Premier ministre de la RASD: “Le référendum est la solution médiane et démocratique”

Entretien

Le premier ministre de la Rasd à Liberté

“Le référendum est la solution médiane et démocratique”

Par : Hafida Ameyar, Liberté, 21 juin 2007

Nous avons pu joindre hier par téléphone M. Abdelkader Taleb Omar, Premier ministre de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), également membre de la direction nationale du Front Polisario. Ce dernier s’est exprimé sur les négociations maroco-sahraouies qui se sont tenues à Manhasset, aux États-Unis, dans une des résidences des Nations unies.

Liberté : M. le Premier ministre, quel est votre commentaire sur les résultats des négociations entre le Maroc et le Front Polisario qui se sont déroulées les 18 et 19 juin à Manhasset ?
M. A. Taleb Omar : Les négociations de Manhasset, comme toutes les précédentes, ont apporté la confirmation que les deux parties en conflit au Sahara occidental sont le Front Polisario et le Maroc. Les tentatives du régime marocain d’impliquer l’Algérie comme partie au conflit n’ont pas eu d’écho. Il y a aussi le fait que le problème du Sahara occidental est de nouveau posé sur la table des négociations, dans le cadre des Nations unies, avec l’objectif de trouver une solution qui assurerait l’autodétermination du peuple sahraoui. Comme l’ont si bien relevé de nombreux médias, notamment ces derniers temps, le dossier du Sahara occidental est un dossier de décolonisation non achevée…

Qu’en est-il des résultats proprement dits des dernières négociations ?
La délégation marocaine n’est pas disposée encore à aller vers une solution qui prenne en compte le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Pourtant la résolution 1754 du Conseil de sécurité est explicite là-dessus. Ce que je peux dire pour l’instant, c’est que les négociations se poursuivent… Un nouveau rendez-vous a été pris pour le mois d’août. Ces négociations seront difficiles, parce que le Maroc a renié les engagements qu’il avait pris précédemment et rejette le référendum d’autodétermination. La situation est d’autant plus difficile, car il y a des forces qui aident le régime marocain dans la voie de la fuite en avant. Seulement, et là j’insiste pour dire que les Sahraouis respectueux de la légalité internationale sont toujours attachés à leurs droits nationaux. Je veux dire aussi que le conflit se poursuit avec le Maroc et que le rapport de force sera déterminant quant à la solution qui sera prise.

Comment expliquez-vous le silence de la délégation sahraouie devant la présence d’un Sahraoui, en l’occurrence Khelihenna Ould Errachid, qui a été désigné président du Corcas par le roi Mohammed VI, dans les rangs des négociateurs marocains ?
Jusqu’à maintenant, on parle d’une délégation du gouvernement marocain, conduite par le ministre de l’Intérieur, M. Chakib Benmoussa, ainsi que des négociations menées entre cette délégation et celle du Front Polisario. Mais, c’est vrai que le régime marocain va essayer de faire le lien entre la présence de Ould Errachid et le Corcas. De telles manœuvres n’ont aucun sens à nos yeux, du moment que les deux parties en conflit sont clairement définies et reconnues par l’ONU.

Ne craignez-vous pas que la présence de Ould Errachid soit exploitée dans les prochaines négociations par les Marocains ?
Dans des négociations précédentes initiées par les Nations unies, et qui ont réuni le Front Polisario et le Maroc, en particulier celles de Berlin et de Londres (en 1997, ndlr), Khelihenna Ould Errachid faisait partie de la délégation marocaine. Sa présence n’est donc pas une nouveauté pour nous. À partir du moment où les deux délégations officielles sont connues et que les pourparlers se tiennent sous l’égide et dans le cadre de l’ONU, nous ne voulons pas donner l’occasion à quiconque de dire que c’est le Front Polisario qui bloque. Car la partie qui renie ses engagements internationaux, qui rejette l’autodétermination contenue dans la résolution du 30 avril dernier, est connue de tous.
Mais, je suis d’accord pour dire que les Marocains vont essayer de donner une autre interprétation à la présence de Ould Errachid aux négociations de Manhasset. Comme ils l’ont déjà fait avec la résolution 1754.

