22 morts dans des affrontements : Ghardaïa, le point de non-retour

22 morts dans des affrontements : Ghardaïa, le point de non-retour

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 9 juillet 2015

La situation semble échapper, complètement, à tout contrôle, dans la vallée du M’zab où 22 personnes sont mortes, au cours des dernières 48 heures, suite à de violents affrontements, dans plusieurs localités. De nombreux blessés sont, également, à déplorer. A Guerrara, Berriane, Ghardaïa, les événements s’accélèrent et s’enchaînent, avec une rare violence, pire que les affrontements enregistrés, jusque-là, entre les communautés ibadites et malékites.

A la suite des violentes bagarres de rues, des affrontements et des jets de projectiles de toutes sortes, et l’utilisation de fusils de chasse et même, selon certaines sources, d’armes à feu, 19 personnes sont mortes à Guerrara, dont une dans la nuit de mardi à mercredi.

Les affrontements ont été si violents, ainsi que l’usage de gaz lacrymogènes, par les forces de l’ordre que plusieurs familles ont été obligées à fuir leurs maisons. Les personnes décédées dans la nuit de mardi à mercredi l’ont été suite à leurs blessures, selon des sources hospitalières. Dix-neuf blessés ont succombé à leurs blessures causées par des projectiles, à Guerrara, (120 km au nord est de Ghardaïa) où la situation a dégénéré en affrontements, à l’aide d’armes à feu. Deux autres victimes ont été mortellement blessées à Ghardaïa par des jets de pierre, a-t-on ajouté, de mêmes sources. Un autre décès a été signalé à Berriane. Le bilan provisoire des ces violences, dans la vallée du M’zab, a atteint 22 morts, durant les dernières 48 heurs. En outre, des dizaines de blessés, et 7 grièvement dont 2 policiers, ont été enregistrés dans les bagarres de rues à Guerrara, Berianne et Ghardaïa.

Mercredi en milieu de journée, la situation restait tendue dans la région où les forces de sécurité ont été mises à rude épreuve. Un policier a même été écrasé par un individu qui a pris la fuite. L’agent de l’ordre a été placé en réanimation et dans un état jugé grave, alors qu’un autre élément des forces anti-émeutes serait dans le coma. Sur la RN1 la circulation automobile est difficile, les protagonistes ayant fermé la route nationale, un camion a été incendié sur la route, des maisons, des palmeraies, des voitures, des édifices publics vandalisés, dans les villes de la Vallée du M’zab, notamment à Berriane et Guerrara.

PEUR SUR LE M’ZAB

Un climat de terreur règne dans le M’zab. Face à ce déchaînement de violences, un imposant dispositif sécuritaire a été déployé par les brigades d’intervention de la Gendarmerie nationale pour mettre un terme à ces affrontements qui se poursuivent, ce mercredi, indiquent des témoins. A Ghardaia, le quartier de Sidi Abaz, et, comme par hasard est situé près de l’hôpital ‘Tirichine’ où sont évacués les blessés de ces affrontements est le plus touché par ces violences, émeutiers comme éléments des forces de l’ordre. Les affrontements, se poursuivent, par ailleurs, sporadiquement à Ghardaïa, qui a connu, une nuit d’une rare violence entre mardi et mercredi. Mercredi, un communiqué a annoncé la mise en place de mesures de sécurité «adéquates». Sans plus de précision.

Mardi, les autorités sécuritaires avaient tenu une réunion au siège du secteur opérationnel militaire de Ghardaïa, sous la présidence du général-major Cherif Abderrazak, chef de la 4ème Région militaire, et du général Abdelhafid Abdaoui, chef du Commandement de la 4ème Région de la Gendarmerie nationale. Cette réunion a été précédée par l’arrivée de nouveaux renforts militaires, dans le Mzab. La situation est critique dans la vallée du M’zab, où les raisons de la reprise des affrontements entre les deux communautés qui ont toujours cohabité, restent pour le moment inexplicables. Fumée noire, incendies, gaz lacrymogènes enveloppent les villes du M’zab, survolées en permanence par des hélicoptères, alors que la région est quasiment quadrillée par les unités d’intervention de la Gendarmerie nationale et de la police.