La rébellion touarègue menace d’attaquer les mines d’uranium
Niger
La rébellion touarègue menace d’attaquer les mines d’uranium
par L’un De Nos Correspondants A Paris: S. Raouf, Le Quotidien d’Oran, 4 février 2008
La rébellion touarègue au Niger menace de mener une «guerre» contre les mines d’uranium, des gisements aux potentialités insoupçonnables qui ont érigé le pays au rang des premiers producteurs mondiaux. La mise en garde a été émise par Rhissa Ag. Boula, le leader historique de la lutte armée touarègue contre le pouvoir de Niamey. «On ne peut pas exploiter l’uranium sans nous», a-t-il averti dans un entretien avec «Le Nouvel observateur».
Publiés entre un dossier sur le scandale de la Société générale et la veille du «super Tuesday» électoral US, les propos du chef rebelle nigérien surprennent par leur ton. C’est la première fois, en effet, que l’opposition armée au Niger cible, sans détour, les mines d’uranium.
«Nous allons attaquer les mines d’uranium, dont celle d’Areva (groupe français), arrêter le fonctionnement des usines, l’exploitation des nouvelles carrières et nous occuper des cargaisons qui prennent la route pour aller jusqu’à la mer».
Fondateur du Front de libération de l’Aïr et de l’Assouagh (FLAA), Rhissa Ag. Boula est considéré comme le chef de file historique de l’opposition armée touarègue à Niamey. Au terme d’un accord conclu en 1995, il avait déposé les armes et rejoint le gouvernement comme ministre du Tourisme et de l’artisanat (1997-2004).
Faute de consensus sur la décentralisation et la répartition du pouvoir, le processus de paix a volé en éclats. Rhissa Ag. Boula est reparti en guerre contre le pouvoir central sous une nouvelle bannière, le «Mouvement des Nigériens pour la Justice» (MNJ). Depuis, les affrontements entre rebelles et forces gouvernementales continuent dans le Nord du pays.
La tendance des réserves pétrolières gabonaises étant à l’épuisement, le Niger s’impose comme un pays à fort potentiel de ressources. «Déjà» cinquième producteur d’uranium, le pays est sur le point de parvenir au deuxième rang mondial, selon le MNJ. S’y ajoutent les potentialités pétrolières comme en témoigne l’ouverture de trois zones de recherches à des sociétés française, américaine et chinoise.
Cette contrée est «devenue un enjeu mondial», constate Rhissa Ag. Boula. Parlant de «gros intérêts économiques et géostratégiques en jeu», le MNJ promet de ne pas rester de marbre face à un tel état de fait. «Nous pensons que maintenant ça suffit. Il faut briser le consensus du silence sur ce conflit».
Rhissa Ag. Boula épingle tous les pays à l’œuvre dans le Niger utile. Il charge la France, la Chine et les Etats-Unis. Il accuse les Américains de se livrer, en dehors de son rôle commercial, à un soutien au pouvoir sous forme de renseignements sur les activités de la rébellion. Selon lui, les Américains «ont une base d’écoute téléphonique à Tamanrasset, une grosse base au Maroc, un centre léger à Arlit au Niger et un autre en Mauritanie. Sans compter les observations satellitaires».