Inquiétude autour du dossier malien

SAHEL

Inquiétude autour du dossier malien

Le Soir d’Algérie, 15 novembre 2017

Les retards accusés dans la mise en place du processus de paix au Mali inquiètent grandement la communauté internationale. Engagée depuis de longues années dans la démarche qui a permis aux belligérants d’aboutir à un accord, l’Algérie est très fréquemment sollicitée dans le cadre d’une coopération qui permettra enfin de lever les blocages dans un dossier qui compromet lourdement la sécurité dans la région.
En l’espace de trois jours seulement, deux informations capitales ont confirmé cette inquiétude, mais aussi l’empressement de la communauté internationale d’avancer dans «l’affaire» Mali. La première a trait à un évènement public qui s’est déroulé à Alger le 12 novembre dernier.
Réunis dans le cadre de la troisième session du «dialogue stratégique» entre Alger et Paris, les chefs de la diplomatie des deux pays, accompagnés de hauts responsables de la sécurité, ont passé en revue la situation prévalant dans la zone mais sans pour autant apporter à l’opinion les éclairages souhaités sur la teneur des entretiens qui se sont déroulés. Les deux MAE se sont, comme on le sait, contentés de déclarer à la presse que des discussions importantes avaient eu lieu sur le sujet.
Lundi, le porte-parole du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a levé le voile sur la question à travers une déclaration publiée sur le site électronique du Quai d’Orsay. La France et l’Algérie, a-t-il indiqué, «dialoguent à tous les niveaux sur les questions régionales et en particulier sur le processus de paix au Mali (…) et cela s’est traduit par la tenue à Alger d’un dialogue stratégique en marge du Comité économique mixte algéro-français».
La même source ajoute : «Un point précis a été effectué sur l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation et a permis de constater notre convergence sur le sujet», et souligne que «l’Algérie est un acteur important du processus de paix au Mali (en sa qualité) de chef de file de la médiation internationale en vertu de l’accord de 2015».
Cette déclaration vient éclairer l’essentiel des questions qui se sont posées suite à l’insistance française pour que ce dialogue se tienne en parallèle du Comefa alors que cette même partie avait refusé cette proposition faite en premier lieu par la partie algérienne.
Engagés militairement dans le conflit qui sévit au Mali, les Français et Macron en premier lieu veulent avancer rapidement et en finir même avec une affaire que leur reproche leur opinion, mais l’Algérie n’a pas suivi la stratégie mise en place. Mais ils font savoir que les entretiens ont donc permis une avancée en la matière. De cela, on n’en saura rien, cependant. Mais l’inquiétude dépasse largement le cadre français surtout depuis son échec dans la mission qu’il s’était assignée. Ainsi, la directrice du Centre Carter, une organisation non partisane engagée dans de grandes missions humanitaires et à la recherche constante de collaboration d’organisations de haut niveau et de gouvernements, a effectué un déplacement à Alger pour s’impliquer dans le dossier.
L’ambassadrice du Centre a été donc reçue ce lundi par Abdelkader Messahel. Cette dernière, il faut le savoir, a été désignée «Observateur indépendant» par les parties engagées dans l’accord de paix et de réconciliation au Mali. Dans un communiqué, le ministère algérien des Affaires étrangères fait savoir que les entretiens ont porté sur «les moyens à mettre en œuvre et les conditions à réunir pour permettre au Centre Carter de s’acquitter de la mission qui lui est assignée».
L’Algérie a rappelé à cet effet son «engagement d’accompagner tous les efforts visant à accélérer le retour de la stabilité au Mali». L’ambassadrice du Centre Carter, doit-on le rappeler, effectue une tournée dans tous les pays concernés par le processus de paix au Mali.
Il faut, d’autre part, savoir que la situation dans ce pays figure parmi les dossiers urgents d’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations-Unies qui présentait, il y a quelques semaines, un rapport alarmant sur la situation au Mali. Selon lui, la «situation sécuritaire et humanitaire s’est gravement détériorée et aucun progrès n’a été enregistré dans l’application de l’accord de paix dans ce pays».
A la même occasion, Antonio Guterres a rappelé l’accord des Nations-Unies pour l’entrée en action d’une force militaire africaine issue du G5 (Mali, Tchad, Niger, Mauritanie et Burkina Faso). Son rôle est de combattre les groupes terroristes qui pullulent dans la région.
A. C.