Elesctions présidentielles de 2019: Déjà le top-départ ?

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DE 2019

Déjà le top-départ ?

Le Soir d’Algérie, 14 janvier 2018

L’échéance de 2019 est au centre de toutes les préoccupations de la vie politique en Algérie. L’enjeu exacerbe les tensions entre camps rivaux, ravive de vieilles querelles, creuse des fossés entre partisans de mêmes formations politiques et redonne souffle à des acteurs qui ont su patienter tout ce temps avant de redémarrer dans la course vers les présidentielles.
Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Le tout prend forme à travers la parution, très régulière, d’informations permettant, peu à peu, de mettre l’échiquier en place et de confirmer, si besoin est, que le top départ pour les présidentielles a bel et bien été donné. Les activités se présentent le plus souvent sous forme d’appels et… d’annonces de création de comités de soutien. Le nom de Mouloud Hamrouche est apparu ainsi cette semaine lors de la publication d’une pétition soutenant sa candidature pour 2019. L’appel émane d’un groupe d’intellectuels qui se réclame comme étant d’une «Algérie lucide » qui milite pour une ouverture démocratique et une stabilité politique à même d’assurer une sortie de crise en douceur. Pour l’instant, l’information n’a été suivie d’aucune infirmation ou confirmation de la part du concerné. Et il est fort à parier qu’il faudra encore attendre un certain moment avant d’être fixé sur la participation ou pas de Mouloud Hamrouche à cette cruciale échéance. Candidat à l’élection présidentielle en 1999, celui-ci s’est retiré du processus d’un commun accord avec cinq autres candidats qui estimaient alors n’avoir rien à faire dans une course où Bouteflika était gagnant d’avance. En 2014, et après avoir fait planer l’incertitude sur sa participation aux élections, il avait fait part de son refus de «donner un sens» à la démarche en cours. Le doute plane aussi pour un certain nombre d’autres noms parmi lesquels figure incontestablement celui de Chakib Khelil. L’opacité qui entoure à ce jour les raisons de son retour au pays après de longues années d’absence et la manière dont de hauts responsables ont mené campagne pour démentir toutes les accusations dont il fait l’objet ont nourri de nombreuses rumeurs sur un probable retour à des postes de responsabilité. Il y a quelques jours, l’ancien ministre a été directement interrogé par un internaute au sujet de sa participation éventuelle aux présidentielles de 2019. L’ancien ministre a préféré ne pas écarter la possibilité en donnant cette réponse : «Dieu seul le sait.» Le fait aurait pu paraître comme étant une réponse anodine, évasive, formulée dans un langage bien connu des Algériens qui laissent au destin le soin de trancher dans des questions sensibles, mais la soudaine crise qui a éclaté entre lui et le Premier ministre a accentué tous les signes de l’existence d’une guerre dont l’échéance demeure 2019. Ouyahia, qui s’était impliqué dans la campagne pour la restauration d’un Chakib Khelil très mal perçu par les Algériens en le présentant comme une victime de l’ancien DRS et du système judiciaire, a eu pour tout retour des attaques en règle ayant pour but de le présenter comme l’un des principaux responsables de la crise dans laquelle se débat la société algérienne. La violence des termes utilisés a mis en évidence l’existence d’une véritable crise entre les deux hommes et incité le porte-parole du RND à déplorer le fait que l’ancien ministre de l’Energie tente de «tirer la couverture» vers lui. Cette situation a inévitablement fait naître le sentiment qu’il y avait dans l’air comme une guerre de «positionnement » en perspective de l’échéance de 2019. Comment expliquer sinon la sortie médiatique de Seddik Chihab ? Connu pour sa fidélité à son responsable (Ouyahia), ce dernier n’a, en effet, pas hésité à le critiquer lors d’un passage à une émission télévisée. Saisissant le message au vol, Chakib Khelil a réagi ayant compris que l’heure cruciale ne permettait pas que son image soit à nouveau ternie au moment où il tente de la restaurer. Pour Ouyahia, le doute ne semble pas permis. Longtemps présenté comme candidat potentiel à El-Mouradia, l’homme a jugé utile de rappeler récemment que son «soutien au Président Bouteflika est sans condition» et qu’il n’allait pas «le gêner s’il décidait de briguer un nouveau mandat». Et tout l’enjeu tourne justement autour du cinquième mandat. Objet de supputations, d’interrogations, de projections, l’éventualité de voir le Président Bouteflika se présenter une nouvelle fois est au centre de tous les débats. Sans confirmation, l’opinion se contente de saisir les signes pouvant éclairer. Et ces signes se font justement de plus en plus nombreux actuellement. Les zaouïas, centres actifs sur lesquels se sont basés tous les pouvoirs successifs, ont réactivé leurs réseaux et annoncé officiellement la création d’un comité de soutien à Bouteflika pour un 5e mandat. Il a précédé l’annonce de la création d’un autre comité de soutien initié celuilà par un député bien connu du FLN. Tliba a appelé Bouteflika à se présenter à nouveau, ce qui a suscité une vive réaction du SG du FLN qui avait instruit le parti de ne pas évoquer le sujet des présidentielles. Tliba en a fait fi, mais la réaction de Ould-Abbès a confirmé, une fois de plus, ce qui s’apparente à une tradition chez le Président en poste : celle qui consiste à ne confirmer sa candidature qu’au dernier moment. Les expériences passées l’ont prouvé, et l’assiduité qu’observe Ould- Abbès à éviter d’évoquer le sujet le confirme davantage. Surtout depuis le démenti cinglant apporté par la présidence de la République à Farouk Ksentini qui affirmait avoir été informé par Bouteflika de sa volonté de briguer un nouveau mandat.
A. C.