Rapprochement Sonatrach-Gaz de France et coopération énergétique

Rapprochement Sonatrach-Gaz de France et coopération énergétique

En attendant novembre

Par : Samar Smati, Liberté, 11 juillet 2007

Sonatrach, Gaz de France. L’éventuel rapprochement entre les deux compagnies alimente depuis des semaines l’actualité. Il est également l’un des dossiers phare inscrits à l’ordre du jour de l’escale du président français, Nicolas Sarkozy, à Alger et de ses entretiens avec le président de la République. Le dossier est reporté à novembre à l’occasion de sa visite d’État en Algérie. L’idée avancée par le candidat Sarkozy en pleine campagne électorale pour la présidentielle en France aura fait du chemin et ce, même si elle avait été proposée au moment où une polémique avait lieu sur une éventuelle fusion GDF-Suez en France. Si Alger était loin d’être favorable à une telle sortie, elle a temporisé néanmoins sa réaction officielle jusqu’à la grande explication à ce sujet. “L’Algérie attend avec réserve les propositions françaises avant de se prononcer sur une éventuelle alliance dans le gaz, souhaitée par le président français, Nicolas Sarkozy, et à laquelle elle ne souscrirait que si elle y trouvait ses intérêts”, précise l’AFP citant une source pétrolière à Alger. En plein contentieux avec l’Espagne sur le prix du gaz, Alger veut un partenariat gagnant-gagnant avec ses partenaires, qui ne servirait pas seulement la sécurité énergétique de la France ou de l’Europe et qui ne se ferait pas non plus au détriment des intérêts de Sonatrach. Les réserves algériennes s’expliquent dans ce cadre.
Côté algérien, Chakib Khelil n’avait pas écarté l’éventualité d’un partenariat renforcé entre Sonatrach et GDF sur le gaz. Des discussions ont été entamées dans ce cadre, avait indiqué le ministre de l’Énergie en mai dernier. Il nuancera, cependant, les perspectives en précisant qu’“un accord ne peut être conclu que si la partie algérienne y trouve ses intérêts commerciaux et technologiques”.
Pour autant, les contours du projet défendu par la France restent flous. Il s’agirait, selon Nicolas Sarkozy, d’un “rapprochement” entre les deux compagnies. Pas seulement puisque le président français souhaite un rapprochement entre la compagnie nationale et les sociétés françaises. “Nous avons autant besoin de sécuriser nos approvisionnements en gaz pour le futur que l’Algérie de pouvoir compter sur un accès sûr et garanti au marché français et, au-delà, européen. On ne peut donc que souhaiter un rapprochement entre les compagnies françaises — GDF, mais aussi Suez et Total — et Sonatrach”, a indiqué Nicolas Sarkozy. D’un autre côté, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, le président français a affirmé qu’un rapprochement avec un producteur de gaz, quel qu’il soit, est “utile” pour GDF et les sociétés françaises. “L’idée qu’un producteur de gaz est utile pour Gaz de France est intéressante. Mais on peut s’adosser à un producteur de gaz et en même temps faire la fusion. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Par ailleurs, parmi les producteurs de gaz, il n’y a pas que Sonatrach, même si Sonatrach est importante”, a déclaré Nicolas Sarkozy.
En France, où l’idée a germé, elle n’est pas pour autant accueillie à bras ouverts. Il ne s’agirait pas, révèle Le Figaro, d’une entrée de Sonatrach dans le capital de GDF. Une alliance avec Sonatrach a toujours été accueillie chez GDF avec “beaucoup de scepticisme”. Le Figaro précise également, citant un proche du dossier, qu’“il n’a jamais été question de faire entrer Sonatrach dans le capital de GDF. Cela n’a jamais été une alternative à la fusion avec Suez”. Le P-DG de la compagnie française GDF, Jean-François Cirelli, avait même précisé que son groupe n’avait pas pour “projet (de nouer) une alliance capitalistique avec un fournisseur”.
On retrouve le même “scepticisme” chez Sonatrach.
La compagnie nationale avait jugé d’emblée qu’une éventuelle alliance avec GDF serait “économiquement irréalisable et politiquement incorrecte”, selon un de ses hauts responsables cité par le quotidien français La Tribune et qui avait requis l’anonymat. Seule la compagnie pétrolière,Total, présente en Algérie, s’est déclarée, hier, selon l’AFP, “favorable” à une coopération avec Sonatrach en marge de la visite du président français en Algérie.

Samar Smati