L’Algérie face au chaos libyen

La frontière sous haute surveillance

L’Algérie face au chaos libyen

El Watan, 24 février 2016

Des responsables algériens s’attendent à des frappes militaires étrangères incessantes en Libye. Tout comme ils s’attendent à un drame humanitaire aux frontières du pays. Pour eux, une telle intervention aura de graves conséquences aussi bien économiques que sur le volet sécuritaire tout le long des régions frontalières vers lesquelles un afflux massif de réfugiés libyens serait attendu. Les autorités, disent-ils, sont en train de se préparer à ce scénario chaotique, contre lequel l’Algérie et les autres voisins de la Libye n’ont cessé de mettre en garde.

Alors que tous les experts expriment leurs craintes quant aux conséquences d’une intervention militaire en Libye, des sources diplomatiques confirment l’imminence de frappes aériennes, conduites par les Etats-Unis, et auxquelles prendraient part la France, l’Italie et la Grande-Bretagne. En Algérie, les responsables, avec lesquels nous nous sommes entretenus, sont tous «inquiets», parce que «convaincus» d’une intervention étrangère en Libye, pays avec lequel l’Algérie partage plus de 900 km de frontière.

Déjà que la situation est «extrêmement difficile», affirment nos interlocuteurs, avec la multiplication des acteurs politico-militaires qui s’affrontent pour le contrôle d’un terrain, déjà partagé entre les terroristes de Daech, au Nord notamment où se trouve le croissant utile, et entre un Sud ouvert sur le Sahel, l’Afrique centrale et de l’Ouest, devenu un terreau pour la criminalité organisée où des bandes armées s’adonnent librement aux trafics en tout genre comme ceux de la drogue dure, du kif, des armes et des pièces d’art, avec la complicité d’une communauté touareg, désabusée et longtemps abandonnée à son isolement.

A cette situation est venue se greffer Daech, ce groupe terroriste pourchassé en Irak et en Syrie par une coalition occidentale de plus de 20 pays, qui a réussi avec ses 5000 hommes, puissamment armés à contrôler la région la plus riche de la Libye, devenue un casse-tête pour ses voisins mais dont les partenaires ne voient comme solution que la voie militaire, qui selon eux, «est à même d’empêcher l’expansion de Daech et de venir à bout de ce groupe terroriste».

Mais, aussi bien les pays voisins que les experts rejettent toute intervention étrangère, en raison de son impact dramatique sur tous les plans. «Toutes les expériences ont montré que celle-ci ne ferait qu’aggraver la situation et renforcer les groupes terroristes, dont les actions trouveront une légitimité», expliquent nos interlocuteurs. Pour eux, l’Algérie, tout comme les autres pays, va devoir faire face à une «crise humanitaire terrible». «Des milliers de Libyens vont fuir les zones de bombardements et nous nous retrouverons à accueillir des populations entières au niveau de nos frontières.

Des décisions ont été prises au plus haut niveau pour mettre en place la logistique qu’il faut…», révèlent nos sources. Il n’y a pas que le volet humanitaire auquel l’Algérie fera face. «Notre pays, qui vit une crise économique, risque d’accueillir des milliers de réfugiés auxquels il faudra assurer nourriture, soins et hébergement. Cette prise en charge a un coût que l’Algérie va devoir assumer au moment où elle vit une crise économique due à la chute drastique de ses revenus pétroliers.

Il faudra s’attendre à des situations critiques au niveau des villes frontalières où la pression sur les denrées alimentaires de base, par exemple, sera lourde à supporter. Il est à craindre aussi des infiltrations de terroristes qui pourront profiter du flux massif de réfugiés. L’armée, qui certes a les moyens de sa politique, ne pourra pas assurer le risque zéro tout au long des 900 km de frontière. Nos troupes vivront, elles aussi, des moments difficiles en raison de la pression qui va s’exercer sur elles et devront être encore plus présentes dans ces régions au détriment d’autres espaces qui ont besoin d’être protégés», notent nos sources.

