La protesta reprend

La protesta reprend

El Watan, 22 juin 2008

La Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique est déterminée à terminer l’année « en beauté ». Une action de protestation est ainsi prévue lundi 23 juin pour, affirme M. Mérabet, l’un des représentants de la coordination, « ne pas terminer l’année en queue de poisson ».

« C’est une action ultime de fin d’année pour montrer notre détermination à la prochaine rentrée sociale », dit-il lors d’une conférence tenue hier à Alger. Les membres de la Coordination des syndicats autonomes ont décidé de faire un sit-in devant le siège de la chefferie du gouvernement lundi à 11h. « Nous portons le drapeau des politiques et des associations qui ne font pas leur travail », regrette M. Mérabet, représentant du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp).

De nombreux syndicats prendront part à cette action de protestation dont le Syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), le Syndicat des praticiens de la santé (Snpsp), le Syndicat national de l’administration publique (Snapap) ainsi que le Conseil des lycées d’Algérie.

Il est à rappeler que l’année 2008 a été rythmée par des grèves cycliques de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, parfois muselées par des décisions de justice. La révision de la grille des salaires n’a pas été du goût des syndicats autonomes. « Ces augmentations de salaires ont été absorbées par l’inflation avant qu’elles n’entrent dans les poches des fonctionnaires », estime M. Mériane, président du Snapest.

Pour M. Mérabet, le bilan de l’année est négatif dans la mesure où toutes les revendications n’ont pas été prises en compte par les pouvoirs publics. « Nous ne sommes pas encore reconnus en tant que syndicats ayant le droit d’être consultés. Ils considèrent que nous n’avons pas droit à la parole », déplore-t-il. Pour M. Mériane, représentant du Syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), le bilan est plutôt positif dans la mesure où tous les mouvements de protestation ont été suivis par les fonctionnaires. La prochaine rentrée sociale s’annonce délicate.

Par Amel B.


Grève illimitée des manutentionnaires

La cimenterie ACC de M’sila paralysée

Les 207 manutentionnaires et nettoyeurs de la cimenterie ACC de M’sila, entrés en grève depuis le 17 juin, sont déterminés à poursuivre leur mouvement jusqu’à la satisfaction de leurs revendications qui sont de nature socioprofessionnelle.

Les représentants des travailleurs ont fait part aux différentes instances, à travers une plateforme de revendications, dont une copie a été remise à el watan, de la non-disponibilité de l’employeur à prendre en charge les revendications de cette catégorie de travailleurs qui s’articulent autour des salaires, des indemnités du service permanent et de l’expérience professionnelle, des primes de panier et de transport, du paiement des heures supplémentaires, de la récupération des journées fériées, la remise à terme échu des fiches de paie…

Rappelons que l’employeur est une entreprise privée sous- traitante au niveau de l’ACC en matière de manutention et d’emballage, et vient à peine de remplacer une autre entreprise privée de manutention dont le contrat de sous- traitance est venu à terme. Ce mouvement de grève est venu contre toute attente exacerber la tension qui sévit sur le marché des matériaux de construction, et que ce mouvement des manutentionnaires, en paralysant la ligne de l’emballage et le chargement, a réduit à presque zéro la production de cette usine qui s’élève à 14 000 t/jour.

Au quatrième jour de la grève, la livraison ne s’opérait que pour le ciment vrac pour une quantité ne dépassant pas les 3000 t/jour. Autrement dit, durant les quatre jours de grève, pas moins de 44 000 tonnes n’ont pas été commercialisées, ce déficit de l’offre de ciment va alimenter la tension sur le marché des matériaux de construction, une véritable aubaine pour les spéculateurs.

Par S. Ghellab


800 travailleurs risquent de se retrouver à la rue

Les fonderies algériennes en crise

Les trois filiales du groupe Fondal sont à l’arrêt à cause de l’indisponibilité des matières premières de base nécessaires à leur activité. L’endettement de ce groupe public s’élève à 1200 milliards de dinars.

