Guenaïzia, Alliot-Marie et les contrats d’armes

Le ministre délégué auprès du MDN aujourd’hui à paris

Guenaïzia, Alliot-Marie et les contrats d’armes

N. Sebti, Liberté, 12 juin 2006

Abdelmalek Guenaïzia assistera, à compter d’aujourd’hui, à l’Exposition internationale des matériels de défense, à Paris, et ce, à l’invitation de son homologue française.

Abdelmalek Guenaïzia assistera à l’exposition internationale des matériels de défense terrestre et aéroterrestre Eurosatory-2006, qui s’ouvre aujourd’hui à Paris pour se terminer vendredi. Ce rendez-vous est considéré comme le “plus grand rassemblement mondial des spécialistes des matériels de défense et de sécurité”, avec 1 100 exposants des cinq continents et 45 000 visiteurs attendus. Le continent américain est très fortement représenté par les États-Unis aux côtés de l’Argentine, du Brésil et du Canada.
L’Inde, la Corée du Sud et la Thaïlande seront les principaux exposants asiatiques. Il y aura l’Afrique du Sud pour le continent noir. L’Europe est en force. Au total, il y aura 124 délégations venant de 72 pays. On y comptera 11 ministres de la Défense, 9 secrétaires d’état, 25 chefs d’état-major de l’armée de terre et 13 délégués nationaux pour l’armement.
Autant dire que le gratin mondial de la défense et de la sécurité sera présent à ce salon qui sera ponctué de nombreux rendez-vous d’affaires. Et autant d’opportunités pour M. Guenaïzia, alors que l’Algérie épouse la doctrine de la diversification de ses sources d’approvisionnement en matière d’armement et d’équipement de sécurité.
Le responsable algérien est invité par la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie. La précision fournie par le communiqué du ministère de la Défense n’est pas fortuite. La semaine dernière a été marquée à Paris par des révélations de la presse sur la probable conclusion d’un contrat d’armement entre la France et le Maroc qui permettra à Paris de vendre à Rabat des avions Rafale du constructeur Dassault. Le programme devrait être financé par l’Arabie Saoudite, selon ces révélations démenties par Paris.
Considéré par la France comme son allié stratégique au Maghreb, le Maroc s’est inquiété de l’accord d’armement conclu entre l’Algérie et la Russie. Un accord qui semble avoir apporté un nouvel équilibre largement en faveur de l’Algérie. Officiellement, tout le monde évoque un contrat régulier entre deux États souverains. Il serait pourtant difficile d’imaginer Paris ne pas s’inquiéter de voir ainsi le Maroc relégué. En même temps, la France n’a pas enterré le projet de signature d’un traité d’amitié avec l’Algérie. Il faudra alors pour la France se livrer à un subtil exercice d’équilibrisme pour expliquer à l’Algérie qu’une éventuelle vente de Rafale au Maroc ne découle pas de sa volonté de concourir à l’établissement d’un nouveau rapport de force. D’autant que dans le contentieux qui oppose l’Algérie au Maroc sur l’indépendance du Sahara occidental, la France ne cache pas son soutien aux thèses du Maroc.
Paris n’en ignore certainement pas les conséquences. L’échec de la dernière visite de Philippe Douste-Blazy à Alger n’en est que l’illustration.
Par ailleurs, une proximité de la France de plus en plus importante avec le Maroc n’est pas pour arranger la signature d’un accord de défense entre Alger et Paris évoqué lors de la visite d’Alliot-Marie en juillet 2004 en Algérie. Autre problème, l’industrie de la défense française n’est pas au beau fixe.
Elle fait face à de grandes difficultés après la remise en cause d’un certain nombre de contrats par des clients qui y ont renoncé. Or, l’Algérie dispose de ressources financières qui attisent tant de convoitises. Il faudra beaucoup de tact pour parvenir à une formule qui sache faire cohabiter l’eau et le feu.

