Les profs tiennent bon !

Grève des enseignants

Les profs tiennent bon !

El Watan, 21 février 2006

Les enseignants ont poursuivi, hier, leur mouvement de débrayage. Au deuxième jour de la grève lancée par la Coordination intersyndicale des travailleurs de l’éducation, la plupart des établissements scolaires à travers toutes les wilayas du pays n’ont pas dispensé de cours aux élèves qui n’ont pas pris, d’ailleurs, la peine de se rendre à l’école.

M. Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (SATEF), interpelle avec insistance les plus hautes autorités du pays pour instruire le ministre de l’Education d’abandonner la logique de la confrontation et emprunter la voie du dialogue sérieux et fructueux, seul moyen d’apaiser la situation tant la contestation risque de concerner, la prochaine fois, tout le secteur de la Fonction publique. Notre interlocuteur a dénoncé les procédés machiavéliques dont use le ministre de tutelle pour casser la volonté des travailleurs de l’éducation et les empêcher d’exprimer leur ras-le-bol quant aux conditions dramatiques dans lesquelles ils se débattent et de revendiquer une vie dans la dignité et un cadre de travail fait de respect et de sécurité pour le présent et le futur. Revenant sur le mouvement de grève et le taux de suivi avancé par la tutelle, M. Sadali a indiqué que la tutelle essuie, actuellement et pour la énième fois, un échec cinglant et les travailleurs refusent de céder sur le droit constitutionnel de recourir à la grève face à l’obstruction de toutes les voies de dialogue devant leurs représentants légitimes. « Le taux de participation à la grève de 24% annoncé par M. Benbouzid n’est qu’une autre vaine tentative de cacher le soleil avec un tamis, tant la grève a paralysé tout le secteur de l’éducation à travers tout le pays, comme l’ont relevé tous les observateurs de tous bords », a soutenu M. Sadali qui a tenu à exprimer sa fierté pour la cohésion et la combativité retrouvées au sein de la famille de l’éducation dans le sillage de la solidarité syndicale historique concrétisée grâce au cadre de l’intersyndicale de l’éducation.

Arbitrage

Pour sa part, M. Bekhouche, premier responsable du SETE (UGTA de Béjaïa), a indiqué que la grève a été massivement suivie, car ils veulent un changement radical de leur situation sociale très déplorable. Par ailleurs, la Fédération nationale des associations de parents d’élèves (FNAPE) sort de sa réserve et interpelle, à cet effet, les hauts responsables, plus particulièrement le premier magistrat du pays afin d’intervenir pour mettre un terme à cette situation chaotique qui porte inévitablement atteinte aux élèves. M. Dalalou, président de la FNAPE, adhère pleinement aux revendications des enseignants qu’il qualifie de légitimes. « Les enseignants doivent avoir une vie décente. Cela est incontestable. Les points relatifs à l’augmentation de salaires et au statut de l’enseignant sont posés depuis des années par les travailleurs de l’éducation. Pourquoi rien n’a été fait en dépit des mouvements de contestation enregistrés à cet effet ? », s’est interrogé M. Dalalou qui relèvera que des rencontres ont eu lieu par le passé entre les représentants de certains syndicats et le ministre de l’Education, mais qui n’ont abouti à aucun résultat positif. « Les grèves cycliques n’arrangent pas les choses et ce sont nos enfants qui sont pris en otage. En tant que président de la fédération, je défends et je protège en premier lieu les élèves et je suis persuadé que si les problèmes posés par les travailleurs de l’éducation sont pris définitivement en charge, le mouvement de contestation diminuera », a expliqué M. Dalalou qui trouve que les revendications des enseignants dépassent le stade du ministère de l’Education et c’est pour cette raison qu’il demande l’arbitrage du président de la République qui est en mesure de prendre des décisions fermes allant dans le sens de l’apaisement. M. Dalalou propose également le respect du service minimum par les grévistes. Notre interlocuteur est convaincu que le règlement d’un conflit doit passer par la voie du dialogue : « La langue de bois, les menaces et les intimidations ne font qu’envenimer la situation. Le ministre de l’Education doit s’entretenir avec les enseignants et doit leur expliquer, dans la sérénité et la transparence, ce qu’il y a lieu de faire. A mon sens, tous les problèmes ont une solution, il suffit d’un peu de bonne volonté. »

Nabila Amir