Fin de Ramadhan sanglante en Palestine occupée

Israël continue à infliger des punitions collectives à la population

Fin de Ramadhan sanglante en Palestine occupée

El Watan, 4 juillet 2016

Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, a décidé de punir l’Autorité palestinienne. Comment ? En réduisant les montants des taxes qui lui sont transférées chaque mois. Prétexte avancé ? L’Autorité est accusée de faire dans l’«incitation au terrorisme».

En Cisjordanie occupée, la ville d’El Khalil et les villages qui l’entourent sont soumis à un blocus israélien total depuis le 1er juillet. La région est connue pour avoir donné le plus grand nombre de martyrs au soulèvement populaire palestinien qui a commencé en octobre dernier. Cette mesure extrême a été prise par l’occupation après la mort de deux colons israéliens au cours d’attaques menées par des Palestiniens, prouvant que la révolte palestinienne se poursuit toujours. Les Palestiniens ont réussi à tuer 2 Israéliens et à en blesser 6 autres dans 4 attaques menées au cours des dernières 72 heures.

Les attaques palestiniennes ont commencé jeudi dernier, lorsqu’un jeune Palestinien, Mohamed Taraira, âgé de 19 ans, a réussi à s’infiltrer dans une maison de la colonie Kyriat Arbaa, proche d’El Khalil, et à poignarder à mort une Israélienne, avant d’être tué par des soldats israéliens. Vendredi, une femme de 27 ans, Sarah Taraira, du village de Beni Naim, a également été tuée de sang-froid à El Khalil, sous prétexte qu’elle aurait tenté de poignarder une policière israélienne au niveau d’un barrage militaire proche de la mosquée d’El Khalil.

Des témoins palestiniens ont démenti cette version israélienne et ont indiqué que la jeune femme (qui était enceinte) a été tuée sans cause apparente. Un acte de racisme sans doute, comme on en enregistre beaucoup en ce moment. Dans l’après-midi, un Palestinien a tiré sur la voiture d’un colon israélien près de la ville d’El Khalil. Le colon, âgé de 53 ans, a été tué sur le coup. Trois autres personnes ont été également blessées dans cette attaque.

L’homme était le directeur d’une école religieuse, connu pour ses positions extrémistes envers les Palestiniens. L’auteur de l’attaque a réussi à s’enfuir. Enfin, un Palestinien âgé d’une cinquantaine d’années est mort au niveau du barrage militaire israélien de Kalendiya, au nord de la ville sainte d’El Qods. Il a été asphyxié par des gaz lacrymogènes, tirés par les soldats d’occupation sur la foule qui tentait de gagner la mosquée d’El Aqsa pour le dernier vendredi du mois de Ramadhan.

Le chantage israélien

Le gouvernement israélien ne s’est pas contenté de cette punition collective et de l’envoi de milliers de soldats en renfort un peu partout en Cisjordanie occupée. Netanyahu, le Premier ministre, a décidé de punir l’Autorité palestinienne elle-même. Comment ? En réduisant les montants des taxes transférées chaque mois. La raison ? L’Autorité est accusée de faire dans l’«incitation au terrorisme». «M. Netanyahu a ordonné que soient déduits du montant des taxes transférées à l’Autorité palestinienne les sommes que cette dernière verse aux terroristes et à leurs familles», précise un communiqué.

Israël transfère chaque mois environ 127 millions de dollars à l’Autorité palestinienne au titre des taxes et droits de douane qu’elle collecte en son nom sur les marchandises destinées aux Palestiniens mais transitant par l’Etat hébreu. Ces événements coïncident avec la publication d’un rapport du Quartette fortement critiqué par les Palestiniens. Pourquoi ? Il met sur un pied d’égalité l’occupant et les occupés dans l’échec actuel de l’aboutissement de la solution basée sur deux Etats.

Les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, les démolitions de maisons palestiniennes et la confiscation de terrains par Israël «sapent la viabilité de la solution à deux Etats», c’est-a-dire Israël et un Etat palestinien coexistant pacifiquement, ont néanmoins estimé vendredi les Etats-Unis, la Russie, l’Union européenne et l’ONU, qui composent le Quartette pour le Proche-Orient. Les dirigeants palestiniens «ne condamnent pas clairement et systématiquement les attaques terroristes spécifiques», ont déploré les membres du Quartette.

Le délire du Quartette

Saeb Erekat, secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et négociateur palestinien en chef, a déclaré que «le rapport du Quartette ne satisfait pas les attentes du peuple palestinien qui vit sous l’occupation militaire israélienne puisqu’il met sur un pied d’égalité l’occupant et l’occupé». «Des parties internationales s’obstinent à ne pas prendre leurs responsabilités légales et morales envers l’application du droit international et les accords internationaux pour la protection de notre peuple palestinien et la garantie de notre droit à l’autodétermination», a ajouté Saeb Erekat.

Les mêmes critiques ont été lancées par d’autres responsables palestiniens, dont Abou Roudeina, le porte-parole du président Mahmoud Abbas, et Ahmad Majdalani, membre du comité exécutif de l’OLP. En fait Netanyahu et son gouvernement de droite ne reconnaissent aucun des droits fondamentaux au peuple palestinien, ni son indépendance ni son droit à un Etat souverain, ce qui explique cette réaction vis-à-vis de la colonisation. Les Palestiniens sont dans une situation de légitime défense. Maintenant, c’est leur survie en tant que peuple qui est en jeu.

Fares Chahine