Un livre blanc sur les violations des libertés syndicales

Une initiative du nouveau collectif de défense des libertés syndicales

Un livre blanc sur les violations des libertés syndicales

Par :Nadia Mellal, Liberté, 19 août 2008

Le tout nouveau collectif de défense des libertés syndicales s’attelle à élaborer un livre blanc contenant l’ensemble des violations des libertés syndicales en Algérie.

C’est en tout cas ce qu’a expliqué, hier, Ahmed Badaoui en sa qualité d’initiateur de ce nouveau collectif et membre du groupe de travail devant plancher sur cette question. Contacté hier par téléphone, M. Badaoui expliquera qu’“il est question pour nous de recenser les violations des libertés syndicales au niveau des quarante-huit wilayas et de les rassembler dans un livre blanc”. Cette initiative trouve son fondement “dans la situation actuelle des travailleurs et le fait qu’il y ait une impunité, notamment celle de l’administration quand il y a une violation des droits et des libertés syndicaux”, note notre interlocuteur. Plus grave encore, dit-il, “le pouvoir actuel, dès qu’il voit au sein des entreprises des foyers de résistance syndicale, il se fixe comme objectif de les évincer et d’évincer les cadres syndicaux les plus dynamiques”. Cette initiative qui consiste à consigner les violations des droits syndicaux dans un livre blanc est aussi motivée par l’absence d’une société civile ou de ligues des droits de l’Homme qui s’impliquent dans pareilles causes. “Nous n’avons pas de société civile ou de ligue des droits de l’Homme qui ont fait suffisamment de travail sur cette question, c’est pour cela que nous disons qu’il faut que ça cesse. Il faut que le pouvoir respecte les libertés syndicales et les lois qui protègent les droits des travailleurs”, explique encore M. Badaoui.
Une fois finalisé, le livre blanc sera diffusé et transmis tout autant à l’opinion publique nationale qu’internationale, le but étant de “médiatiser le livre tant au niveau national qu’international parce que nous voulons prouver à l’opinion internationale que nos officiels présentent des rapports faux sur les libertés syndicales au Bureau international du travail (BIT), à l’Organisation internationale du travail (OIT) ou encore à la Ligue internationale des droits de l’Homme”. Quoi qu’il en soit, le comité Badaoui qui a tenu, rappelons-le, sa première rencontre en juillet dernier à la Fondation Friedrich-Ebert, rendra public son livre blanc dans les prochains mois et mettra à nu une panoplie de violations des droits dans le monde du travail. Pour rappel, le Comité national pour les libertés syndicales (CNLS) a élaboré en 2005 un rapport dans lequel il faisait état d’un certain nombre de violations des droits des travailleurs. Dans ce document, il était noté, dans le chapitre portant sur les atteintes à l’exercice du droit syndical et la persécution des syndicalistes que “l’exercice du droit syndical est remis en cause par bon nombre d’employeurs. Les syndicalistes sont persécutés, réprimés par leurs employeurs. Il sont pour certains mutés abusivement, pour les autres traduits devant les commissions de discipline, et enfin beaucoup sont licenciés d’une manière arbitraire. Des syndicalistes sont même arrêtés par les forces de l’ordre et emprisonnés. Ces atteintes même portées à la connaissance des autorités et des instances concernées, restent sans suite et sans réhabilitation et réparation des préjudices”. S’agissant des atteintes au droit de grève, il est indiqué que “le droit de grève, consacré par la Constitution, est remis en cause par les employeurs. Toutes les grèves initiées par les organisations syndicales n’entrant pas dans les calculs des autorités sont systématiquement déclarées illégales par les employeurs et même par les autorités du pays. La justice a été nombre de fois saisie par des employeurs pour casser les mouvements de grève. Le recours aux casseurs de grève est systématique. Les employeurs recrutent des contractuels pour briser les mouvements de grève, en violation des dispositions de la loi 90-02 du 6 février 1990, notamment l’article 33 qui interdit tout recrutement ou affectation destiné à pourvoir au remplacement des travailleurs en grève”.

NADIA MELLAL