Grève des fonctionnaires: Un taux de suivi mitigé

Grève des fonctionnaires: Un taux de suivi mitigé

par Sofiane M. Et S.E.K. & A. Mallem, Le Quotidien d’Oran, 10 novembre 2008

La première journée de la grève nationale de la coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique a connu une adhésion mitigée.

Alors que dans certains secteurs de la Fonction publique, à l’exemple de l’Education nationale, la participation a été jugée massive par les syndicats autonomes, dans d’autres secteurs, par contre, comme la Santé et l’Administration publique l’adhésion au mot d’ordre de grève a été timide.

C’est au niveau du cycle secondaire que l’appel à la grève a eu le plus d’écho avec un taux de suivi entre 80 et 95%, selon des sources syndicales. Dans les autres cycles de l’Education nationale, le débrayage a commencé lentement durant les premières heures de la matinée pour gagner, en ampleur, au fur et à mesure. Le mouvement de contestation a été, par contre, partiellement suivi par les «blouses blanches» de l’aveu des syndicalistes. Le fonctionnement de la majeure partie des établissements hospitaliers, que ce soit à Constantine, Oran ou Annaba, n’a été nullement perturbé par l’appel au débrayage. Au Centre hospitalo-universitaire d’Oran, l’adhésion au mot d’ordre de grève a été très faible.

A part un piquet de grève observé durant la matinée par une centaine de maîtres assistants, le débrayage n’a pas eu d’incidence sur le fonctionnement de cet établissement hospitalier.

Mais c’est dans l’Administration publique que la grève a affiché son plus bas taux de suivi.

A ce propos, le porte-parole de la coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique, Meziane Mériane du Snapest a dénoncé, hier, «les manipulations» de certains syndicats membres de la Coordination nationale qui ont fait dans l’amalgame pour faire «avorter» ce mouvement de contestation. Le porte-parole de la Coordination s’en est pris également à certains médias auxquels il reprochera un manque de «professionnalisme».

Dès le début de la matinée, accuse le syndicaliste, des informations ont été propagées selon lesquelles les syndicats de l’Education nationale auraient gelé leur grève «en se basant uniquement sur un communiqué émanant de deux ou trois syndicats, SNTE de Abdelkrim Boudjenah, du SATEF de Boualem Amoura et du SNAPAP de Lammouri Laghliedh qui se sont rétractés pour suivre la grève».

Ces syndicats qui ont choisi la dernière minute pour prendre leur distance vis-à-vis de la Coordination, l’ont fait «au mépris de leur base et en usant d’arguments qui ne tiennent pas la route pour justifier cette sortie honteuse», a indiqué Meriane qui ajoutera que les syndicats cités «ont pourtant signé le préavis de grève et adhéré à son contenu.»

Il précisera en ce qui concerne le Snapap, «cette organisation n’est même pas concernée puisque son président n’a pas été signataire de ce même préavis». «Pourquoi s’oppose-t-il à la grève?», s’est interrogé le même syndicaliste.

Concernant la grève, proprement dite, en ce premier jour, Mériane Meriane s’est dit confiant que le taux de suivi de la grève ira en augmentant. Il signale en ce qui concerne l’Education nationale que c’est à Alger où l’on observe le taux de suivi le plus faible tandis qu’à l’Ouest et dans les régions du sud «il est excellent». A l’Est, poursuit-il, le taux du suivi «est appréciable,» conclut-il. Le taux se situe généralement entre 60 et 70% . Dans des villes comme Jijel, Oran, El-Bayadh, les taux ont atteint les 90%, selon la même source.

Le ministère de l’Education nationale quant à lui, dans un bulletin diffusé hier, portant sur «la situation statistique de la grève» fait état d’un taux de suivi de 4% pour tous les paliers de l’Education nationale et sur l’ensemble du territoire national.

A titre d’exemple, Jijel, Oran et El-Bayadh, ont affiché, hier, respectivement 2%, 4% et 3%, selon les statistiques officielles. Seules Tizi-Ouzou, suivie de Béchar puis d’Alger-ouest, Alger-centre et Alger-est ont enregistré respectivement un taux de 34%, de 16%, 14%, 10% et 8% pour Bouira. Dans les autres wilayas, le taux de suivi enregistré varie, selon le bulletin du ministère de l’Education «entre 0 et 5% dans le meilleur des cas».

Au-delà des chiffres, «c’est aux responsables de se pencher sur les problèmes des enseignants et ne pas attendre le pourrissement de la situation», a déclaré le porte-parole de la Coordination nationale. Il indiquera que les enseignants «envisagent d’entrer, s’il le faut, dans une grève illimitée si les pouvoirs publics continuent dans leur obstination à nous ignorer». Même son de cloche dans les rangs des syndicats de la Santé qui évoquent le taux de 90% de suivi sur l’ensemble du territoire national, selon le président du Syndicat des psychologues (SNAPSY), Khaled Keddad, qui se trouvait, hier, au Q.G des syndicats de la Coordination. Ce syndicaliste a indiqué que les syndicats de la Santé affiliés à la Coordination entendent observer un sit-in, demain dans tous les CHU.

A Constantine, au premier jour de la grève, il semble que le mot d’ordre a été peu suivi. Que ce soit dans le secteur de la Santé ou dans les administrations publiques, le nombre de fonctionnaires qui ont répondu au mot d’ordre de grève et ont débrayé est très faible, selon les informations recueillies.

D’autant plus que trois des syndicats: le SNAPAP, le SAP (Paramédicaux) ou le SNMGSP (Syndicat national des médecins généralistes de la Santé publique) ainsi que les enseignants, n’y ont pas participé.

Pour le SNAPAP, le secrétaire général du bureau de wilaya a affirmé que son organisation «n’est pas concernée par ce mouvement, le statut particulier des corps communs ayant été approuvé par les pouvoirs publics et ne reste que celui des paramédicaux». Sur le terrain, le suivi de la grève a été quasiment nul comme le montre le nombre des adhérents aux syndicats autonomes faisant partie de la Coordination nationale ayant débrayé, ce premier jour, au centre hospitalier universitaire de Constantine. Selon la direction générale de cet établissement hospitalier, seuls 2O travailleurs, entre médecins, techniciens de la santé, sur un effectif d’adhérents de 396, ont suivi le mot d’ordre de grève.