Vers une grève des pharmaciens

RISQUE SUR LA DISPENSATION DU MÉDICAMENT

Vers une grève des pharmaciens

Le Soir d’Algérie, 2 juillet 2017

La caisse de sécurité sociale a décidé de supprimer les incitations accordées aux pharmaciens dans le cadre de la dispensation du médicament générique. Une décision que le syndicat national algérien des pharmaciens d’officine rejette. Les deux parties et les services de la Casnos se réuniront aujourd’hui pour tenter de trouver une entente. Dans le cas contraire, et si la CNAS campe sur sa décision, les pharmaciens menacent de déclencher une grève nationale.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Le bras de fer qui oppose les pharmaciens d’officine et la caisse de sécurité sociale menace la dispensation du médicament.
Les pharmaciens risquent de baisser rideau pour une grève nationale illimitée en raison de la décision de la CNAS de la suppression des mesures incitatives dont ils bénéficient dans le cadre de la dispensation du médicament générique. Il s’agit d’une majoration de prix accordée pour la vente du médicament générique.
Le mouvement de protestation repose sur les résultats de la réunion d’aujourd’hui qui se tiendra au siège du ministère du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale entre les services de la sécurité sociale, de la Casnos et les membres du syndicat. Cependant, le Snapo ne se fait pas trop d’illusions. Messaoud Belambri, président de ce syndicat, avoue être «très pessimiste». Joint par téléphone, il a expliqué que des négociations ont été entamées depuis le mois de janvier dernier avec la Cnas sans résultats. «Aujourd’hui, c’est l’ultime réunion avant d’aller vers un mouvement de grève», a menacé M. Belambri.
Le principe de la mesure incitative dont bénéficient les pharmaciens, rappelle-t-il, remonte à 2005. L’ordonnance présidentielle 06/07 stipule que l’Etat allait adopter des mesures incitatives pour l’encouragement de la production locale et du générique.
En septembre 2008, dit-il, le président de la république a instruit le ministre de la santé et son homologue du travail d’adopter des mesures pour la promotion de la production locale et les pharmaciens devaient bénéficier des mesures incitatives dans le cadre de la dispensation du médicament générique.
Et cela s’est concrétisé suite à la publication du décret 09/396 qui cite dans son article 27 ces mesures incitatives au profit du pharmacien.
Cette mesure, estime Belambri, a fait que jusqu’à 2015 la couverture en médicament est passée de 25% à 50% et l’industrie pharmaceutique a enregistré une croissance importante.
Elle a aussi, poursuit-il, facilité la mise en place du tarif de référence. Messaoud Belambri se dit étonné de la décision de la CNAS. «Nous nous interrogeons dans l’intérêt de qui est prise cette décision? Est-ce-que c’est pour aider à assurer l’équilibre de la CNAS, à promouvoir la production locale où c’est au profit des laboratoires étrangers et l’encouragement de l’importation et l’utilisation des produits plus chers ?», s’interroge notre interlocuteur qui souligne que ces incitations ne représentent pas une menace pour les caisses de sécurité sociale.
Messaoud Belambri a indiqué que le bureau national du syndicat s’est réuni, hier, après la tenue des assemblées générales où les pharmaciens ont appelé à un mouvement de grève. Un mouvement, premier du genre depuis l’indépendance, précise-t-il.
Les pharmaciens, ajoute-t-il, s’estiment «trahis par la CNAS». «Nous les avons accompagnés dans toutes les décisions, c’est nous qui supportons le système du tiers payant et ce sont les 45 000 postes d’emploi créés dans ce cadre qui risquent de disparaître tout comme la pérennité du tiers-payant», a conclu le porte-parole des pharmaciens.
S. A.