Les étudiants envisagent de poursuivre la grève

La conférence nationale des recteurs s’est terminée par des recommandations

Les étudiants envisagent de poursuivre la grève

El Watan, 19 février 2011

Les étudiants persistent dans leur mouvement de grève après les résultats de la conférence nationale des recteurs.

Les étudiants sont déçus par les résultats de la conférence nationale tenue jeudi l Ils comptent riposter à partir de demain.

Les étudiants ne sont pas convaincus des résultats de la conférence nationale des chefs d’établissements universitaires tenue jeudi, au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifiques (MESRS). Cette conférence a plutôt suscité le désenchantement de nombreux étudiants, qui envisagent de continuer la grève entamée depuis deux semaines. Les étudiants se sont donné rendez-vous demain pour riposter aux résultats de cette conférence, qu’ils jugent décevants.
«Ils ne veulent pas admettre qu’on est conscients et déterminés», regrette Yahia, étudiant à Boumerdès, qui s’est déplacé hier à notre rédaction. «Il n’y a que des recommandations dans ce communiqué. Il n’y a rien de concret», a déclaré Mahfoud, délégué des étudiants de l’Ecole nationale d’informatique. Et celui-ci ajouter : «Une réunion avec le directeur de l’ESI est prévue pour dimanche. Après, nous déciderons avec la concertation des étudiants s’il faut continuer la grève ou passer à d’autres actions. De toute façon, moi, je suis pour la poursuite de la grève.»

Abrogation

La conférence nationale recommande l’abrogation des modifications apportées par le décret n°10-315 du 13 décembre 2010. Elle demande ainsi au ministre de l’Enseignement supérieur de transmettre les recommandations aux hautes autorités nationales pour leur mise en œuvre dans les plus courts délais. «Il n’y a rien de spécial. Ils n’ont pas traité nos revendications de manière objective. De plus, certaines recommandations ne sont pas claires», estime Athmane, étudiant à l’USTHB. Ce dernier dénonce la façon dans ces revendications ont été traitées : «Les étudiants dans tout le pays attendaient avec espoir les résultats de cette réunion. Mais il s’est avéré qu’elle a été organisée uniquement pour gagner du temps.» Athmane assure que la grève continue à l’USTHB en attendant la rencontre des étudiants demain pour discuter des actions à entreprendre. Même son de cloche chez les étudiants d’Oran, déçus par le contenu de cette conférence, bien qu’ils aient su à l’avance que les organisateurs de cette réunion n’avaient pas les prérogatives pour abroger un décret présidentiel.

Du «déjà-vu»

«La grève continue à Oran et dans toutes les universités d’Algérie. Jeudi passé, nous avions discuté avec les délégués de Blida, Chlef, Béjaïa et Boumerdès sur le contenu de cette réunion. Nous avions décidé de continuer la grève», affirme Mohamed, délégué de l’Institut de maintenance et de sécurité industrielle à Oran. Ce dernier a opté pour la relance des négociations entre les délégués et les responsables au niveau du ministère. «Nous allons revenir dimanche à Alger pour tenter de discuter. Si la situation demeure la même, nous allons appeler les étudiants à un sit-in devant le ministère», a-t-il conclu. Pour leur part, les étudiants de Boumerdès, qui ont campé durant la nuit de mercredi à jeudi devant le ministère, qualifient les recommandations de la conférence nationale de «déjà-vu». «J’ai passé la nuit la plus longue de ma vie pour exiger l’annulation de ce décret, pour que le lendemain, les recteurs sortent avec des recommandations. Les recteurs ne représentent pas les étudiants», prévient Yahia, estimant que le campement devant le siège de leur tutelle est la seule alternative qui reste.«Nous attendons la décision de l’ensemble des étudiants», a-t-il souligné.

Djedjiga Rahmani