Mali: L’accord de paix d’Alger à l’épreuve du terrain

Il a été signé il y a tout juste une année par les parties maliennes

L’accord de paix d’Alger à l’épreuve du terrain

El Watan, 22 juin 2016

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, était hier à Bamako pour faire le point avec son homologue malien sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de cet accord qui a mis du temps à se dessiner.

Cela fait une année pile depuis que les différents belligérants maliens ont conclu l’accord de paix d’Alger. Pour le moment, de nombreuses clauses du texte signé après de nombreux mois d’âpres négociations ne sont pas appliquées. Le processus du désarmement,
démobilisation et réinsertion (DDR) n’a toujours pas commencé, alors que l’identification des 24 sites de cantonnement est déjà faite.

Kidal est toujours aux mains des rebelles touareg. Mais le plus important, c’est que les hostilités entre les groupes armés du Nord et l’armée malienne ont cessé. Les adversaires d’hier se sont engagés à régler leurs différends de manière politique. Ce n’est pas rien pour ce pays qui a pris l’habitude d’être régulé par la violence. Toutefois, le chemin qui mène vers la paix et la stabilité reste long.

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, était justement hier à Bamako pour faire le point avec son homologue malien sur l’état d’avancement de la mise en œuvre de cet accord qui a mis du temps à se dessiner. Pour le chef de la diplomatie algérienne, le chemin parcouru jusque-là «suscite de l’espoir que le Mali tient, enfin, sa chance de reprendre la voie de la normalité, avec l’assurance de préserver l’intégrité de ses territoires». M. Lamamra a expliqué que l’expérience du dialogue au Mali, avec une médiation internationale, était «unique» dans la mesure, a-t-il estimé, où elle implique les pays du voisinage, les organisations régionales et internationales.

Il s’agit, a-t-il expliqué, d’une expérience «extrêmement novatrice, dans ce sens qu’elle a permis aux parties de s’assurer qu’il ne pouvait y avoir une subjectivité avec une partie au détriment des autres». Le message est clair : les parties n’ont aucune excuse pour ne pas appliquer l’accord de paix. «Le succès de la mise en œuvre de l’accord est l’unique issue et la population exige légitimement les dividendes de l’accord sur les plans de la sécurité et de la stabilité», a encore affirmé le ministre algérien.

Ramtane Lamamra est revenu aussi dans son discours sur le danger que représente le terrorisme pour un pays comme le Mali. «Cet accord, a-t-il dit à ce propos, implique, dans sa mise en œuvre, la défaite du terrorisme et de l’économie criminelle», expliquant que c’est la raison qui fait que les terroristes «redoublent de férocité» pour le mettre en échec. «Battre le terrorisme, c’est réussir la mise en œuvre de l’accord», a-t-il estimé, soutenant qu’«aujourd’hui de nouveaux horizons s’ouvrent au Mali et qu’il faut élargir».

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a, de son côté, mis en relief dans son allocution les efforts déployés par le gouvernement malien pour mettre en place les mécanismes importants prévus par l’accord. Il a cité, dans ce cadre, la signature du protocole d’entente pour la mise en place des autorités intérimaires dans les cinq régions du nord du Mali, ce qui ouvrira, selon lui, la voie aux services de l’Etat dans ces parties du pays. Le chef de la diplomatie du Mali a mis en avant le renouvellement du mandat de la Munisma sur la base du rapport du secrétaire général de l’Onu.

Ce renouvellement, a-t-il expliqué, nourrit l’espérance au Mali de «renforcer» les missions de cet organisme onusien afin d’«intensifier» la lutte antiterroriste, dans un contexte marqué par «la recrudescence» des actes terroristes dans la région. Tout en plaidant pour la prise en charge de cette question, il a préconisé d’aller vers des discussions en privilégiant une approche régionale.

Ramtane Lamamra et Abdoulaye Diop ont raison de s’inquiéter de la situation sécuritaire dans le pays. Celle-ci est toujours préoccupante dans plusieurs localités du Mali, où de nombreux attentats terroristes ont eu lieu. Mais il est vrai aussi que le Mali de 2016 n’est pas ce qu’il était il y a 5 ans, période durant laquelle il avait frôlé l’explosion. C’est ce qui permet aux Maliens d’entretenir l’espoir que leur pays finira par se sortir complètement d’affaire.
Zine Cherfaoui