Révolution démocratique dans le monde arabe : du virtuel au réel…

Les débats d’El Watan

Révolution démocratique dans le monde arabe : du virtuel au réel…

El Watan, 1er mars 2011

Huit ans durant, elle a vécu en immersion dans la société égyptienne, elle a une connaissance parfaite de son mouvement associatif. Sara Ben Néfissa, une Tunisienne spécialiste de l’Egypte, chercheuse en sociologie politique à l’Institut de recherche et de développement (IDR), a décrypté avec force subtilités la révolution égyptienne.

Séquence par séquence. Méthodique, très didactique, d’une déconcertante simplicité, son intervention, construite autour de quatre volets, a été suivie religieusement par les participants aux Débats d’El Watan. Mme Ben Néfissa rappelle d’abord les prémices de la révolution égyptienne, ensuite ses principaux déclencheurs, internes et externes ; les caractéristiques de cette révolution et autres éléments apparus «lors des 18 jours qui ont changé l’Egypte» et enfin la chercheuse balise les enjeux scientifiques et les paradigmes d’analyse des régimes politiques dans le monde arabe et ouvre de nouvelles pistes de recherche. En Egypte, deux phénomènes apparemment contradictoires, observe-t-elle d’emblée, sont apparus ces 5 dernières années : d’un côté un verrouillage politique, institutionnel très important, et de l’autre, une liberté d’expression et d’action tout aussi importante.

La spécialiste note une forte augmentation des mouvements sociaux et des protestations sociales adossées à un processus de démonopolisation du champ médiatique. Deux éléments principaux accompagnent ces deux phénomènes : les couches sociales réputées les plus démunies d’Egypte animant la protestation sociale ne sont liées à aucune force politique, «y compris aux islamistes qui ne sont pas à l’aise sur le terrain» de la contestation sociale ; l’autre élément, en rapport avec le processus de démonopolisation du champ médiatique a trait au rôle prépondérant des médias. «On parle ici du rôle joué par les agitateurs de la Toile, des réseaux sociaux, mais la démonopolisation du champ médiatique est d’abord liée à la création de groupes et journaux privés indépendants.» Elle cite le journal Al Masrioun, également les talk-shows diffusés par les chaînes satellitaires égyptiennes telle que Dream 2 et autres. «Ces émissions connaissent une large audience. Au point où l’an dernier, Al Jazeera s’était plaint des parts de marché raflées par ces chaînes égyptiennes.». Ces médias dont l’influence est omniprésente, surtout auprès de la «population qui n’a pas les moyens d’acheter des journaux», ont potentiellement contribué dans la «conscientisation sociale et politique». «Outre le fait que ces chaînes télé et radio donnent la parole aux acteurs des mouvements sociaux et, d’une certaine façon, elles les protègent car le régime ne pouvait plus les réprimer comme avant, ces médias ont aussi contribué à décloisonner l’espace social égyptien.

Avec ces émissions, les classes moyennes supérieures, les riches… ont commencé à voir comment vivent les couches défavorisées de la société égyptienne.» La conférencière souligne la transformation de l’espace public égyptien qui a «échappé de plus en plus au contrôle des pouvoirs publics, contraints de s’adapter au phénomène tout en essayant de le cantonner dans le registre des mouvements sociaux n’appelant pas à des prolongements de politiques», une «mutation fondamentale» des rapports dans la société : «On a de moins en moins peur de défier l’ordre établi.» Beaucoup de personnes s’interrogent, d’après elle, comment se fait-il que ce sont des groupes d’intellectuels, comme Kifaya (apparu après 2005) qui ont pu muter l’espace public et non pas les ouvriers de l’Egypte profonde qui ont contribué à ces changements ? «Kifaya, précise-t-elle, n’est qu’un symptôme d’un processus de démonopolisation de l’espace public sous la contrainte de la mondialisation et de l’importance accrue des élites politiques du dedans et du dehors.» L’autre prémice de l’explosion se situe au niveau politique. A la veille des législatives de 2010, la fragmentation de la classe politique de l’opposition s’est accentuée.

