Emeutes de Chlef: Ould Kablia accuse

Emeutes de Chlef: Ould Kablia accuse

par Abbad Miloud, Le Quotidien d’Oran, 30 avril 2008

Les émeutes, qui ont éclaté dimanche dernier dans les communes de Chlef et Chettia, se sont poursuivies hier.

Dans la soirée du lundi, la direction régionale Sonelgaz nord, située au quartier El-Houaria, et construite en préfabriqué, a été incendiée. Les blocs, abritant les divisions, personnel, comptabilité et finances, travaux électricité ainsi que la direction et le centre de traitement de l’information (CTI) ont été incendiés. Le bloc, abritant la division commerciale, a été touché partiellement.

Seulement trois blocs ont été épargnés, moyens généraux, bureaux gaz et électrification rurale.

Le Service régional des oeuvres sociales et culturelles (SOSC), mitoyen à la direction régionale, a été incendié de même que quatre véhicules dont un appartenant à un agent du SOSC.

Le P-DG de la région ouest est arrivé hier, tôt le matin, d’Oran.

Il a tenu une réunion qui a regroupé les deux directeurs régionaux, les responsables de la DR nord et les membres du syndicat.

Toujours dans la même nuit, au quartier Bocca Sahnoun, des portes de locaux commerciaux réalisés récemment ont été saccagées.

Dans le même quartier, le répartiteur de téléphone a été incendié ce qui a contraint les taxiphones à baisser les rideaux.

Il n’existe pas de moyens de communications (fax, téléphone). Même l’éclairage n’a pas été épargné. Et des jeunes ont continué de jeter des pierres et autres projectiles en direction des services de sécurité. Dans la commune de Chettia, des locaux commerciaux ont été saccagés.

Dans la journée d’hier, quelques affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes de jeunes ont eu lieu dans la matinée. Dans l’après-midi, le calme revenait progressivement.

Hier, une rencontre, qui a regroupé M. Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, le wali, les élus, le mouvement associatif, les comités de quartiers, des imams, le président de la coordination des comités de quartiers et d’autres responsables, s’est tenue à la salle de réunion du siège de la wilaya. Le wali, dans son allocution, a déclaré que la venue du ministre délégué constitue une preuve de la volonté de l’Etat pour l’examen des préoccupations des citoyens dans un cadre organisé grâce au dialogue et à la concertation. Dans ce sens, devrait-il préciser, une rencontre s’est tenue ce lundi avec les comités de quartiers pour les logements en préfabriqué des communes de Chlef et Chettia, ainsi que M. Yacoubi. Cette rencontre a duré deux heures.

Prenant la parole, M. Dahou Ould Kablia a expliqué qu’il a été investi d’une mission par le Chef du gouvernement pour s’entretenir avec les autorités locales et les citoyens sur l’affaire des logements en préfabriqué afin d’envisager une solution par le dialogue.

Après avoir rappelé la décision du président de la République, lors de sa 1ère visite à Chlef, qui consiste en l’éradication des logements préfabriqués réalisés après le violent séisme du 10-10-1980, il a exprimé son regret quant à l’intervention d’associations et formations politiques hors wilaya, qu’il considère comme les commanditaires de ces violences et dont le but est de nuire à la crédibilité de l’Etat et à ses institutions». Et d’ajouter «Il s’est avéré que 95% des personnes arrêtées par les services de sécurité sont soit des mineurs soit des personnes qui n’ont aucune relation avec le dossier du préfabriqué».

Abordant le point relatif aux dégâts occasionnés aux édifices publics et privés, et dont la réparation coûtera d’importantes sommes d’argent, il a indiqué qu’ils sont considérables : plus de 25 édifices publics ont été saccagés et ou incendiés (les sièges de la DMI, de la DFP, du cadastre, la pêche, la BEA, le CPA, la gare ferroviaire, la poste centrale, l’ADE, les laboratoires de traitement des eaux, etc.) en plus des biens privés.

Et d’ajouter que si les préoccupations ne trouvent pas de solution au niveau local, elles seront examinées dans une semaine en conseil inter-ministériel.

Dans son intervention, M. Yacoubi est revenu longuement sur la situation des sinistrés depuis 1980 jusqu’à ce jour. Il a insisté sur les contraintes et problèmes rencontrés par les occupants de ces logements qui souffrent de maladies causées par la présence de l’amiante, et l’état de précarité avéré des logements «Ce n’est pas tout le monde qui a construit. Certains citoyens, sans moyens financiers, n’ont même pas procédé à la surélévation des clôtures. Nous pouvons le vérifier ensemble sur le terrain». Et d’ajouter «hier nous avons eu une rencontre avec le wali. En marge de cette réunion, nous avons fait une déclaration à la radio locale pour un apaisement de la situation».

Après un long débat au cours duquel sont intervenus une élue de l’APN, le président de l’APW, le président de l’APC de Chettia et d’autres membres du mouvement associatif et des comités de quartiers, les principales préoccupations exprimées sont l’application des dispositions contenues dans la loi de finances 2007 et ne faire aucune distinction entre acquéreurs et locataires. «Ce sont tous des sinistrés», «nous demandons l’application du contenu de la loi de finances 2007 signée par le président de la République».

Le représentant du gouvernement a demandé la constitution d’une commission présidée par le P/APW, composée du secrétaire général de la wilaya, un élu de l’APN ou du sénat, un imam, trois représentants des sinistrés des communes de Chlef et Chettia, les deux P/APC de ces deux communes et un ou deux autres membres. Cette commission aura à examiner les préoccupations des sinistrés du 10/10/1980 relatives aux problèmes du préfabriqué. Elle dispose d’une semaine pour achever ses travaux dont les résultats doivent être consignés dans un document. Les préoccupations seront examinées dans un conseil inter-ministériel pour prise de décisions.