Medelci à Washington: Une victoire des islamistes n’est pas un évènement

Medelci à Washington: Une victoire des islamistes n’est pas un évènement

par S.C: Synthèse, Le Quotidien d’Oran, 15 janvier 2012

Invité, en marge de sa visite à Washington, à une conférence-débat par le «Think tank américain Center for Strategic and International Studies (CSIS)», Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères a répondu à une question de John Hopkins, professeur de l’université, relative à l’hypothèse d’une victoire des islamistes aux prochaines élections législatives, que : «les partis islamiques étaient déjà présents dans la vie politique de l’Algérie et qu’une telle éventualité ne constituerait pas un événement».

Lors de cette rencontre consacrée à l’Algérie et aux transformations politiques en cours en Afrique du Nord et en présence de membres de ce centre de réflexion, de représentants du département d’Etat, d’universitaires américains, de représentants d’organisations non gouvernementales américaines et de la presse internationale, le chef de la diplomatie a souligné que «l’islamisme est déjà une réalité en Algérie et que les partis de cette obédience sont présents au parlement depuis une vingtaine d’années ainsi qu’au gouvernement depuis plus d’une décennie, contrairement aux organisations politiques islamiques qui sont sorties victorieuses des récentes élections parlementaires dans des pays de la région, et qui étaient, dans un passé récent, interdites et non reconnues dans ces mêmes pays et étaient privées de toute action politique».

A la question d’un autre participant qui demandait au ministre si l’Armée algérienne interviendrait pour interrompre le processus, en cas d’une victoire de ces partis, M. Medelci a expliqué que «l’armée algérienne est une armée républicaine qui respecte les règles du jeu de la Constitution algérienne». Néanmoins, il a rappelé que «la loi sur la réconciliation nationale, instaurée suite à la tragédie nationale, créée par le terrorisme, a tracé une ligne rouge qui a été prise en compte par la nouvelle loi sur les partis qui interdit le retour de toute personne responsable de l’exploitation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale, de fonder un parti politique ou de participer à sa création».

Le ministre a également abordé plusieurs autres questions relatives à la vision de l’Algérie vis-à-vis des bouleversements politiques qu’ont connus plusieurs pays arabes, la question syrienne, les relations entre l’Algérie et le Maroc ainsi que les réformes économiques. Dans ce contexte, le ministre a fait une rétrospective politique et économique sur l’Algérie avant de souligner que «les nouvelles réformes engagées sont consacrées par six lois organiques, promulguées jeudi, et dont il a donné un bref aperçu, et la prochaine révision de la Constitution, prévue pour le 2ème semestre 2012.

L’Algérie s’est tracée trois objectifs fondamentaux : le renforcement du champ démocratique, l’amélioration de l’environnement économique pour stimuler l’investissement local et étranger et la diversification de l’économie». A une question relative à la contribution que pourrait apporter l’Algérie à la Libye, pour y rétablir durablement la paix, M. Medelci a souligné qu’avec ce pays, «l’Algérie ambitionne de construire le Maghreb où un nouveau système politique est en train de se mettre en place. Si la coopération ne sera pas de nature financière étant donné que la Libye est un pays riche, elle peut être très importante sur le plan politique». Tout en considérant que les événements connus par ce pays sont un véritable séisme, le chef de la diplomatie a estimé que «cela ne va pas être sans conséquence à l’avenir et que la réconciliation entre les Libyens était impérative». Au sujet des relations algéro-marocaines, M. Medeci a répondu que «les relations sont quasi-normalisées et que les deux pays veulent avoir des relations normales et, pourquoi pas, privilégiées dans le futur». Concernant la situation sécuritaire dans la région, le ministre a considéré que «la sécurité était fondamentale car tous les pays ne peuvent rien faire s’ils n’arrivent pas à lutter contre le terrorisme». Toutefois, il a précisé à ce propos, que «d’autres aspects dangereux tels que le trafic de drogue et celui des armes alimentent également l’insécurité». S’agissant du dossier syrien et la mission des observateurs de la Ligue arabe, qui peut être perçue comme une forme d’ingérence, le ministre a expliqué que «la situation dans ce pays arabe était telle qu’une médiation était nécessaire étant donné qu’il était de la responsabilité de la Ligue arabe, dont la Syrie est membre fondateur, d’entreprendre le rôle de médiateur pour éviter, justement, l’ingérence».