et sociales, soutenue et encouragée par les Etats-Unis et d’autres pays, devrait promouvoir l’instauration de conditions politiques, économiques et sociales peu propices à l’exploitation terroriste».

Mohamed Mehdi