Révélations fracassantes sur Bouteflika et Belkheir

LE GENERAL HOCINE BENHADID

Révélations fracassantes sur Bouteflika et Belkheir

El Watan, 30 mars 2004

Dans un entretien paru dans l’édition d’El Khabar d’hier, le général à la retraite et ancien commandant de la IIIe Région militaire, M. Hocine Benhadid, a traité le général Larbi Belkheir de «principal architecte de tous les complots qui ont été tramés en Algérie depuis l’époque de Chadli jusqu’à aujourd’hui».

Expliquant longuement les positions de la grande muette par rapport aux différents processus électoraux en Algérie, M. Benhadid a révélé que «l’institution militaire n’a intronisé un chef d’Etat qu’une seule fois, à savoir en 1992 quand l’Algérie fut confrontée à une crise des plus dangereuses». Selon ce retraité de l’ANP, ce sont trois ou quatre officiers qui tentaient souvent de faire croire au peuple qu’ils étaient les hommes les plus influents de l’armée. Plus clair, l’ancien militaire dira : «En 1994, ce groupe avait approché Bouteflika pour l’investir de la fonction de président de la République, mais ce dernier appréhendant la crise qui prévalait en Algérie avait fui ses responsabilités». Par contre, ajoutera-t-il, «Liamine Zeroual avait assumé cette même tâche bien que la conjoncture ait été des plus dramatiques». A une question de savoir si la dérobade de Bouteflika en 1994 n’a pas diminué son estime aux yeux des généraux, l’ancien commandant de la IIIe Région miliaire indiquera que cet homme a laissé une piètre image au sein de l’état-major de l’armée. Par ailleurs, précisera-t-il, «ces mêmes officiers qui opèrent dans l’ombre l’ont propulsé et imposé afin qu’il puisse assouvir sa vengeance à l’encontre des Algériens». Abordant la conjoncture de 1999, quand le président Zeroual avait écourté son mandat et annoncé une élection anticipée, M. Benhadid a relevé que «ce même groupe de retraités qui travaille à la Présidence et active dans l’ombre avait ramené Bouteflika et fait circuler l’information selon laquelle cet homme était coopté par l’institution militaire, ce qui est, somme toute, une contre-vérité.» Plus loin, M. Benhadid a dévoilé le nom de celui qui fut longtemps l’auteur des manœuvres secrètes du sérail. Il s’agit de Larbi Belkheir, actuel chef de cabinet de Bouteflika. «Il est vrai que cet homme s’est éclipsé du champ politique, mais il avait continué à travailler même sous le règne de Zeroual et faisait croire aux gens qu’il exerçait une influence sur le commandement militaire», a -t-il ajouté. A l’ère de l’ancien président de la République Chadli Bendjedid, selon M. Benhadid, Larbi Belkheir fut, de par son poste, le principal décideur. «Il a réussi à créer des cellules au sein de l’institution militaire et au sein de tous les organismes, notamment économiques et bancaires. Ces cellules opèrent sous les ordres de Belkheir qui a toujours prétendu être le centre de décision», a-t-il souligné. Interrogé sur les déclarations du président-candidat, selon lesquelles il serait parrainé par l’armée, l’interviewé a estimé que «si Bouteflika a réellement tenu ces propos, il ne s’agit, en fait, que d’une contre-vérité, voire d’une manœuvre». Est-ce que ce groupe d’officiers exerce toujours une influence sur l’institution militaire ? «Il peut faire des pressions pour truquer l’élection du 8 avril prochain», a-t-il répondu. «D’ailleurs, selon mes informations, les procès-verbaux de cette élection ont été préalablement établis par ces personnes. Dans ces PV, Bouteflika serait le vainqueur avec 60 à 70 % des suffrages. Mais les intentions de fraude et les calculs de ce groupe ont été contrecarrés par les déclarations du chef d’état-major de l’ANP qui a annoncé la neutralité de cette institution. Si fraude il y aura, cela sera un précédent très grave en Algérie», a conclu le général Hocine Benhadid.

Par A. Benchabane