L’une après l’autre, les entités économiques héritées de l’époque de la révolution industrielle disparaissent. Sans que l’on fasse leur deuil. Sonipec, Sonitex, Districh et bien d’autres entreprises activant dans divers secteurs n’existent plus. Elles sont soit vendues soit simplement fermées. Aujourd’hui, les fonderies algériennes risquent, à leur tour, de mettre la clé sous le paillasson.

Les syndicalistes des filiales du groupe légendaire Fondal tirent le tocsin. Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, la coordination syndicale du groupe lance un appel de détresse, pour « sauver 800 familles qui vont se retrouver à la rue ». La lettre est un rapport détaillé sur la situation « désastreuse » dans laquelle se trouvent les fonderies algériennes. Il y a à la fois cherté de la matière première et indisponibilité de certains intrants indispensables pour le process de production. « L’absence de la fonte tout-venant (intrant stratégique) a provoqué un arrêt total de la production au niveau de plusieurs fonderies qui n’arrivent plus à honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs clients (…) », soulignent les syndicalistes dans leur missive. Cette situation a été engendrée, expliquent-ils, par la reprise des exportations de la « fonte tout-venant ».

Ce produit est devenu introuvable sur le marché national et lorsqu’il est disponible, il se vend cher, mentionnent-ils, précisant que cet intrant est passé de 13 DA/kg à 19 DA/kg. « Les déchets ferreux, d’habitude récupérés pour assurer la continuité de l’activité de ces filiales, sont actuellement exportés à l’étranger de manière informelle pour de modiques sommes », se plaint un syndicaliste. La coordination syndicale exprime clairement son inquiétude quant au devenir de ces entreprises et souligne le doute qui s’empare des travailleurs du groupe.

Autre raison qui inquiète les syndicalistes : les difficultés financières dont souffrent les différentes filiales du groupe. « Si cette situation persiste, ce sera la mort subite avec la fermeture des filiales qui emploient aujourd’hui 800 travailleurs », fait remarquer le coordinateur syndical Mohand Laddaoui qui indique que la dette du groupe s’élève à 1200 milliards de dinars. « Cette dette bancaire, précise-t-il, génère actuellement 120 milliards de dinars en intérêts. En outre, la banque prélève sur la recette des filiales 20% sur chaque encaissement, soit l’équivalent de 200 milliards de dinars dans le cadre d’une hypothétique réduction de l’endettement. » La coordination syndicale considère que cette disposition « pénalise » l’entreprise à tel point qu’elle est menacée de déclarer faillite.

« Nous devons débourser actuellement au profit de la banque l’équivalent de 320 milliards de dinars, soit 38% de notre chiffre d’affaires », indique encore la coordination, affirmant que l’activité des trois filiales que compte le groupe est « en nette progression que ce soit en production ou en chiffre d’affaires ». M. Laddaoui souligne que même le plan de charge progresse en raison de la forte demande. Mais le poids de l’endettement rend impossible tout investissement au sein du groupe à même de mettre à niveau certains outils de production de sorte à lui permettre de répondre à l’importante demande qu’il reçoit, explique ce syndicaliste.

Face à cette situation, la coordination syndicale interpelle M. Sidi Saïd afin qu’il intervienne pour sauver ce groupe d’une faillite certaine. Elle estime qu’il est urgent d’alerter les pouvoirs publics quant à ce qu’elle qualifie de « fléau » qui met en péril tout un tissu industriel en le privant de matières premières de base nécessaires à son activité. Elle dénonce par là-même « la fraude fiscale » faite par ceux qui agissent dans l’informel. La coordination prie, en outre, les autorités compétentes d’intervenir pour l’effacement des dettes du groupe pour qu’il puisse contracter des crédits nécessaires à la modernisation de ses équipements de production. « Nous vous demandons de nous aider afin de préserver les emplois des travailleurs, leurs outils de production et l’avenir de leurs familles », conclut la coordination syndicale.

Par Mokrane Ait Ouarabi