Pour toutes ces raisons, «les plus hautes autorités du pays n’ont cessé d’alerter les pays occidentaux sur les conséquences humanitaires, économiques et sécuritaires d’une quelconque opération militaire étrangère en Libye, en privilégiant la voie du dialogue entre les différents acteurs libyens qui sont les seuls à même de trouver une solution à la crise qui secoue leur pays. La voix de la raison n’a pas été écoutée et l’on s’attend à une escalade qui met l’Algérie en état d’alerte maximum.

Les bombardements vont probablement cibler des régions non loin des frontières algériennes. Le risque est imminent», concluent nos interlocuteurs. Ils parlent de nombreuses réunions à un haut niveau autour de la préparation des camps pour réfugiés et la logistique nécessaire. A moins d’un événement majeur, tout porte à croire que le brasier libyen n’est pas près de s’éteindre et risque même d’emporter dans son sillage des pays comme le Mali, le Niger, le Tchad, dont les capacités de riposte sont réduites, ou la Tunisie qui traverse qui crise politico-économique assez difficile.
Salima Tlemçani


Richard Labévière. Journaliste spécialisé dans le terrorisme

«Une intervention militaire étrangère en Libye serait la pire des catastrophes»

Spécialisé dans le financement du terrorisme, le journaliste Richard Labévière, rédacteur en chef de la revue Défense, évoque des bruits de bottes en Libye, parce que, selon lui, Daech est à 300 km des côtes européennes et que les filières de migration clandestine travaillent avec les groupes salafo-djihadistes qui veulent exporter des activistes vers l’Europe. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il présente l’intervention militaire étrangère en Libye comme «la pire des catastrophes» qui aurait comme principale conséquence de favoriser une jonction opérationnelle entre la nébuleuse AQMI, Boko Haram et les shebab somaliens.

– Quelle lecture faites-vous de la situation en Libye après les attaques américaines dont on ne connaît toujours pas le vrai bilan ?

On peut relever trois points. Le premier : la guerre franco-britannique déclenchée au printemps 2011 contre la Libye par Nicolas Sarkozy et David Cameron, puis relayée par l’OTAN et les Etats-Unis — behind the window —, a eu pour résultat désastreux l’implosion de la Libye comme Etat-nation.

Désormais, le pays est aux mains de factions mafieuses, islamistes ou pseudo-laïques avec deux pôles politiques dominants : le général Haftar à l’Est, soutenu par l’Egypte, l’Arabie Saoudite et les Emirats, et Fajer Libya à l’Ouest (Tripoli), coalition qui regroupe les milices de Misrata, celles de Abdelhakim Belhadj et des forces affiliées aux Frères musulmans, soutenues par le Qatar et la Turquie notamment.

Au milieu (Syrte), on trouve Daech qui, comme en Irak, a bénéficié du ralliement des cadres de l’armée de Saddam Hussein, profite en Libye de l’appui d’anciens officiers gueddafistes, de même que des tribus de la région, berceau originel de la famille El Gueddafi. Deuxième point : les bombardements américains, effectués en dehors de toute légalité internationale, ont eu pour objectif principal d’empêcher l’avancée de Daech vers les zones pétrolières de Cyrénaïque.

– Bon nombre d’observateurs s’attendent à une intervention étrangère dont l’agenda serait déjà fixé, sous prétexte de la présence de Daech. Qu’en pensez-vous ?

Effectivement, les bruits de bottes augmentent, parce que Daech est désormais à 300 km des côtes européennes et que les filières de migration clandestine travaillent avec les groupes salafo-djihadistes qui ne cachent pas leur volonté d’introduire ainsi des activistes en Europe. De fait, l’idée d’une coalition menée par l’Italie fait son chemin. Dernièrement, une réunion des états-majors occidentaux à Rome a montré la difficulté d’une telle coalition inimaginable sans l’aval, sinon le feu vert, donné par un «gouvernement libyen» légal, sinon représentatif du pays. C’est, en tout cas, la condition posée par les Nations unies pour cautionner une telle opération.

