L’école, bricolage et navigation à vue

Des syndicats de l’Education accusent

L’école, bricolage et navigation à vue

par Sofiane M., Le Quotidien d’Oran, 16 septembre 2008

Les avis des syndicats autonomes convergent sur le fait que cette rentrée des classes ne serait pas de tout repos. Les imperfections relevées dans la gestion des préparatifs de cette année scolaire et particulièrement dans le cycle moyen où il existe un sureffectif semblent brouiller les calculs de la tutelle.

Pour les représentants des syndicats autonomes, cette situation met à nu les limites de la politique du ministère qui a «opté pour une gestion du bricolage au lieu de mettre sur pied une vraie stratégie de gestion des effectifs». Dans de nombreuses wilayas comme dans les périphéries de la capitale, les collèges n’arrivent plus à faire face au nombre croissant causé par l’arrivée massive des élèves de 5e et 6e années primaires au collège.

«Dans les périphéries de la capitale on a des classes de 40 à 45 élèves dans le moyen. C’est anti-pédagogique», lance M. Bellik du Conseil des lycées d’Algérie. Le syndicaliste soulève aussi l’affectation des enseignants du moyen dans des collèges qui se trouvent à plus de dix kilomètres, voire plus, de leur lieu de résidence. «Ces affectations sont assimilées par les enseignants à des sanctions», soutient notre source. Un avis partagé par le SG du Satef qui a tenu à dénoncer: «les mutations arbitraires prises par la tutelle sans passer par les commissions paritaires et particulièrement dans l’enseignement technique».

Les enseignants du technique sont affectés dans des lycées de l’enseignement général pour enseigner des «spécialités de parade». Le problème des professeurs de l’enseignement technique est apparu avec les dernières réformes du système éducatif.

Le ministère de tutelle avait, en effet, décidé la suppression de nombreuses matières techniques. Aussi la majorité du personnel enseignant est en surnombre, ce qui a poussé la tutelle à mettre en place une nouvelle carte pédagogique pour affecter les enseignants en surplus vers d’autres établissements du secondaire. L’autre problème soulevé par les syndicats autonomes reste le «flou» qui entoure cette année scolaire la décision d’allégement des programmes décidé par la tutelle après les marches de protestation des lycéens. «Les enseignants nagent dans le flou.

La tutelle vient de décider de supprimer plusieurs chapitres des programmes sans consultation des enseignants», lâche avec colère ce syndicaliste tout en qualifiant la suppression de ces chapitres de «charcutage» qui aura sûrement de fâcheuses conséquences sur la qualité de l’enseignement. Dans cet ordre d’idée, les syndicats autonomes reviennent sur la formation continue des enseignants.

«On est en train de se débrouiller avec les moyens de bord pour enseigner ces nouveaux programmes», confie cet enseignant. La qualité pédagogique est sacrifiée par ces réformes consécutives menées sans consultation préalable des premiers concernés. «La tutelle mène une gestion du jour le jour du secteur. On est dans la navigation à vue», soutient ce syndicaliste. Il estime que l’école algérienne est désormais condamnée à tirer pendant sept année s le boulet du doublement des effectifs pour tout un groupe d’élèves.