844 sans-papiers arrêtés en cinq mois

844 sans-papiers arrêtés en cinq mois

Oran, zone de transit des immigrants clandestins

par J. Boukraâ, Le Quotidien d’Oran, 3 août 2009

Pendant longtemps, les gens ont été forcés de fuir leur pays du fait de la famine, d’une pauvreté extrême et des guerres, en quête d’une vie meilleure. Les migrations, qui ne connaissent aucune frontière géographique ou légale, seront peut-être l’un des problèmes centraux de ce siècle. L’immigration clandestine est désormais un problème délicat auquel se trouvent confrontées les nations en développement. Malgré les dispositifs de lutte mis en place par différents pays, le phénomène de l’immigration clandestine prend de plus en plus d’ampleur. Les autorités algériennes sont aussi confrontées à ce problème de grande envergure, lié à l’afflux des immigrants clandestins provenant de toute l’Afrique et transitant par leur pays.

Lieu de transit, notre pays intensifie pour sa part la lutte contre l’immigration clandestine. Une grande partie des arrestations est, en effet, enregistrée dans l’ouest du pays (Oran, Maghnia et Béchar). Cette région est proche de la péninsule Ibérique que les clandestins tentent d’atteindre via le Maroc voisin. En effet durant les cinq premiers mois de l’année en cours, 844 immigrants clandestins ont été arrêtés selon un bilan communiqué dernièrement par les gardes-frontières de la région ouest dont 757 ont été arrêtés par les services de sécurité et 87 par les gardes-frontières. Avec 611 arrestations, les Marocains viennent en tête de liste, suivis des Maliens avec 92 arrestations en cinq mois. En 2008, le nombre des personnes sans papiers arrêtées au niveau de la région ouest était de 2.520 personnes.

La traversée du territoire algérien est l’une des étapes d’un voyage dangereux à destination de l’Europe, où les migrants espèrent trouver de meilleures conditions de vie. Les autorités doivent y apporter une solution adéquate. Le problème s’aggrave par suite du nombre de personnes sans emploi vivant dans le dénuement le plus total dans certains pays africains. La géographie fait de l’Algérie un point de passage quasi obligé.

Certains pourraient penser que ces immigrés noirs africains ne font que passer par l’Algérie, en attendant de trouver un moyen pour rejoindre l’Europe. Mais en réalité ils disent qu’ils trouvent leur compte en Algérie. Pour preuve, ils s’y sont installés avec leurs familles. Certains travaillent comme manoeuvres dans des chantiers privés de bâtiment.

D’autres essaient de se débrouiller comme ils peuvent, en vendant des téléphones portables, par exemple, pour gagner juste de quoi manger et payer la chambre d’hôtel. Mais il y en a d’autres qui arrivent même à faire des économies pour aider leurs familles dans les pays d’origine, soutiennent certains d’entre eux. Mais d’autres se disent convaincus que ces personnes sont plutôt versées dans le trafic et l’arnaque. Pour régulariser leur situation, certains Noirs africains ont même opté pour des mariages avec des Algériennes, espérant bénéficier d’un titre de séjour prolongé. Tous les moyens semblent être bons pourvu qu’on ne soit pas reconduit aux frontières.

En quinze ans, le nombre d’étrangers en situation irrégulière ayant tenté de séjourner en Algérie a été multiplié par 10. Ils sont issus de 48 nationalités africaines, dont la plupart venus des pays limitrophes – Niger (33%), Mali (13%), Nigeria (10%) et Maroc (10%). Des statistiques menées par les gardes-frontières algériens donnent ce chiffre effarant: au moins 35.000 immigrants clandestins ont été reconduits chez eux depuis l’année 2002. La lutte contre ce phénomène occupe pourtant une place particulière dans les programmes de coopération entre l’Algérie et l’Union européenne. Dix millions d’euros ont été alloués à notre pays par le programme MEDA II pour moderniser la formation des officiers de la police aux frontières.