Pour l’instant, on en est loin. Donc, les Etats-Unis reprennent leur mauvais réflexe d’hyper-gendarme du monde décidant unilatéralement de bombardements meurtriers conformes à leurs intérêts immédiats. Enfin, et ce n’est pas la moindre des raisons de la distorsion actuelle, l’Egypte lorgne sur les champs pétroliers de Cyrénaïque depuis le roi Farouk… A terme, Le Caire mettra tout en œuvre pour contrôler sa frontière ouest et ses réserves d’hydrocarbures. C’est l’une des raisons de l’achat d’armements (BPC Mistral, Rafales, etc.) à la France…

– D’après vous, pourquoi de telles frappes au moment où les factions armées libyennes tentaient de trouver un consensus autour d’un gouvernement d’union nationale ?

La France et la Grande-Bretagne ont déclenché leur guerre de mars 2011 contre la Libye, au moment même où Jean Ping et l’Union africaine étaient en train de négocier une feuille de route politique avec El Gueddafi. On assiste au même processus de mépris pour les efforts politiques et diplomatiques déployés sur le dossier libyen, tant par les Nations unies que par la diplomatie algérienne qui cherche courageusement à initier le même processus qu’elle a eu le mérite d’inaugurer entre les Touareg de l’Azawad et les autorités de Bamako. Faudra-t-il maintenant que ces bonnes résolutions soient accompagnées par un vrai suivi politique, surtout économique, concernant notamment la mise en chantier d’infrastructures (routes, puits, systèmes d’irrigation, etc.).

– Une intervention militaire étrangère pourra t-elle stopper l’avancée de Daech ? Ne risque-t-elle pas de susciter plutôt le ralliement de tous les groupes armés libyens à Daech, mais aussi des groupes terroristes des pays de la sous-région comme par exemple Boko Haram ou Aqmi ?

Je partage à mille pour cent vos craintes. Une telle intervention serait la pire des catastrophes à venir et aurait, comme vous le dites, comme principale conséquence de favoriser une jonction opérationnelle entre la nébuleuse AQMI, Boko Haram et les shebab somaliens, sans oublier les trafiquants d’ivoire d’éléphants et de cornes de rhinocéros, dont la commercialisation à destination de la Chine, principalement, s’effectue par le port de Kismayo, aux mains des islamistes somaliens…

– Comment expliquer qu’un nombre aussi important de terroristes de Daech, qu’on évalue à 5000, a-t-il pu quitter les zones de combat en Syrie et en Irak pour rejoindre la Libye et occuper le croissant utile ? N’y voyez-vous pas une aide d’un ou de plusieurs Etats ? Si c’est le cas, dans quel but ?

Je ne pense pas qu’il y ait eu un tel mouvement massif de glissement du théâtre irako-syrien vers la Libye. Cette évolution a concerné quelques cadres de Daech du Machrek venus apporter conseils et consignes à des factions islamistes libyennes, dont le recrutement est essentiellement local, endogène et régional, recyclant beaucoup d’anciens activistes tunisiens proches d’Ennahdha et aussi marocains…

La préoccupation opérationnelle essentielle, dont on ne tient pas suffisamment compte, concerne la profondeur stratégique de Daech vers le Fezzan. Le long d’une ligne qui va de la ville de Sabbah jusqu’à celle de Gât, sur la frontière algéro-libyenne à hauteur de Djanet, se sont développés une dizaine de camps salafo-djihadistes.

A partir de ces sanctuaires, des centaines de terroristes se déploient sur l’ensemble de la bande sahélo-saharienne, notamment par la passe frontalière du Salvador, allant même jusqu’à réexporter des terroristes dans le Sinaï égyptien, de même que dans les zones syriennes via la Turquie, qui continue de jouer un rôle des plus ambigus !

– Quel impact une telle situation aura-t-elle sur la région, déjà très affectée par les crises en Tunisie, au Mali et en Egypte ?

A terme, cette évolution, très mal gérée par les puissances occidentales notamment, risque d’ajouter de l’instabilité et des soulèvements terroristes à une situation déjà suffisamment explosive. La seule solution sur la table consisterait à appuyer les efforts diplomatiques entrepris sous l’égide des Nations unies et de la diplomatie algérienne.
Salima Tlemçani


L’Italie autorise des drones américains à frapper l’EI à partir de son territoire

L’Italie a donné son accord à l’utilisation au cas par cas de drones déployés sur la base américaine de Sigonella, en Sicile, pour combattre le groupe Etat islamique (EI) en Libye, a déclaré la ministre italienne de la Défense, Roberta Pinotti.

