Les enseignants des lycées en grève

Ils demandent la revalorisation de leur statut

Les enseignants des lycées en grève

El Watan, 28 octobre 2008

La grève des enseignants du secondaire, initiée par le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), a paralysé hier la majorité des lycées du pays. Si l’on en croit M. Boudina, porte-parole de cette organisation syndicale, le taux de suivi de la grève a atteint, pour la journée d’hier, 85%. Un chiffre contesté, bien évidemment, par le département de M. Benbouzid qui avance, quant à lui, un taux bien en deçà de la moyenne.

Au ministère, l’on parle uniquement de 17,2%. Cette première action, qui, dit-on, inaugure une longue série de protestations pour cette rentrée sociale, est qualifiée de réussite par ses auteurs. Une réussite qui donnera, de leur point de vue, à réfléchir aux pouvoirs publics. En tout cas, les grévistes soutiennent que si l’Etat veut avoir un enseignement de qualité et une école assise sur de bonnes bases, il est impératif de mieux considérer l’enseignant. Bien qu’hier les établissements acquis au CLA et au Snapest n’aient pas suivi le mouvement de débrayage, le Cnapest – du fait qu’il possède une bonne base à travers le pays – est parvenu à mobiliser pas mal de monde. Le débrayage a paralysé à 100% un certain nombre de lycées, ce qui a poussé les chefs d’établissement à renvoyer les élèves chez eux. d’autres directeurs ont choisi de les garder sans que les cours ne soient prodigués. Dans le reste des établissements, le taux de suivi était mitigé. Les wilayas qui ont enregistré le taux de suivi le plus élevé sont Bouira avec 95%, Tizi Ouzou 93%, Boumerdès 90%, Béjaïa 85%, Sétif 70%. Alger et Oran ont enregistré des taux relativement faibles avec respectivement 50% et 20%.

Les arguments des uns et des autres

De son côté, le ministère de l’Education ne s’est pas empêché de faire son propre décompte qui va à contresens de celui avancé par les responsables du syndicat. Ainsi, selon M. Khaldi, le pic a été atteint à Tizi Ouzou avec seulement 45% du taux de suivi, alors que dans les autres régions, le taux n’a pas dépassé les 20%, avec dans le lot un taux de suivi de 7,36% à Alger, 3,34% à Oran, 15,01 à Sétif, 16% à Constantine. M. Boudina est convaincu que le ministère ne pas dit pas toute la vérité sur la grève. « Le département de Benbouzid a pris en considération les trois cycles : primaire, moyen et secondaire dans le calcul du taux de suivi, alors que le Cnapest est un syndicat qui défend les professeurs de l’enseignement secondaire. Certes, nous ambitionnons d’élargir notre couverture aux autres cycles, mais pour l’heure elle ne figure pas parmi nos priorités », a soutenu M. Boudina qui a tenu à préciser que lors de la rencontre qui les a regroupés avec les responsables du ministère, ces derniers ont affiché une incapacité à prendre en charge les doléances des travailleurs de l’éducation d’où le maintien du débrayage. Il est à rappeler que les enseignants revendiquent la promulgation des statuts particuliers conformément aux revendications des travailleurs de la fonction publique, la promulgation du régime indemnitaire avant la fin de l’année en cours et son application avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008 et enfin la revalorisation du point indiciaire, comme le stipule l’article 08 du décret présidentiel n°766304 du 29 septembre 2007 et l’indexation des salaires sur le pouvoir d’achat. « Le ministère de l’Education n’a rien fait pour les travailleurs de son secteur. Il ne nous a remis ni l’avant-projet du statut ni les données sur le régime indemnitaire », a ajouté M. Boudina.

Pour se défendre, M. Khaldi a rétorqué que le statut particulier de l’enseignant a été élaboré avec la participation de l’ensemble des organisations syndicales. « Ce statut est important puisqu’il permet d’assurer le plan de carrière de l’ensemble du corps de l’éducation, notamment les enseignants. Il a aussi amélioré la classification de tous les travailleurs, particulièrement les enseignants, et il va également apporter un plus en matière de salaires. Ceci est connu de la part des enseignants », a plaidé M. Khaldi, qui a fait observer que le dossier du régime indemnitaire concerne tous les secteurs de la fonction publique. « Nous n’avons pas une idée sur ce dossier qui ne sera ouvert qu’après l’adoption des statuts des différents secteurs de la fonction publique », a ajouté notre interlocuteur. Par ailleurs, les enseignants activant sous la houlette du Cnapest comptent rallier à leur cause, aujourd’hui, deuxième journée de grève, tous les enseignants qui ont peur des représailles ; ils envisagent en outre de maintenir la pression jusqu’à satisfaction de leurs revendications.

Par Nabila Amir

 


Adhésion massive au centre

– Boumerdès – Vingt-neuf des trente lycées que compte la wilaya de Boumerdès ont été paralysés hier par le mouvement de grève lancé par le Cnapest. Le taux de suivi est estimé à 85% par les animateurs de ce syndicat qui se disent « très satisfaits de cette mobilisation ».

– Béjaïa – Les établissements du secondaire de la wilaya de Béjaïa ont répondu « massivement » au mot d’ordre de grève lancé par le conseil national du syndicat. C’est ce qu’a déclaré Slimane Zenati, le coordinateur de wilaya, à l’issue de la réunion d’évaluation tenue hier en fin de matinée. Cette satisfaction est étayée par le taux de suivi estimé à 79% pour cette première journée.

