Berriane scelle son pacte de paix aujourd’hui

Après plus d’une année de crise

Berriane scelle son pacte de paix aujourd’hui

El Watan, 31 mars 2009

La ville de Berriane pourrait sceller aujourd’hui son pacte de la paix. Une charte de réconciliation entre les deux communautés, ibadite et malékite, va être signée et mise en application, en présence des autorités locales et du ministre délégué chargé des Collectivités locales, Daho Ould Kablia.

Dans un communiqué rendu public hier, ce dernier a annoncé qu’il se rendra à Berriane, dans le cadre de « la mise en œuvre de mesures préliminaires à même d’assurer le bon déroulement des prochaines échéances scolaires, de l’apaisement, de la réconciliation entre les différentes parties concernées et aussi pour s’assurer de la bonne exécution des décisions prises en matière de relogement et d’affectation de locaux. » Il était temps, diront les plus avertis. La ville de Berriane a payé un lourd tribut : 5 morts et des dizaines de blessés dans les deux rangs et des centaines de logements et de locaux commerciaux incendiés ou saccagés, durant plus d’une année de crise.

Les tentatives de réconciliation engagées tantôt par les autorités locales tantôt par les notables des régions limitrophes pour ramener les deux communautés à vivre en paix n’ont pas abouti, du fait de l’approche quelque peu exclusive à l’égard de certains animateurs. Les derniers événements du début février dernier et la gravité de leurs conséquences sur la population ont fait l’effet d’une bombe. La nécessité de réconcilier les ibadites avec les malékites est devenue une urgence, tout comme d’ailleurs la prise en charge des familles sinistrées des deux côtés de la ville. Les différentes promesses d’aide par les autorités lors des événements d’octobre 2008 n’ont malheureusement pas été tenues. Les familles chassées de leurs maisons n’ont pu rejoindre leurs foyers, alors que leurs enfants ont été privés d’école du fait que celles-ci se trouvaient au milieu des quartiers d’en face.

La vie entre les deux communautés était devenue un enfer. Chacune des parties se dit persécutée par l’autre et les agressions devenaient de plus en plus nombreuses face à la passivité des autorités. Situation qui a fini par dégénérer en ce 1er février 2009 pour se solder par un bilan très lourd : 2 morts et plus d’une trentaine de blessés. La ville de Berriane s’est enflammée pour la troisième fois. Les autorités ont décidé de prendre le problème au sérieux en le traitant avec une nouvelle approche. Celle d’impliquer toutes les parties concernées sans aucune exclusion et prendre en charge tous les aspects de la crise.

D’abord, à travers une charte de réconciliation adoptée par tout le monde, sans exception. Il ne reste aujourd’hui qu’à signer ce pacte et entamer le relogement des sinistrés et l’indemnisation des commerçants qui ont perdu leurs biens. La liste des bénéficiaires est déjà élaborée par les notables des deux communautés, en espérant que cette aide sera effective sur le terrain, dans l’espoir de voir les enfants regagner les bancs de l’école après avoir perdu plus de 45 jours de scolarité. Une journée historique attend donc les habitants de Berriane qui espèrent voir se fermer définitivement les portes de la violence.

Par Salima Tlemçani