Alger: 520 marches et sit-in en mars

La capitale face au cycle infernal manifestations-répression

520 marches et sit-in en mars

El Watan, 12 mai 2011

Les sit-in et autres mouvements de contestation sont devenus quasi quotidiens en Algérie. Etablir une cartographie de ces mécontentements populaires n’est pas chose aisée, surtout en l’absence d’organismes indépendants de statistiques.

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), en première ligne lors de tels événements, ne semble pas comptabiliser avec exactitude ses déploiements, pourtant massifs et itératifs. Tout juste de vagues données. Ainsi, et pour le seul mois de mars 2011, ce sont quelque 11 710 services d’ordre qui ont été enregistrés par la DGSN, et ce pour l’ensemble du territoire national. Les services d’ordre sont les services fournis, en termes de brigades de policiers et autres dispositifs sécuritaires dans les lieux publics, afin de «veiller au maintien du calme». El Watan, dans sa livraison du 31 mars dernier, avait d’ailleurs tenté de faire sa propre évaluation. Le système D ! Faire le calcul des différents comptes rendus de manifestations, sit-in et autres débrayages pour pallier au déficit existant.
Ainsi, l’on est arrivé à la conclusion que plus de 70 mouvements de protestation avaient été enregistrés dans les différentes régions du pays durant ce mois de mars. Cette moyenne représente tout de même près de 2,3 manifestations par jour. Mais, à prendre en compte les chiffres de la DGSN, les moyennes seraient beaucoup plus élevées.

Quelque 520 mouvements de protestation, toujours à l’échelle nationale, ont été recensés pour le mois de mars dernier, et qui ont nécessité une intervention policière. Ces données représentent les manifestations politiques, les sit-in, les marches ou encore les rencontres sportives à risques. S’il n’y a pas de données chiffrées, Alger a accueilli l’essentiel de ces manifestations et mouvements de protestation. Plusieurs points chauds ou foyers de la contestation ont été recensés. Il s’agit, entre autres, de la localité d’El Mouradia où se trouve le palais présidentiel, de Ben Aknoun où il y a le ministère de l’Enseignement supérieur, de la place du 1er Mai qui a accueilli plusieurs rassemblements et marches et du boulevard Zighout Youcef où se trouvent l’APN et le Sénat. Ces endroits sont régulièrement investis ces dernières semaines par des manifestants issus de différentes corporations et couches sociales gagnées par le désespoir et qui tentent d’attirer l’attention des hauts dirigeants du pays sur leurs conditions sociales souvent déplorables.
Ghania Lassal