Nucléaire iranien : Les Américains cherchent des soutiens à Alger

Nucléaire iranien : Les Américains cherchent des soutiens à Alger

par Mohamed Mehdi, Le Quotidien d’Oran, 28 novembre 2007

« Les Etats-Unis et l’Algérie partagent la même vision sur le dossier du nucléaire iranien. Les deux pays considèrent que l’Iran doit honorer ses engagements envers l’AIEA et l’ONU». C’est en substance ce qu’a voulu transmettre Greg Schulte, représentant étasunien permanent au sein de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), aux journalistes lors d’un point de presse organisé hier à l’ambassade US à Alger, à la suite de ses discussions avec le SG du ministère des Affaires étrangères et du ministre de l’Energie, Chakib Khelil. Comme il fallait s’y attendre, le dossier iranien a pris les trois quarts des questions/réponses de la brève conférence de presse de M. Schulte. Les USA cherchent en l’Algérie, et en d’autres pays, un soutien dans leur démarche visant à convaincre l’Iran de « suspendre l’enrichissement de l’uranium » et de «coopérer pleinement avec l’AIEA». «Pleinement» signifie que l’Iran doit montrer patte blanche et soumettre ses installations et l’ensemble de son projet nucléaire au contrôle de la « communauté internationale» à travers l’Agence présidée par le Dr Al-Baradei.

M. Schulte a insisté sur la nécessité d’une « solution diplomatique » avec l’Iran. « Mais pour cela, il faut travailler ensemble (appel adressé à l’Algérie notamment, ndlr) pour transmettre le même message à l’Iran. A savoir, de coopérer avec l’AIEA et de respecter ses obligations au titre du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) ». En échange de cette « coopération », l’Iran reçoit des garanties que ses droits à l’énergie nucléaire seront respectés. Dans le cas contraire, « l’Iran devra faire face à d’autres sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU ».

Pour le moment, ce qui est reproché à l’Iran est au stade des présomptions. La « communauté internationale » (entendre par là les USA et l’Union européenne) soupçonne l’Iran de vouloir aller au-delà de la partie civile d’un programme nucléaire. « A quoi sert d’enrichir de l’uranium lorsqu’on n’a pas de réacteur nucléaire à faire fonctionner avec ce combustible », affirme le représentant américain à l’AIEA en guise de «preuve» que le programme iranien cache des «intentions très graves». Et de rajouter: « Après 4 années d’inspections, Al-Baradei n’a pas pu certifier que le programme nucléaire iranien est uniquement civil ». Cela peut vouloir dire aussi que l’AIEA n’a pas pu prouver que le programme nucléaire iranien comporte une partie militaire. Et si demain l’Iran venait à se retirer du TNP et de faire comme Israël qui n’a jamais voulu adhérer au traité ? « La situation serait très dangereuse », répond immédiatement M. Schulte. « Ça va choquer les pays (du Golfe, ndlr) de la région, et ça va donner des idées à d’autres pays de se retirer du TNP », ajoute-t-il, tout en s’abstenant d’identifier les pays en question. Mais lorsqu’on insiste sur le cas d’Israël, qui lui possède réellement des centaines de têtes nucléaires et un programme nucléaire militaire, Greg Schulte se contente de dire que «la vision des Etats-Unis, c’est de voir un Moyen-Orient (MO) sans arme nucléaire» et que la rencontre d’Annapolis (l’Algérie y est représentée par M. Medelci) « est un espoir d’arriver à la paix dans cette région». Le seul pays dans le MO qui possède l’arme nucléaire, c’est Israël, et le seul pays à qui on demande des preuves de bonnes intentions pour la paix, c’est l’Iran. Et cela malgré le fait que les Etats-Unis avouent, par la voix de M. Schulte, qu’ils ne pensent pas que l’Iran possède la bombe nucléaire ni qu’il serait en phase de l’assembler. A propos de l’Algérie, Greg Schulte a juste affirmé que l’Algérie est favorable pour adhérer au protocole additionnel du TNP qui, rappelle-t-il, « a déjà été négocié en 2004 et approuvé par le directoire de l’Agence ».