Non à l’hommage officiel au général Bigeard

NON À L’HOMMAGE OFFICIEL AU GÉNÉRAL BIGEARD

L’appel « NON À L’HOMMAGE OFFICIEL AU GÉNÉRAL BIGEARD », contre le transfert aux Invalides des cendres de cet officier « baroudeur », au lourd passé indochinois et algérien, rencontre un grand succès.

Plus de 4.000 personnes de toutes opinions, de toutes origines, quatre jours seulement après la mise en ligne sur le site nonabigeardauxinvalides.net, se sont prononcées contre cette opération politicienne.

Des anciens ministres, des responsables politiques et syndicaux, des représentants d’associations, des élus, des intellectuels de renom, des artistes, des témoins et acteurs majeurs des guerres d’Indochine et d’Algérie, parmi lesquels des militaires, des citoyens de tous horizons soutiennent cette démarche.

Il nous faut cependant signaler que nous sommes également l’objet de menaces, de dénonciations haineuses, notamment sur des sites cultivant la nostalgie du temps des colonies et de l’Algérie française et / ou sur des sites d’extrême droite.

Cette pression ne nous fera évidemment pas dévier : nous continuons et continuerons notre action contre cette falsification du passé coloniale à visée électorale. Nous invitons nos concitoyens à signer et à faire signer cet appel en se rendant sur le site

nonabigeardauxinvalides.net

De son vivant, le général Bigeard a toujours bénéficié de l’admiration des forces politiques les plus réactionnaires et de leur soutien actif. Et voici qu’une année après sa mort, il est de nouveau utilisé pour une manœuvre politicienne, orchestrée par le ministre de la Défense, dont le passé d’extrême droite est connu : le transfert aux Invalides de ses cendres.

Cette initiative est doublement pernicieuse.

D’une part, il y a une certaine indécence à mettre Bigeard au rang d’autres grands militaires qui y reposent, parfois depuis des siècles. On peut avoir des analyses critiques sur tel ou tel d’entre eux, mais beaucoup mirent leur génie au service de la défense du territoire français.

D’autre part, et surtout, une telle initiative serait une insulte à divers peuples qui acquirent au prix fort, naguère, leur indépendance. Ces pays sont libres depuis des décennies, ils ont le plus souvent des relations cordiales avec le nôtre. A-t-on pensé un instant quel signal le gouvernement français s’apprête à leur envoyer ? Est-ce du mépris à l’état pur ou de l’inconscience ?

On nous présente cet officier comme un héros des temps modernes, un modèle d’abnégation et de courage. Or, il a été un acteur de premier plan des guerres coloniales, un « baroudeur » sans principes, utilisant des méthodes souvent ignobles. En Indochine et en Algérie, il a laissé aux peuples, aux patriotes qu’il a combattus, aux prisonniers qu’il a « interrogés », de douloureux souvenirs. Aujourd’hui encore, dans bien des familles vietnamiennes et algériennes, qui pleurent toujours leurs morts, ou dont certains membres portent encore dans leur chair les plaies du passé, le nom de Bigeard sonne comme synonyme des pratiques les plus détestables de l’armée française.

Nous n’acceptons pas que la notion d’héroïsme soit liée à l’histoire de cet homme. Lors des guerres coloniales conduites par la France, les vrais héros étaient ceux qui, dans les pays colonisés, luttaient pour la liberté et l’indépendance de leurs peuples, ceux qui, en métropole, ont eu la lucidité de dénoncer ces conflits, si manifestement contraires au droit international, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à l’intérêt même de la nation française.

L’objectif aurait été de réveiller les guerres mémorielles que les manipulateurs à l’origine de cette initiative ne s’y seraient pas pris autrement.

Nous exigeons que le gouvernement français renonce à cette initiative historiquement infondée, politiquement dangereuse et humainement scandaleuse.

Premiers signataires :

Salah AMOKRANE (Militant associatif),
Mouloud AOUNIT (Président d’honneur du mrap),
Éliane ASSASSI (Sénatrice de la seine-saint-denis),
Raymond AUBRAC,
Josette AUDIN,
Florence BEAUGÉ (Journaliste),
Martine BILLARD (Députée de paris, co-présidente du pg),
Pascal BLANCHARD (Historien),
Sami BOUMENDJEL,
Pierre BROCHEUX (Historien),
Alain BROSSAT (Professeur émérite de philosophie),
Patrick CHAMOISEAU (Écrivain),
Christiane CHAULET-ACHOUR (Professeur des universités),
Guillaume CHÉREL (Écrivain),
Fanny COLONNA (Directrice de recherche au cnrs paris),
Catherine COQUIO (Professeur de littérature à l’univ de paris 8),
Simone DE BOLLARDIÈRE,
Didier DEANINCKX (Écrivain),
Christian DELORME (Prêtre du diocèse de lyon),
Cécile DUFLOT (Secrétaire national d’europe ecologie les verts),
Mireille FANON-MENDES-FRANCE,
Hélène FRANCO (Memebre du bureau national du parti de gauche),
René GALLISSOT (Professeur émérite des universités),
Jean-françois GAVOURY (Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’oas),
André GAZUT (Réalisateur),
François GÈZE (Éditeur),
Mohammed HARBI (Historien),
Jim HOUSE (Historien),
Mehdi LALLAOUI (Réalisateur),
Pierre LAURENT (Secrétaire national du pcf),
Olivier LE COUR GRANDMAISON (Politologue),
Patrick LE HYARIC (Directeur de l’humanité),
Anicet LE PORS (Ancien ministre),
Alban LIECHTI (Soldat du refus),
Neil MACMASTER (Historien),
Noël MAMÈRE (Député europe Écologie les verts),
Gilles MANCERON (Historien),
Claire MAUSS-COPEAUX (Historienne),
Gilbert MEYNIER (Historien, professeur émérite de l’université),
Jean-yves MOLLIER (Historien, professeur, université versailles-saint-quentin),
Bernard MOURALIS (Professeur émérite à l’université de cergy-pontoise),
Rosa MOUSSAOUI (Journaliste),
Francois NADIRAS (Militant ldh, toulon),
André NOUSCHI (Historien, professeur honoraire de l’université),
Jean-philippe OULD-AOUDIA (Les amis de max marchand, de mouloud feraoun et de leurs compagnons),
Henri POUILLOT (Témoin de la guerre d’algérie, militant antiraciste, anticolonialiste),
Jacques PRADEL (Président association des pieds noirs progressistes),
Yvon QUINIOU (Philosophe),
Jack RALITE (Ancien ministre),
Annie REY-GOLDZEIGUER (Historienne, professeur, université de reims),
André ROCH (Officier d’active en retraite),
Alain RUSCIO (Historien),
Frédéric SARKIS (Association sortir du colonialisme),
Francois SAUTEREY (Syndicaliste enseignant – snes-fsu),
Pierre TARTAKOWSKY (Président de la ldh),
Sylvie THÉNAULT (Historienne),
Raphaël VAHÉ (Président de l’arac),
René VAUTIER (Cinéaste),
Françoise VERGÈS (Politologue),
Dominique VIDAL (Historien et journaliste),
Geneviève VIDAL-NAQUET