Les Américains «devront demander» une autorisation «à notre gouvernement chaque fois qu’ils voudront utiliser un moyen en partance de Sigonella», a précisé la ministre dans une interview hier au quotidien Il Messaggero, reprise par l’AFP. Ces frappes seront limitées aux opérations nécessaires «en dernier ressort» pour «la protection des installations et du personnel américains et de toute la coalition» en Libye et «dans toute la zone», a ajouté Mme Pinotti.

«Ce n’est pas une décision liée à une accélération concernant la Libye», où plusieurs pays occidentaux envisagent une intervention armée pour contrer l’avancée de l’EI, a-t-elle observé. «Jusqu’à présent, les drones n’ont pas été utilisés dans des interventions armées et nous n’avons reçu aucune demande en ce sens» et «aucune décision opérationnelle n’a été prise», a ajouté la ministre. Base aérienne américaine depuis la fin des années 1950, Sigonella est également utilisée par l’Otan.

Pays européen le plus proche de la Libye et le plus exposé aux flux migratoires et aux risques d’infiltrations terroristes, l’Italie a adopté une approche prudente face à la crise dans ce pays, dont elle est l’ancienne puissance coloniale. Rome se dit prête à prendre la tête d’une intervention militaire en Libye, mais uniquement sous mandat de l’ONU et à la requête d’un gouvernement d’union nationale. Un gouvernement qui tarde à se constituer.

Légitimer l’intervention

De son côté, la chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, a indiqué que l’Europe doit attendre pour intervenir contre le groupe Etat islamique en Libye qu’un gouvernement constitué et légitime leur en fasse la demande. «Défaire» l’EI «efficacement ne peut se faire qu’en passant par un gouvernement libyen légitime et en charge de sa propre sécurité», a déclaré Mme Mogherini dans un entretien au Journal du dimanche publié le 21 du mois en cours. «En Libye, c’est aux Libyens d’affronter cette menace par eux-mêmes, le peuple est épuisé et il faut mettre fin à ce chaos», a-t-elle ajouté.

Et de poursuivre : «Nous soutenons depuis de longs mois les efforts pour la mise en place d’un gouvernement d’accord national. Les prochains jours seront cruciaux, avec le vote du Parlement pour approuver le futur gouvernement. Si on veut les aider, c’est en leur faisant confiance car ils connaissent leur pays mieux que nous. Le choix de demander un éventuel soutien» pour combattre l’EI «leur reviendra». Pour Mme Mogherini, l’Europe «est prête à fournir une aide technique pour l’aménagement des institutions, notamment les forces de police et de sécurité, le renforcement des municipalités libyennes qui constituent le plus grand réseau d’élus dans le pays, si le futur gouvernement le requiert».

Le 13 novembre dernier, les Etats-Unis ont bombardé pour la première fois l’EI en Libye, tuant l’Irakien Abou Nabil, présenté comme le chef du groupe dans le pays. Mais selon Tripoli, cet homme était le chef de l’EI dans la région de Derna. En décembre, le Pentagone a admis qu’un groupe de soldats des forces spéciales américaines, qui s’était rendu en Libye pour «développer les relations», a été expulsé du pays peu après son arrivée.
Amnay idir


Crise libyenne : Le Parlement reporte le vote sur le gouvernement d’union

La Libye, divisée entre deux autorités rivales installées à Tobrouk et Tripoli et déchirée par les violences entre factions armées, est confrontée en parallèle à une montée en puissance du groupe djihadiste Etat islamique (EI).

Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale n’a pas pu, faute de quorum, tenir comme prévu un vote de confiance sur le gouvernement d’union nationale soutenu par l’Organisation des Nations unies (ONU). La séance est reportée à la semaine prochaine, rapporte l’AFP citant des députés. «Le quorum requis pour la réunion», soit 89 députés, «n’a pas été obtenu, le président de la Chambre a donc levé la séance», a indiqué le député Mohamed Al Abbani.