– Bouira – Le mot d’ordre de grève de deux jours lancé par le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), avait été largement suivi au niveau des différents établissements de la wilaya de Bouira. En effet, selon la déclaration du coordinateur de wilaya de ce syndicat autonome, Messaoudi Zoubir, le taux de suivi est estimé à 92%. Un taux largement vérifiable si l’on se fie au nombre conséquent d’établissements ayant observé la grève durant la journée d’hier. 32 lycées sur 34 existants au niveau de la wilaya ont été ainsi paralysés.

– M’sila – Répondant à l’appel du Cnapest, le mouvement de grève des enseignants du secondaire a été suivi à 80% au niveau de la wilaya de M’sila, nous a-t-on révélé au niveau de cette organisation syndicale à l’échelle locale. Le mouvement a été progressivement suivi au niveau de certains lycées, nous ont dit des lycéennes, où l’on a noté des réticences de la part de certains enseignants, vite dissipées face à l’adhésion massive à ce mouvement de grève suivi à 100% au niveau du siège de la wilaya.

– Aïn Defla – Timide en début de matinée, la grève des enseignants du cycle secondaire à son premier jour, à l’appel de la Coordination nationale des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), a connu en fin de matinée une courbe ascendante au niveau de la wilaya de Aïn Defla, a-t-on appris de source syndicale. En effet, le taux enregistré, selon la même source, a atteint 51%.

Par Amar Fedjkhi , Aziza L., M. N., R. Oussada, S. Ghellab


Le débrayage largement suivi à l’Est

– A Constantine, 40 établissements ont enregistré un taux de plus de 70%, taux qui, au fil des heures, est allé en augmentant pour frôler en fin de journée les 90%. Cependant, à la direction de l’éducation, il n’y a pas eu d’écho. En attendant la deuxième journée, le mouvement de protestation continue à prendre de l’ampleur. A Annaba, selon M. Chorfi, membre du Cnapest, « le débrayage dans le secteur de l’éducation a atteint un taux moyen de 85% dans les 33 lycées ». Black-out sur les chiffres officiels, l’administration ne veut même pas reconnaître la grève ayant paralysé le secteur, notamment les lycées du chef-lieu de la wilaya. « Cette grève de 2 jours sera ralliée, les 9, 10 et 11 novembre 2008, par une autre qui concernera tout le secteur de la wilaya de Annaba, qui emploie 8120 enseignants », a rappelé la même source. w A Mila, les 37 lycées de la wilaya ont, dans leur majorité, renoué hier avec la protestation. Le taux d’adhésion au débrayage à la mi-journée a atteint, selon Rabïe Laâmara, coordinateur de wilaya du Cnapest, les 74% et est appelé à évoluer. Il affirme que « sur un total de 1350 professeurs, 994 ont opté pour la grève. Le taux de suivi du mouvement de protestation dans certaines grandes daïras avoisine les 100% ». w A Souk Ahras, le mot d’ordre de grève a été différemment suivi à travers les lycées où l’on a remarqué une mobilisation moyenne des enseignants, comparée aux débrayages des années précédentes. Ainsi, aux lycées Haddadi Houmana, El Farabi et Djaber Ibn Hayyenne, les grévistes avancent, pour leur premier jour de débrayage, des taux de 30% à 40% et plus de 55% dans les lycées de Sédrata, contre plus de 80% enregistrés les quatre dernières années. Une source proche de l’administration limite le taux de suivi à 11%, sinon à 8%.

– A Oum El Bouaghi, la grève n’a pas eu le même effet à travers les 34 lycées de la wilaya. Seuls ceux des grandes villes, à l’instar d’Oum El Bouaghi et Aïn Beïda, ont répondu à l’appel. Nous avons tenté de joindre la direction de l’éducation, en vain. w A Sétif, le mouvement de débrayage auquel a appelé le Cnapest a été suivi par 43 lycées sur les 65 que compte la wilaya. Selon la direction de l’éducation, l’adhésion n’a pas dépassé le taux de 19,23%.

– A Guelma, selon la direction de l’éducation de la wilaya, la grève a été, pour la journée d’hier, suivie à hauteur de 44%. En effet, sur les 633 enseignants qui auraient dû être en poste hier, 279 ont adhéré à la grève sur les 1064 que compte la wilaya.

– A Bordj Bou Arréridj, la grève a été suivie à 88,89%, selon les représentants du syndicat. Un taux contesté par la direction de l’éducation, qui le situe à hauteur de 40%.

– A Skikda, la grande majorité des enseignants des 41 lycées de la wilaya a favorablement répondu au mot d’ordre du Cnapest. Selon les déclarations du coordinateur local dudit syndicat, le taux de débrayage varie d’une région à une autre mais reste globalement compris entre 70 et 80%. Pour sa part, la direction de l’éducation de la wilaya avance un taux de 60,3%.

– A Tébessa, le taux de participation dépasse les 70% à travers la wilaya et plus de 90% des enseignants ont répondu au mot d’ordre. Au chef-lieu, pas moins de 23 lycées sur 31 ont été paralysés, selon le représentant du Cnapest.

– A Biskra, selon le coordinateur de la section locale du Cnapest, Mourad Bensaâda, les professeurs des établissements scolaires du secondaire de Sidi Okba, Tolga, Zeribet El Oued, Djemorah, El Kantara, Foughala, Ouled Djellal, Sidi Khaled et seulement 5 lycées sur les 13 du chef-lieu de la wilaya ont répondu hier au mot d’ordre de grève de 2 jours lancé par leur syndicat. Il estime à 65% le taux de participation des professeurs à ce débrayage.

Par Rédaction Est