La sécurisation des frontières fédère les pays du Sahel

Réunion de Bamako sur la lutte contre le terrorisme

La sécurisation des frontières fédère les pays du Sahel

Par : Merzak tigrine, Liberté, 22 mai 2011

À Bamako, l’Algérie s’est assuré la contribution de ses voisins du Sud pour s’attaquer à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et à la criminalité transnationale, qui menacent la sécurité dans la sous-région et aussi de nos frontières méridionales.

Ne pouvant rester les bras croisés devant la situation d’insécurité prévalant au Sahel, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays concernés, en l’occurrence l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, qui se sont réunis dans la capitale malienne, ont décidé d’institutionnaliser leur cadre de concertation et d’action en retenant le principe d’une fréquence “plus soutenue” de leurs consultations. Ils se sont déclarés prêts à combattre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui menace la sécurité au Sahel, sans pour autant faire de leur région une zone de guerre. Les quatre ministres ont convenu de tenir une réunion ministérielle tous les six mois, dont la prochaine se tiendra à Nouakchott (Mauritanie), afin de raffermir la concertation et l’action à travers la mise en place de nouveaux espaces de dialogue et de coopération dans tous les domaines qui pourront donner une impulsion aux projets de développement et d’intégration dans la région. La réunion de Bamako constitue la suite logique des décisions de celle d’Alger, en mars 2010, qui avait jeté les bases d’une coopération régionale intégrée en matière de paix et de stabilité dans la région sahélo-saharienne. L’occasion a permis d’évaluer la situation sécuritaire dans la région et de passer en revue l’ensemble des actions entreprises par les quatre pays directement impliqués dans la stratégie de lutte antiterroriste et qui coopèrent au sein du Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cémoc).
“Nous sommes prêts pour ce combat, pour cette lutte contre Al-Qaïda”, a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères, Soumeylou Boubeye Maïga, tout en soulignant que les quatre pays ont un état-major opérationnel conjoint (Cémoc), basé à Alger, qui “a clairement identifié la contribution de chaque état en termes de forces terrestres et aériennes”. Il est question de “former et mobiliser dans les 18 prochains mois des effectifs de 25 000 à 75 000 hommes dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale”. Les ministres ont estimé nécessaire que d’autres pays s’associent à la lutte anti-Aqmi pour qu’elle soit plus efficace, à l’instar de la Tunisie et du Maroc, par exemple. Les répercussions pour la région du conflit en Libye, “avec des armes de guerre qui tombent entre les mains d’Al-Qaïda”, étaient également au centre des discussions. Abdelkader Messahel estime que “les défis qui nous interpellent nous imposent une planification de plus en plus pointue et une coordination plus efficace de nos actions”. Et d’ajouter : “Il nous incombe d’évaluer les développements dangereux et la nouvelle dimension que prend la menace terroriste et ses connexions multiples.”
Cette réunion prend toute son importance quand on sait qu’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a “les moyens de passer à la vitesse supérieure”, selon le directeur central du Renseignement intérieur français, Bernard Squarcini. Dans un entretien au quotidien français Le Télégramme, il a affirmé qu’Aqmi “dispose, grâce aux rançons versées pour libérer les nombreux otages étrangers enlevés au Mali, au Niger et en Algérie, et aux divers trafics locaux, d’un trésor de guerre”.
Il apporte ainsi de l’eau au moulin de l’Algérie, qui œuvre sans relâche pour l’adoption par l’ONU d’une loi criminalisant le paiement des rançons aux terroristes.