Adhésion de l’état Palestinien à l’ONU: Le niet de Washington

Adhésion de l’état Palestinien à l’ONU

Le niet de Washington

El Watan, 8 septembre 2011

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, et deux émissaires américains ont constaté, hier, leurs divergences sur l’opportunité d’une demande d’adhésion d’un Etat de la Palestine à l’ONU, ont déclaré à l’AFP de hauts responsables palestiniens.

«Le fossé entre les positions palestinienne et américaine persiste après la rencontre», a indiqué le porte-parole de Mahmoud Abbas, Nabil Abou Roudeina, au terme d’entretiens avec David Hale, émissaire américain pour le Proche-Orient, et Dennis Ross, conseiller spécial du président américain Barack Obama. «Il y a des efforts en cours et un accord pour poursuivre les communications avec l’Administration américaine et l’envoyé spécial du Quartette (sur le Proche-Orient, regroupant les Etats-Unis, la Russie, l’UE et l’ONU), Tony Blair», a-t-il assuré. «Nous sommes déterminés à préserver notre droit d’aller à l’ONU pour demander l’adhésion à part entière de l’Etat de Palestine», a-t-il ajouté. «La rencontre a révélé l’ampleur des divergences entre les positions palestinienne et américaine, il y a toujours un désaccord sur la démarche aux Nations unies», a affirmé, de son côté, le négociateur palestinien Saëb Erakat.

Les émissaires américains ont réitéré l’opposition de Washington à la demande d’adhésion à l’ONU et «ont fait part d’efforts intenses de l’envoyé du Quartette, Tony Blair, pour une publication par celui-ci d’une déclaration invitant les parties à reprendre les négociations», a-t-il poursuivi. La dernière réunion du comité de suivi arabe avant la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU aura lieu le 12 septembre au Caire en présence de Mahmoud Abbas, a-t-il précisé. La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, s’est entretenue mardi au téléphone avec le dirigeant palestinien, qu’elle a invité à écouter les propositions de la délégation américaine «dans un esprit d’ouverture», a annoncé le département d’Etat. Faute de perspective de reprise des négociations de paix avec Israël, Mahmoud Abbas compte présenter une demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU le 20 septembre à l’Assemblée générale des Nations unies, malgré l’hostilité des Etats-Unis qui ont menacé d’y mettre leur veto au Conseil de sécurité.

Soutien de la Chine

De son côté, la Chine a confirmé hier soutenir la demande d’adhésion d’un Etat de Palestine à l’ONU, en estimant qu’il s’agit d’un «droit légitime inaliénable» des Palestiniens et que cela représenterait un facteur de paix dans la région. «Nous comprenons, respectons et soutenons le projet palestinien de soumettre cette question aux Nations unies», a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu. «Un Etat indépendant est un droit légitime inaliénable du peuple palestinien», a affirmé Mme Jiang. «C’est également porteur d’une paix durable au Proche-Orient», a-t-elle ajouté.

L’émissaire spécial de la Chine au Proche-Orient, Wu Sike, a déjà informé l’Autorité palestinienne que Pékin allait voter en faveur de l’admission d’un Etat de Palestine à l’ONU, a rapporté fin août l’agence de presse officielle palestinienne Wafa. Les Palestiniens espèrent obtenir le soutien de «plus de 150 pays» sur les 192 membres de l’ONU, selon le négociateur palestinien Saëb Erakat. Pour le chef de la mission de Palestine en France, Hael Al Fahoum, «la formulation que le président Abbas va présenter le 20 septembre consiste en une demande pour devenir un Etat membre à part entière» et pas pour être «un Etat observateur comme le Vatican». Et de poursuivre : «Même si les Américains vont mettre leur veto, la procédure va continuer» devant l’Assemblée générale. «Il va y avoir débat (…). Le plus important c’est de transformer la situation négative actuelle en dynamique positive pour explorer tous les moyens pour pouvoir retourner à la table de négociations», a-t-il ajouté.

Hael Al Fahoum a qualifié d’«exagérées» les déclarations alarmistes, notamment de dirigeants israéliens, sur des risques de flambées de violences au Proche-Orient engendrés par la démarche palestinienne à l’ONU. «Ce genre de discours ne passera plus. Ils sont en train de perdre leur crédibilité», a-t-il dit.
Rédaction internationale