FFS: Nouvelle initiative politique

FFS

Nouvelle initiative politique

El Watan, 30 novembre 2003

Le Front des forces socialistes (FFS), qui n’exclut pas d’emblée sa participation à la présidentielle de 2004, compte prochainement émettre une proposition de sortie de crise à la classe politique, aux syndicats et au pouvoir.

Selon le porte-parole du parti, M. Tabbou, cette initiative transpartisane vise à réunir «un minimum de conditions garantissant l’amorce d’un processus politique sérieux». Parmi ces conditions, les exigences traditionnelles du FFS : levée de l’état d’urgence, abrogation de toutes les lois d’exception, ouverture des champs politique, d’opinion, de manifestation, envoi de rapporteurs spéciaux onusiens pour enquêter sur la situation des droits de l’homme. Mais également des revendications en rapport avec des conflits récents, notamment le retrait de l’agrément préalable qui empêche la création de syndicats, de partis ou de journaux. Le parti de M. Aït Ahmed espère aussi élaborer avec les partenaires sociaux «un plan économique et social qui mettra fin au pillage du patrimoine national et au bradage des richesses du pays». «Je ne pense pas qu’un parti politique ou un pouvoir qui n’accepte pas ce minimum puisse se dire démocrate», rétorque M. Tabbou au sujet des chances de succès d’une telle initiative. A titre de rappel, le FFS a adressé en 2001 un mémorandum contenant des revendications similaires aux hauts responsables de la hiérarchie de l’Armée nationale populaire (ANP), en qualité de «véritables décideurs», et au président Abdelaziz Bouteflika. Ce dernier n’a pas jugé utile de répondre, alors que les premiers cités avaient répliqué qu’ils ne «s’occupaient pas de politique». Le parti de Hocine Aït Ahmed estime ces garanties nécessaires à la crédibilité de la prochaine élection électorale. Il se dit cependant «désintéressé» par «l’hystérie électorale» qui anime la scène politique nationale. Allusion aux déchirements au sein du FLN. Mais aussi aux dernières sorties de certaines personnalités et formations politiques que le FFS accuse d’être des «relais du pouvoir». M. Tabbou cite nommément M. Rédha Malek et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), ce dernier devant tenir les états généraux des démocrates. «A chaque fois qu’il y a une élection, certaines personnalités versent dans la formulation de recettes politiques et intellectuelles. Nous sommes un parti qui ne croit pas au prêt-à-penser», souligne notre interlocuteur. «Le diagnostic est simple : nous avons d’un côté une dictature et, de l’autre, une société qui bouge, mais qui reste réprimée. Face à ce diagnostic, le pouvoir utilise ses relais, son argent pour diviser les Algériens en familles politiques en attitrant les uns de démocrates, les autres de conservateurs et d’islamistes. Ils se sont interposés pour pervertir le sens et l’équation politique du pays», poursuit notre interlocuteur. Quant aux garanties données par le chef de l’état-major de l’ANP, Mohamed Lamari, sur la régularité du scrutin, le FFS affirme «ne pas croire aux professions de foi, sans effets concrets sur le terrain». Concernant le dépôt de plainte du ministère de la Défense nationale (MDN) contre M. Aït Ahmed pour diffamation, M. Tabbou a affirmé que celui-ci n’a pas encore été saisi officiellement et que des dirigeants du parti comptent entreprendre les démarches nécessaires pour s’informer de quoi il retourne.
Par Amar Hamiche