Les travailleurs de Sonatrach à Hassi R’mel menacent de radicaliser leur mouvement

En grève de la faim depuis mardi

Les travailleurs de Sonatrach à Hassi R’mel menacent de radicaliser leur mouvement

Le Temps d’Algérie, 05-03-2011

Les travailleurs de Sonatrach à Hassi R’mel ne comptent pas lâcher prise. Depuis mardi, le boycott des repas et du transport offerts par l’entreprise est maintenu. La direction régionale du groupe pétrolier a été saisie par une demande sur laquelle sont portées les revendications des protestataires, notamment la concrétisation des promesses d’augmentations salariales exprimées en 2008.

Contactés par nos soins, des employés exprimaient, hier, «leur ras-le-bol» et «leur désarroi» face à des conditions de travail jugées «intenables». «Le ministre de l’Energie et des mines qui était en visite dans notre zone d’activité n’a montré aucun respect aux protestataires. Il aurait pu déléguer un représentant pour nous écouter et prendre connaissance de nos revendications. C’est indigne et inacceptable de la part de responsables de Sonatrach et du ministère.

C’est pour cette raison que nous avons décidé de maintenir notre grève de la faim et les sit-in devant le siège de la direction régionale. Nous n’allons pas nous taire et nous sommes prêts à radicaliser le mouvement», a affirmé un travailleur ayant 35 ans d’expérience dans le Sud et chargé de la maintenance.

Les protestataires ont opté pour le moment pour le boycott des repas distribués par la compagnie et le transport assurés aux personnels et des sit-in quotidiens au niveau de la direction régionale. D’autres actions de contestation seront décidées aujourd’hui à l’occasion d’une assemblée générale, a tenu à ajouter notre source qui a requis l’anonymat.

Un syndicat «corrompu»

Les travailleurs de la base de Hassi R’mel ont déclenché ce mouvement de protestation sans compter sur les membres du syndicat d’entreprise «non reconnu et dont le secrétaire général (M. Laamouri) a été suspendu pour incompétence et corruption». Le syndicat en question est affilié à l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), mais n’a «ni légitimité ni représentativité», relève notre source, saluant au passage «le courage des travailleurs et leur détermination à arracher leurs droits sans compter sur le syndicat».

Ils sont au mois 1400 travailleurs «solidaires et engagés à poursuivre la protestation jusqu’à la satisfaction totale des revendications». Ils ont tenu une assemblée générale il y a quelques jours, où 5 représentants ont été désignés pour parler au nom des contestataires. Parmi les points soulevés, on peut citer les augmentations salariales, la révision des montants des primes de risques et de nuisance, ainsi que l’amélioration des conditions de travail. «J’ai plus de 20 ans d’expérience et un diplôme de technicien.

Mon salaire est de 35 000 dinars. Avec ce revenu, je ne peux pas vivre décemment, alors que je suis employé chez la plus grande entreprise algérienne. Les cadres dirigeants qui ont bénéficié d’un statut particulier sont payés 400 000 dinars par mois. C’est de l’injustice et un mépris total envers des travailleurs qui ont eu des promesses de révision de salaires depuis plus de trois ans.

Nous n’allons pas nous taire cette fois-ci et nous sommes prêts à arrêter la production», a confié un travailleur persuadé que l’ensemble du personnel de Sonatrach est concerné. Ce qui va aboutir, selon lui, à une grève inévitable qui paralysera toutes les unités et administrations du groupe. «Nous manquons de pièces de rechange et de matériel. Nous travaillons dans des conditions déplorables. La direction doit accepter l’ouverture d’un dialogue pour éviter des dérapages», a soutenu notre source.

Pas un mot de la DG de Sonatrach

Du côté de la direction générale de Sonatrach, nos tentatives de faire réagir le chargé de la communication n’ont pas pu aboutir. Malgré notre insistance, M. Ghezal ne décroche pas. Quant à la Fédération nationale des travailleurs des industries pétrolières, gazières et chimiques (FNTPGC), son secrétaire général Mohamed El Bachir Ben Azzouz se trouve actuellement en mission à l’étranger.

Il a affirmé avoir pris connaissance de ce mouvement de protestation par le biais des journaux algériens et nous suggère de contacter la section locale de l’UGTA se trouvant au chef-lieu de la wilaya de Laghouat.

Par Farouk Belhabib