Ghaza : Les Palestiniens entre défaitisme arabe et imposture des «civilisés»

Ghaza : Les Palestiniens entre défaitisme arabe et imposture des «civilisés»

par Salem Ferdi, Le Quotidien d’Oran, 19 novembre 2012

« Pas d’énigme dans le secret de la résistance. Elle est populaire, voilà tout. (Ce qu’elle veut, c’est expulser l’ennemi hors de ses propres habits.) Et la résistance adhère à la population comme la peau aux os. Nul n’y est l’élève et l’autre le maître» (Mahmoud Darwiche).

Les habitants de Ghaza n’ont pas été surpris par l’absence d’action concrète de la part de la Ligue arabe, pour les soutenir, alors qu’Israël, soutenue par les Etats-Unis et les Occidentaux, poursuivait ses attaques contre les civils et les infrastructures. Au cours de la nuit, alors que les Etats arabes s’en tirent avec un appel à «la communauté internationale», les bombardements israéliens ont tué dix palestiniens. Parmi eux, un enfant de 18 mois et deux autres enfants, un frère et une sœur de 3 et 1 an. Depuis mercredi, 60 palestiniens ont été tués, la plupart sont des civils dont 13 enfants et plus de 500 palestiniens ont été blessés. Des vies enlevées parce que Netanyahu veut se faire réélire et parce que Barack Obama se fait plus sioniste que l’AIPAC,et surtout parce que les dirigeants arabes continuent de discuter au lieu d’agir. Le président du parlement iranien, Ali Larijani, sans les attaquer, a mis en évidence la faiblesse de la réaction arabe en soulignant que les «actions politiques de certains pays de la région sont utiles mais pas suffisantes.Aujourd’hui, on attend d’eux qu’ils envoient une aide militaire». Il a relevé – constat d’évidence – que «les Etats-Unis et l’Occident envoient des armes au régime sioniste. Pourquoi dès lors ne faudrait-il pas envoyer des armes à la Palestine ?» Ce refus de nier l’évidence est sans doute la raison pour laquelle des régimes de la veulerie arabe ont décrété que l’Iran était «l’ennemi principal» et non Israël.

LE PROCESSUS DE PAIX N’EXISTE PAS, QUELLE SURPRISE !

Les ministres des affaires étrangères arabes ont découvert – quelle surprise ! – qu’il n’existe pas de processus de paix. Ils ont ainsi demandé au «Comité de l’Initiative arabe de paix» de remettre les choses à plat, dénoncé l’agression «israélienne barbare et appelé le Conseil de sécurité à assumer ses responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et à prendre les mesures nécessaires pour l’arrêt de l’agression et protéger le peuple palestinien. Discours vain,maintes fois entendu qui provoque la colère des opinions arabes. Il est quand même scandaleux de continuer à se poser des questions sur «l’utilité de maintenir l’engagement des Arabes à proposer l’initiative de paix arabe comme un choix stratégique» alors qu’Israël fait en permanence le choix de la guerre. C’est une interrogation totalement creuse quand on sait le nombre de guerres déclenchées par Israël depuis «l’initiative de paix arabe» de 2002. Et ce n’est pas la venue, mardi, d’une délégation ministérielle de la Ligue arabe, présidée par le secrétaire général de l’organisation, M. Nabil al-Arabi, qui va réduire la solitude des palestiniens. Pas de quoi gêner non plus Israël dont l’armée est prête à «étendre significativement» sa guerre contre Ghaza a déclaré Netanyahi qui s’est félicité du soutien de Barack Obama.

IMPOSTURE… SO BRITISH !

Dans le même temps, des actions diplomatiques sont en cours pour parvenir à une trêve. L’Egypte joue un rôle important en ce sens.Un responsable palestinien à Ghaza a indiqué que des discussions sérieuses en vue de parvenir à une trêve, et des arrangements pourraient être trouvés aujourd’hui ou demain». Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est arrivé, hier, à Jérusalem et entend jouer un rôle de médiateur pour un cessez-le-feu. Londres qui s’est outrageusement – et sans surprise – aligné sur Israël, a fait savoir qu’une opération terrestre israélienne pourrait «couter» à Israël «une grande partie» de son soutien international et qu’elle «menacerait de prolonger le conflit», selon la formule sirupeuse du chef de la diplomatie britannique, William Hague.

Le chef de la diplomatie britannique est, à l’évidence, très soucieux de l’intérêt d’Israël et de son image et il ment, ouvertement, en maintenant que le Hamas était «le premier responsable» de la situation actuelle. Des journaux occidentaux – il y a encore quelques journalistes dont la tête n’est pas embedded – ont rappelé la chronologie des évènements et montrent de manière indubitable que c’est Israël qui a rompu la trêve. Mais en ces temps d’imposture, rien ne peut surprendre de la part des «civilisés».