émergence d’une «opposition informelle»

«Au côté de l’opposition fragmentée, on a assisté à l’apparition d’une classe politique informelle, sous-produit d’une sphère hétéroclite composée de romanciers, journalistes, médecins… qui concurrençait l’opposition politique classique, aussi bien les partis Wafd et de Tagamouâ mais également les Frères musulmans. Ces derniers, on l’a vu, étaient prêts à faire alliance avec le régime contre des sièges à l’assemblée du peuple». La «classe politique informelle» a reçu un soutien de taille, El Baradaï, dont l’entrée en scène a eu un impact politique certain, car il a renforcé au sein du régime politique le clan «anti-Gamal Moubarak qui ne voulait pas d’une succession dynastique». Au chapitre des «déclencheurs de la révolution», Mme Ben Néfissa en cite trois internes et un externe. D’abord en juin 2010, l’assassinat du blogeur Khaled Saïd à Alexandrie: «Khaled n’était pas un opposant politique ni un militant des droits de l’homme, il a juste posté sur Internet une vidéo de policiers se partageant l’argent de la drogue. Son assassinat a eu un effet inouï sur la Toile.

La mobilisation de masse que cela a suscité s’est vérifiée le mois d’après, lors de la manifestation du 12 juillet 2010, à laquelle El Baradaï a participé.» Deuxième déclencheur: l’attentat d’Alexandrie (2 janvier 2011) contre une église copte qui «a montré, aux jeunes notamment, comment les forces de police sont capables, dans la réalité, de tuer des innocents. L’importance de cet événement se situe au niveau du débat public suscité et les nouvelles manières de protester de jeunes coptes. On était plus dans la logique ancienne de confinement communautaire et selon laquelle la protestation des coptes devait passer par le pape orthodoxe Chénouda II.» Les coptes ont opté pour l’occupation de l’espace public national, à une forme directe de protestation, la manifestation publique, et en s’adressant directement au pouvoir public sans médiation communautaire. Troisième déclencheur : le résultat des législatives de 2010 donnant une victoire insolente et par la fraude massive (420 sièges sur les 508 à pourvoir) au PND, le parti au pouvoir, dans l’exclusion des partis de l’opposition, y compris les Frères musulmans. «Le régime a réussi à se mettre à dos tout le monde, y compris la jeune garde du PND.»

Tunisie : le déclencheur externe

«C’est le plus important déclencheur», insiste Mme Ben Néfissa. «La chute de Ben Ali a eu pour conséquence ce que je qualifie de passage du virtuel au réel. Parce que la mobilisation des jeunes sur la Toile, les groupes et réseaux sociaux qui préexistaient n’avaient pas, jusque-là, de prolongement dans le réel.» L’exemple du Mouvement de jeunes du 6 Avril est très édifiant. Ce mouvement est né dans le sillage de la grève des ouvriers du textile, dans la ville de Mahla El Kobra, en 2008, et a relayé leurs revendications en appelant notamment à une grève générale pour le 6 avril. «Bizarre. Cet appel a même suscité la gêne des leaders syndicaux, incommodés par l’intrusion intempestive du politique dans le social. C’est finalement le communiqué du ministère de l’Intérieur interdisant la manifestation qui amplifiera l’appel du Mouvement du 6 Avril et le fera plus connaître à travers tous les médias.» Les éléments «nouveaux» et «caractéristiques de ces 18 jours de révolte qui ont changé l’Egypte», la chercheuse en retient plusieurs : d’abord les catégories sociales et démographiques impliquées.

