De nouvelles grèves se profilent

Syndicats autonomes de la fonction publique

De nouvelles grèves se profilent

par Salah-Eddine K., Le Quotidien d’Oran, 27 février 2008

Deux syndicats de la santé publique (celui des professeurs et docents et celui des maîtres-assistants), membres de la Coordination nationale des syndicats autonomes, ont, lors de l’assemblée générale qui les a réunis à l’hôpital Mustapha, maintenu de recourir de nouveau à la grève à l’appel de la Coordination. Réda Djidjik, président du syndicat des maîtres-assistants, a informé, par ailleurs, les maîtres-assistants de la décision de justice leur ordonnant «d’arrêter la grève» dont le syndicat a été destinataire au 1er jour du débrayage des 24, 25 et 26.

L’option de la grève sera maintenue par l’ensemble des syndicats de la santé, soutient-il. Mohamed Yousfi, président du syndicat des spécialistes (SNPSSP), explique que les syndicats de la santé avec les autres syndicats, décideront au sein de la Coordination, du nombre de jours et des dates des «futurs débrayages».

Le SNPSSP (spécialistes de la santé), le SNPSP (praticiens de la santé publique) et le SNAPSY (psychologues) vont tenir leurs assemblées générales dans les structures où ils sont présents. La démarche sera donc de réunir leurs troupes pour donner leur aval sur le principe du maintien de la grève, a expliqué encore une fois le président des spécialistes. Bien entendu, ajoute-t-il, «nous restons attentifs à toutes les propositions émanant du ministère de la Santé nous permettant une amorce de dialogue entre les syndicats de la santé et la tutelle». Pour le porte-parole de la Coordination, Méziane Mériane, celle-ci est «prête à recourir, malheureusement, de nouveau à l’option de la grève». Les syndicats de la Coordination, selon lui, peuvent s’engager dans des débrayages plus longs. Des actions plus radicales et un durcissement des positions de la Coordination sont à attendre. Aujourd’hui même, la Coordination fera l’évaluation définitive de cette grève. Les professeurs docents et maîtres-assistants, après leur assemblée à l’amphithéâtre du centre Pierre et Marie Curie (CPMC), ont tenu un sit-in à la placette centrale de l’hôpital Mustapha. Les grévistes approchés étaient unanimes à demander «l’ouverture d’un dialogue dans leur secteur.» Pour ce qui est des revendications des professeurs, l’un d’eux les résumera ainsi après «plus de 20 ans de travail parsemé de concours, un professeur ne perçoit pas le salaire d’un nommé par décret». Et de poursuivre «définissez-nous nos droits et nos devoirs», avant d’insister sur le dialogue comme «seul moyen pour assainir la situation». A Oran, le mouvement de contestation n’a pas perdu son souffle en cette troisième et dernière journée de la grève. Le secteur de l’éducation vient comme d’habitude en tête avec une large participation des enseignants du secondaire mais aussi du cycle moyen qui ont commencé doucement à rejoindre les rangs des contestataires. Les syndicats autonomes du secteur avancent un taux de suivi dépassant les 90% pour la journée d’hier. «La grève a été largement suivie à Oran», se félicite le secrétaire de wilaya du Snapest qui a promis un durcissement de la contestation dans les prochaines semaines.

«Nous avons effectué des sondages à la base qui reste favorable à un durcissement de la contestation. On aura à choisir entre la grève ouverte ou le boycott des examens de fin d’année», confie ce syndicaliste. Dans le secteur de la santé, les maîtres-assistants, les professeurs et docents ont poursuivi hier leur mouvement de grève en dépit de la décision de justice de la chambre administrative de la cour d’Alger. A Constantine, au troisième et dernier jour de la grève des syndicats autonomes de la fonction publique, une marche a été organisée l’après-midi à l’intérieur du centre hospitalo-universitaire par les syndicats Snte, Unpes, Snapest et Snapap, à l’issue de laquelle un point de presse a été improvisé sur place. Les syndicalistes ont fustigé les déclarations du secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi-Said, qui a qualifié les syndicats autonomes de «souris», en lui suggérant que les travailleurs de tous les secteurs devraient porter deux plaintes contre le patron de l’UGTA, «la première concernera les 1.200 milliards déposés à El-Khalifa Bank et la seconde pour diffamation». En second lieu, les représentants des syndicats autonomes se sont félicités de la réussite de la grève et ont estimé que celle-ci, nonobstant les problèmes de la grille des salaires et du statut particulier, vise à obtenir des pouvoirs publics leur reconnaissance comme un partenaire social incontournable, parce qu’ils viennent de démontrer leur représentativité, et à ouvrir le dialogue avec eux. Enfin, les pratiques de certains responsables locaux du secteur de la santé ont été dénoncées. A la fin du point de presse, les représentants des syndicats autonomes ont indiqué que le taux de participation à la grève enregistré au 2e jour du débrayage n’a pas changé et reste plafonné à 77,88%.