Centre de renseignement des pays du Sahel d’Alger

CENTRE DE RENSEIGNEMENT DES PAYS DU SAHEL D’ALGER

Washington et Bruxelles pour, Paris fait avec

De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari, Le Soir d’Algérie, 3 octobre 2010

Les services de renseignement de l’Algérie, du Niger, de la Mauritanie et du Mali ont officialisé la création d’un centre pour contrer le terrorisme dans la région du Sahel. Cette immense étendue qu’Al-Qaïda Maghreb a investie pour en faire une rampe de lancement de ses activités.

L’Algérie, le pays, rappelons- le, qui a contenu l’islamisme armé et le terrorisme international pendant plus d’une décennie, le Mali, le Niger et la Mauritanie ont pris leurs responsabilités en ce domaine. Bien qu’à des degrés variés — en raison, notamment, des pressions françaises sur certains d’entre eux (Mali, Mauritanie, essentiellement) — la lutte contre Aqmi dans la région est prise au sérieux, très au sérieux dans la région. Alger, poumon et stratège, de par sa position géographique et son expérience en la matière, a toujours privilégié la concertation, les démarches consensuelles et l’échange d’informations pour endiguer le phénomène. En a-t-il été de même pour d’autres parties sahéliennes ou étrangères ? Pas si sûr. Il est vrai, et c’est à relever, que la doctrine Obama est de loin meilleure et, surtout, pas hallucinante comme celle de son prédécesseur G. Bush. L’actuel président américain est sur la même longueur d’onde que l’Algérie dans la lutte antiterroriste. Privilégier les actions de fond, éviter les déclarations inutiles et les fanfaronnades et permettre au terrain, c’est-à-dire aux pays riverains, de s’imposer et non pas se comporter comme des rambos ou des tartarins pour la galerie. Ce qui a, relevons-le, été le cas de la France sarkozienne jusqu’à l’enlèvement des cinq Français d’Areva. Cet acte a révélé l’impuissance hexagonale à trouver un équilibre entre ses professions de foi et sa politique en sous-main, contraire, à tout point de vue, aux déclarations de principe et au droit international. Le paiement, systématique, des rançons est une jurisprudence franco-espagnole dans la région. Paris et Madrid en paieront, c’est certain, les conséquences. La France est déjà entrée dans une ère surréaliste de recherche de négociateurs et de relais à tout prix. Les principaux responsables politiques ont été sommés (Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, Hervé Morin, ministre de la Défense), de ne s’exprimer que pour rappeler la position de la France : oui, nous acceptons de payer, oui, nous sommes prêts à casquer. Est-ce la bonne attitude ? Cette fuite en avant ne risque-t-elle pas de susciter des vocations, encore plus voraces, toujours plus voraces ? Il est vrai qu’en pareilles circonstances, donner des leçons de morale n’est pas la philosophie indiquée. Pourtant, force est de constater que la lutte antiterroriste n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Et, surtout, qu’elle ne s’accommode pas des règlements de compte ou les apriori pro-ceci ou contre cela. Paris, ces dernières semaines, semble revenir à de meilleurs sentiments par rapport au rôle de l’Algérie dans la région. Tant mieux. La création d’un centre de renseignement sahélien à Alger n’a pas donné lieu aux surenchères de certains lobbies français. Vrai aussi, que Bruxelles veille au grain et que le lancement de cette structure spécialisée est bien vu par l’Union européenne. Et, diton, ici, par les Américains.
A. M.