Comparée à la Tunisie, explique-t-elle, où ce sont les jeunes défavorisés, sans emploi, issus des régions oubliées qui en sont les initiateurs, en Egypte ce sont des jeunes appartenant aux classes moyennes supérieures, notamment cette nouvelle couche sociale reliée au secteur privé et à la sphère du commerce international. «On a beaucoup parlé de la baisse de niveau, même de la quasi disparition de la classe moyenne traditionnelle en Egypte, mais en fait, il y a l’apparition de cette nouvelle couche moyenne.» Bien évidemment, reconnaît Mme Ben Néfissa, cette catégorie de jeunes issus de la couche moyenne n’est pas l’«acteur-clés» de la révolution. «La première liste des martyrs de la révolution est composée essentiellement de jeunes issus des quartiers pauvres, de la classe sociale défavorisée. Une chose est sûre : ce ne sont pas les acteurs de la protestation, des mouvements sociaux catégoriels qui ont été les déclencheurs de la révolution. Ces derniers ne sont intervenus avec force qu’à la deuxième semaine du mouvement, au moment même où le gouvernement Souleïmane jouait le pourrissement en appelant notamment à la reprise du travail. C’est finalement dans le cadre du travail que les mouvements sociaux ont pris de l’essor.» Autre caractéristique de la révolution égyptienne : il s’agit d’une révolution «sans leadership idéologique, sans zaïm». Les mots d’ordre, les slogans sont aussi importants de par leur mixage social et politique et les messages adressés à la communauté internationale : «la révolution du 25 janvier est d’abord celle du pain, de la liberté, de la dignité humaine».

C’est important, car il ne s’agit pas de la dignité nationale. «Echaâb yourid iskat nidham» (le peuple veut abattre le régime) ; «Irhal» (pars) : la teneur des slogans déclinés en plusieurs langues (anglais, français, arabe) prouvet «qu’on a affaire à une société qui a compris qu’il faut s’adresser à l’opinion publique internationale, que l’Occident ne se résume pas à l’opinion de ses Etats et des gouvernants». L’analyste décrypte également les forces politiques en présence : le 25 janvier, ce sont les jeunes qui ont appelé à la manifestation. Ce sont ceux du Mouvement des jeunes du 6 Avril, de l’association de soutien à Al Baradeï, des activistes de l’opposition informelle autour de Kifaya, des militants de la classe politique fragmentée de l’opposition (Wafd, Tagamouâ). «Le mouvement des Frères musulmans qui a soutenu individuellement la manifestation du 25 janvier n’est entré réellement en scène que le 28 janvier et a participé à la défense de la place Tahrir attaqué par les baltaguia.
Ces mêmes Frères musulmans, le 6 février ont tenté de négocier avec le régime». La spécialiste évoque également le rôle de «neutralité» de l’armée. Un rôle déterminant mis en exergue lors de la visite d’un haut gradé sur la place Tahrir, en plein affrontement entre manifestants pro et anti-Moubarak. Le communiqué n°3 du Conseil des forces armées qui a salué «les martyrs» de la révolution témoigne du basculement de l’institution militaire.

Mohand Aziri


«La bataille de la rue a été doublée d’une bataille médiatique»

«Moubarak est tombé également à cause de cette bataille perdue», dit Mme Ben Néfissa. «Il a perdu la guerre de l’image à la place Tahrir notamment lorsqu’il a décidé de lancer contre les manifestants les baltaguia à dos de chameau et à cheval.»

Autre bataille perdue qui a parachevé la «conquête médiatique» et doublé le nombre de manifestants sur la place Tahrir : l’interview de Wael Ghonim, le jeune cadre de Google arrêté pendant les manifestations antigouvernementales et libéré le 7 février, qui a raconté sur Dream 2 les conditions de sa détention. «L’entretien a provoqué une vive émotion en Egypte.» Les révolutions tunisienne et égyptienne, du pain béni pour le monde de la recherche scientifique. Elles ouvrent de nouvelles pistes, de nouveaux horizons. Les enjeux scientifiques se situent à plusieurs niveaux. D’abord, ils battent en brèche «la polarisation, la fascination de la recherche française pour l’Islam politique. Cela commence à bien faire. A force de n’étudier que cela, on a fini par alimenter la croyance que les régimes de la région ne peuvent être délogés que par les islamistes».

Deuxième point : les deux révolutions prouvent que les régimes autoritaires du Sud ne tiennent pas uniquement avec la matrice de la répression mais fonctionnent également par un système de collusion, de distribution, de transaction avec la société. «Ce qu’on appelle les pactes sociaux et politiques qui leur garantissent le maintien au pouvoir ont été dérangés ; il y a lieu de s’interroger à ce sujet et d’étudier les mouvements sociaux comme des objets politiques légitimes dont il faut parler ?»
Dernier élément : la nécessité d’exploser la thèse portant sur le processus d’hybridation des régimes politiques dans le cadre de la mondialisation qui remet en cause le droit des Etats sur les société ainsi que la distinction tranchée entre régime autoritaire et régime démocratique.
L’étude de la nature de ces régimes doit être élargie aux formes de l’action collective et des modes d’expression politiques.