Qu’attendez-vous des prochaines négociations ?
Comme je l’ai dit plus haut, le développement de la situation sera difficile et long, en raison du refus marocain de la solution découlant du droit international. Et à partir du moment où le Maroc refuse de reconnaître la RASD, le référendum reste la solution à la fois médiane et démocratique. Sur le plan politique et conformément au droit international, seul le peuple sahraoui doit se prononcer sur l’avenir du territoire du Sahara occidental. Il n’y a pas d’autre choix ni d’autre voie… Concernant les prochaines négociations, il faut savoir aussi quelle sera la recommandation du Conseil de sécurité, à la lumière des négociations des 18 et 19 juin. Nous ne savons pas, en effet, quels seront les prochains pas à franchir ni quelle sera la prochaine décision de l’ONU. Excepté que la situation est difficile et que cette difficulté est à mettre sur le compte de la position marocaine et du silence des pays membres influents du Conseil de sécurité.

Mais alors, qu’allez-vous faire si les négociations échouaient ou si le Conseil de sécurité les qualifiait d’échec ?
Au risque de me répéter, je dirais que depuis plus de 30 ans, les Sahraouis n’ont cessé de montrer combien ils sont attachés à leur droit à l’autodétermination et rien ne les fera changer d’avis. Toutes ces années, ils ont utilisé différents moyens, les moyens militaires, diplomatiques, populaires… pour faire entendre leur voix. Ils utiliseront chacun de ces moyens légaux au moment opportun, en poursuivant leur combat, jusqu’à ce que leur choix soit respecté.

H. A.


Algérie – Sahara occidental

Mise en place prochaine d’un programme de sensibilisation

Un programme initié par le groupe parlementaire d’amitié algéro-sahraoui sera mis en place prochainement afin de sensibiliser les Parlements de par le monde sur la question du Sahara occidental, a indiqué, hier à Alger, le représentant de ce groupe, M. Djamel Bendir. “Nous comptons, au sein du groupe d’amitié, mettre en place un programme dans le but de solliciter les autres Parlements de par le monde et de les sensibiliser sur la question sahraouie afin de marquer notre présence au sein des institutions parlementaires mondiales”, a précisé à la presse M. Bendir qui conduisait la délégation du groupe parlementaire d’amitié algéro-sahraoui reçu par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel. “Nous serons ainsi davantage présents dans les forums et les différentes rencontres parlementaires des autres pays”, a ajouté M. Bendir, mettant ainsi l’accent sur “le rôle de la diplomatie parlementaire”. Il a relevé que la visite des parlementaires sahraouis entre dans le cadre du “renforcement et de la consolidation des relations entre les Parlements” des deux pays. M. Bendir, qui est aussi membre du bureau du Parlement sahraoui, a également indiqué avoir évoqué avec M. Messahel, notamment, les négociations entre le Front Polisario et le Maroc, pays, a-t-il dit, qui “ne reconnaît pas les droits du peuple sahraoui”.


Les États-Unis octroient 1 million de dollars d’aide aux réfugiés sahraouis

Les États-Unis ont dégagé la somme de 1 million de dollars au profit des réfugiés sahraouis, a annoncé la sous-secrétaire d’Etat adjointe à la population, aux réfugiés et aux migrations, Mme Kelly Ryan, citée, hier, dans un communiqué de presse de l’ambassade américaine à Alger. Ce fonds fait partie d’un don global de 7,4 millions de dollars du gouvernement américain, destiné au bureau du Programme alimentaire mondial (PAM), indique le communiqué. “La contribution du Bureau américain de la population, des réfugiés et de la migration apporte au PAM un moyen flexible pour répondre rapidement aux situations de crises” concernant les réfugiés, a ajouté l’ambassade américaine. Plus de 165 000 réfugiés vivent dans cinq camps de la région de Tindouf : 27-février, Aousserd, Dakhla, El-Ayoun et Smara. Les réfugiés sahraouis dépendent totalement de l’aide internationale, dont plus de la moitié est assurée par l’Algérie.