Selon le député Ali Al Qaïdi, «le quorum requis n’a pas été assuré et la séance de vote a, par conséquent, été renvoyée à la semaine prochaine». Aux dires de ce dernier, le programme du gouvernement unitaire est l’objet de divergences entre les députés. Selon un autre parlementaire, Khalifa Al Daghari, les désaccords portent sur l’ordre du jour même de la séance, certains députés plaident en effet pour un vote sur l’inclusion de l’accord politique conclu en décembre à Skhirat (Maroc) dans la Constitution de 2011 avant le vote sur le gouvernement d’union. Ce Parlement, exilé à Tobrouk dans l’est du pays, était réuni depuis samedi pour discuter de la composition et du programme de travail du gouvernement d’union, formé de 18 membres et dirigé par le Premier ministre, Fayez Al Sarraj.

Un premier gouvernement de 32 ministres, proposé par Al Sarraj, a été rejeté le 25 janvier par ce même Parlement. La Libye, divisée entre deux autorités rivales installées à Tobrouk et Tripoli et déchirée par les violences entre factions armées, est confrontée en parallèle à une montée en puissance du groupe djihadiste Etat islamique (EI). Les Occidentaux, inquiets de l’implantation de l’EI à quelques centaines de kilomètres seulement de l’Europe, se disent prêts à contribuer au rétablissement de la sécurité en Libye à condition qu’un gouvernement d’union nationale en fasse la demande.

Vendredi, des avions de combat américains ont bombardé un camp d’entraînement de l’EI près de Sabrata, à l’ouest de Tripoli, faisant quelque 50 morts. Selon le Pentagone, le raid a «probablement provoqué la mort de Noureddine Chouchane, un cadre opérationnel de l’EI» soupçonné d’être derrière deux attaques en 2015 en Tunisie revendiquées par l’EI : contre le musée du Bardo à Tunis en mars, qui a fait 22 morts, et sur une plage près d’un hôtel de Sousse en juillet qui a fait 38 morts, dont 30 Britanniques.

Naufrage avec trois commandants de bord

En attendant le vote tant attendu par l’Occident du gouvernement d’union, la Libye fonctionne avec trois autorités. Il y a un «gouvernement provisoire» dans l’Est. Il a vu le jour en septembre 2014 et bénéficie de la reconnaissance de la communauté internationale étant donné qu’il est issu d’un Parlement élu, lui aussi exilé dans l’Est.

Présidé par Abdallah Al Theni, il siège à Baida et étend son contrôle sur la plupart des régions de l’Est grâce à des forces qui lui sont loyales.
Il est soutenu par un Parlement siégeant à Tobrouk. Le mandat de ce gouvernement dit «provisoire» est censé prendre fin dès qu’un gouvernement d’union nationale bénéficiera de la confiance du Parlement. Suit le «gouvernement de salut national» à Tripoli, installé depuis septembre 2014 à Tripoli, qui «gère» la capitale et la plupart des régions de l’Ouest avec l’appui de Fajr Libya, une coalition de milices en partie islamistes.

Ce gouvernement ne jouit d’aucune reconnaissance internationale étant donné qu’il découle d’un Parlement, à savoir le Congrès général national (CGN), dont le mandat est expiré depuis février 2014, mais qu’il a lui-même prolongé. Enfin, il y a le gouvernement d’union nationale. Il est issu du Conseil présidentiel, une instance présidée par l’homme d’affaires tripolitain Fayez Al Sarraj et créée après la signature, en décembre à Skhirat au Maroc, de l’accord politique sous l’égide l’ONU. Il a annoncé, le 19 janvier, la formation d’un cabinet de 32 ministres qui doit succéder au gouvernement provisoire de Abdallah Al Theni. Mais ce gouvernement a été rejeté par les députés de Tobrouk qui ont réclamé qu’une équipe plus restreinte lui soit proposée.

Cette autorité n’existe pas encore mais les communiqués de son Conseil présidentiel portent le sceau «Etat de Libye – gouvernement d’union nationale». Selon l’accord politique de Skhirat, ce gouvernement d’union est censé siéger dans la capitale Tripoli. Ce qui est irréaliste tant que le CGN et le gouvernement de salut national contestent son existence.

Amnay idir