Mohand Aziri


Au cœur du tsunami arabe

Sara Ben Néfissa et Michel Camau, deux éminents spécialistes, ont été conviés, lors des Débats d’El Watan, ce dimanche à l’hôtel Essafir, à livrer leurs analyses.

Deuxième intervenant à ces Débats d’El Watan dédiés à la «révolution démocratique arabe» : Michel Camau. Eminent politologue, professeur émérite des universités, le professeur Camau a enseigné à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence. Il eut également à diriger l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain.
A ce titre, c’est un fin spécialiste de la Tunisie à qui il consacra, du reste, plusieurs ouvrages, dont Syndrome autoritaire : politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali (avec Vincent Geisser).

D’ailleurs, son exposé sera entièrement réservé à la révolution tunisienne.
Le professeur Camau étrenne sa conférence en balisant le champ herméneutique suggéré par le thème de ces débats. Il prévient d’emblée qu’il ne va pas répondre à la question du «pourquoi» de ces révolutions, mais plutôt à celle du «comment». «Pourquoi est-ce parti de la Tunisie ? Beaucoup croient répondre à cette question. Mais moi, je ne peux y répondre. Je ne suis pas la réincarnation de Tocqueville», avoue-t-il avec humilité. Michel Camau estime même que «cette question, au fond, n’est pas pertinente. On a tendance à confondre les causes et les raisons de la révolution». Et d’expliquer: «Les raisons de se révolter sont permanentes, mais les révoltes, elles, ne surgissent qu’à la faveur de l’imprévu.

Elles relèvent de la surprise. Alors, au lieu de demander ‘’pourquoi’’, il convient de poser la question : Comment est-ce parti de la Tunisie? Seule la question du ‘’comment’’ permet de prendre en considération l’incertitude, l’inattendu.»
Le conférencier s’attachera dès lors à retracer les principales phases qui ont structuré le mouvement insurrectionnel tunisien, depuis l’immolation par le feu de Mohamed El Bouazizi ,le 17 décembre 2010, jusqu’à la fuite du dictateur tunisien le 14 janvier 2011.
Dans la foulée, Michel Camau passera en revue, en les relativisant, les différentes interprétations qui ont été avancées pour expliquer la «Révolution du jasmin», à commencer par la thèse de la «cocotte-minute qui a fini par exploser».
«En 2008, il y a eu la révolte de Gafsa. Pourtant, cela ne s’est pas propagé», objecte-t-il. En analysant les phases de la mobilisation populaire, il note que l’un des points de basculement aura été «le caractère multisectoriel des protestations, mettant en branle des secteurs importants de la société». Cela a été suivi, poursuit-il, d’un «désenclavement des mobilisations» qui ont débordé la circonscription de Sidi Bouzid pour gagner d’autres régions.
«C’est la période où Michèle Alliot-Marie passait ses vacances en Tunisie», ironise le conférencier. Le mouvement ira crescendo et sera marqué par l’entrée en scène des étudiants, des lycéens, des avocats et d’autres catégories sociales.
Parallèlement, au sommet, Michel Camau relève une «fragmentation des élites dirigeantes». «Les élites ont subi deux grandes défections, dissèque-t-il, celle de la direction nationale de l’UGTT qui a rejoint le mouvement, et celle, déterminante, du commandement de l’armée. Elle a joué un rôle décisif puisque c’est l’armée qui a mis Ben Ali dans l’avion».
Comme l’observait Sara Ben Néfissa pour l’Egypte, Michel Camau remarque que pour la Tunisie non plus «il n’y a pas eu de leadership» à la tête de ces manifs.

à l’ère de la «e-révolution»

Le politologue souligne que le passage d’une phase à l’autre de l’insurrection a régulièrement été marqué par l’émergence de ce qu’il appelle des «événements cruciaux». Ainsi, la phase de déclenchement a pour point paroxystique le suicide d’El Bouazizi, après, il y a eu l’assassinat du premier manifestant par balle et ainsi de suite.
«Ces événements cruciaux ont permis d’avoir une publicité et une visibilité», dit-il.
Pour lui, «Ben Ali a surtout perdu la bataille de l’information et de la publicisation». «Il y a eu une mutation de la perception du régime dans les différents secteurs de l’opinion. La supposée omnipotence du régime et la supposée absence d’alternative, le fameux à quoi bon, ces préjugés ont fait place à un élargissement du champ du possible et du dicible», observe le chercheur.
Et de s’interroger sur le rôle de l’Internet, de facebook et autres réseaux sociaux comme on l’a souvent entendu à propos de cette vague libertaire qui balaie le monde arabe. Pour Michel Camau, il ne fait pas de doute que ces nouveaux médias ont joué un rôle important dans cette «guerre des images»: «S’agit-il d’une e-revolution ? Je pense qu’Internet a joué un rôle, mais il y a eu aussi le rôle des téléphones mobiles et les images qui ont circulé par ce moyen avant d’être diffusées en boucle par Al Jazeera et les autres médias internationaux.»

Et d’en arriver à la question cruciale : après la révolution, la démocratie ? «Je ne vous apprends rien en vous disant que rien n’est joué, que ce soit en Tunisie ou en Egypte», tranche le politologue. Et de constater: «Cette focalisation sur de faux zaïms qui incarnent le régime et sa corruption a eu des effets fulgurants dans le basculement, mais après coup, cette focalisation peut avoir des effets plus complexes. En décapitant le régime, si la tête est tombée, le problème, c’est le corps. Ce sont les formes sociales et politiques d’autorité. La constellation du pouvoir ne disparaît pas du jour au lendemain.»
Le spectre d’un «autoritarisme démocratique» à l’algérienne après 1988 est d’ailleurs évoqué avec force par l’assistance au cours du débat qui a suivi.

C’est dire le scepticisme qui pèse sur la nouvelle ère ainsi annoncée. En scientifique épris de rigueur, Michel Camau se garde de tirer des plans sur la comète : «Est-ce à dire que cela va déboucher sur une démocratie ? Ce serait manquer de déontologie que de dire ce qui va advenir. Je ne vois pas dans une boule de cristal. Il convient de faire une distinction analytique entre la contestation démocratique et la construction démocratique», tempère-t-il, avant d’ajouter : «L’histoire avance à la faveur des grains de sable, de surprises et cela nous laisse toujours une porte ouverte sur l’espoir.»
Michel Camau n’omet pas de citer le poids des «variables internationales» et ce qu’il appelle «le régime transnational de surveillance de l’immigration, du terrorisme et des approvisionnements énergétiques».
Et de conclure en appelant de ses vœux qu’un peu de ce vent de révolte touche les politiques du Nord. «Une révolution au Sud suppose qu’on sache conjuguer le verbe ‘’dégager’’ en d’autres lieux…», suggère-t-il.

BIO-EXPRESS :

– Michel Camau est professeur émérite des universités, grand spécialiste du monde arabe. Il a enseigné à l’Institut d’études politiques d’Aix-En-Provence, dirigé l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman ainsi que l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Tunis et Rabat). Fin connaisseur de la Tunisie, il a consacré plusieurs études à ce pays.
Parmi ses livres : Autoritarismes démocratiques et démocraties autoritaires, Habib Bourguiba. La trace et l’héritage, Le Syndrome autoritaire. Politique en Tunisie de Bourguiba à Ben Ali.

– Sara Ben Nefissa est politologue.
Elle est chercheur à l’Institut de recherche
pour le développement (IRD).
Tunisienne, Sara Ben Néfissa a passé huit ans en Egypte dont elle est spécialiste.
Elle a consacré de nombreux ouvrages
à la situation politique en Egypte parmi lesquels :
Le Clientélisme politique et
les élections égyptiennes et Vote
et démocratie dans l’Egypte
contemporaine.

Mustapha Benfodil