N. Sebti


Le général major Mohamed Bendimerad à la revue El Djeich

“La recherche développement doit être dans le sillage des besoins de l’ANP”

Par : Samar Smati, Liberté, 12 juin 2006

Intervenant en marge du séminaire organisé les 7 et 8 mai dernier sur les technologies de la défense, le général major Mohamed Bendimerad, chef du département organisation et logistique et président du comité permanent du développement de la recherche scientifique et technique, a indiqué que “pour parer aux nouvelles menaces, la recherche développement doit forcément être dans le sillage des besoins de l’armée nationale populaire qui sont à la fois les besoins d’une armée conventionnelle pour une menace conventionnelle, mais également spécifiques pour faire face aux menaces asymétriques”, avant d’ajouter que “le concept de menace ayant évolué, aujourd’hui on parle beaucoup plus de problèmes sécuritaires”.

S. S.

 


Industrie militaire

L’ANP expose ses produits

Par : Samar Smati, Liberté, 12 juin 2006

Une première, le génie militaire s’ouvre au grand public sous le slogan “Compter sur les capacités internes”. La Direction de la fabrication militaire (DFM) relevant de l’ANP organise, depuis dimanche et ce, jusqu’au 16 juin, au Musée central de l’Armée, une exposition sur les équipements et matériels produits en Algérie au profit des secteurs militaire, paramilitaire et civil.
C’est un large échantillon des capacités de production de la Direction de la fabrication militaire qui est présentée au public. La DFM comprend actuellement quatre entités : l’Entreprise des constructions mécaniques de Khenchela (ECMK), l’Office national des explosifs, l’Entreprise des réalisations industrielles de Sériana (Eris), à Batna, ainsi que l’Entreprise d’habillement, de campement, de couchage et d’ameublement militaires. Ces quatre entreprises pourvoient dans leurs domaines de compétences respectifs aux besoins nationaux militaires, paramilitaires tels que ceux de la DGSN, des Douanes, de la Protection civile, et même aux besoins civils. L’exposition vise à faire connaître les fabrications militaires, mais également le volet civil réalisé par la DFM, puisque les quatre entreprises ont des “capacités de production libres”, selon la commande. Elles réalisent des commandes “militaires et civiles”. Depuis son entrée en production, en 1990, l’Entreprise des constructions mécaniques de Khenchela (ECMK) est spécialisée dans la fabrication d’armes à feu. Elle fournit l’ANP et les institutions paramilitaires en pistolets mitrailleurs, fusils à pompes, fusils-mitrailleurs et pistolets automatiques. L’ECMK s’est également attelée à la production de pièces de rechange et d’outillages. L’Entreprise des réalisations industrielles de Sériana (Eris) est pour sa part une entreprise militaire à caractère économique et commerciale lancée en 1991, spécialisée dans la fabrication des munitions, d’outillages et de pièces de rechange. En plus des munitions, l’Eris a développé, entre autres, la production de paratonnerres pour toutes les installations militaires et civiles, des groupes électrogènes, des stands de tir, du matériel d’intendance, du matériel paramédical, des fixateurs orthopédiques et bien d’autre produits annexes encore. L’Office national des explosifs, qui comprend un complexe à Miliana, cinq unités de production réparties sur le territoire national ainsi qu’une unité de fabrication de cartouches de chasse à Sidi-Moussa, fabrique des explosifs pour l’usage civil et couvre les besoins des carrières, des gisements et des industriels en la matière. L’entreprise d’habillement, de campement, de couchage et d’ameublement militaires équipe les forces de sécurité en tenues militaires et paramilitaires, gilets pare-balles, mais également en tentes. L’entreprise avait réalisé une grande partie des tentes mises à la disposition des sinistrés suite au séisme de Boumerdès en 2003. L’ANP, qui avait importé les usines de Sériana et de Khenchela clés en main pour ses besoins propres, a développé un savoir-faire et une “culture d’industrie” qui lui ont permis, au fur et à mesure, de couvrir les besoins nationaux et d’intégrer la réalisation de nouveaux produits, notamment civils. Malgré l’absence des unités de production des forces navales et aériennes, ainsi que des unités chargées de la maintenance pour cette exposition, l’ANP s’est également attelée, ces dernières années, à la mise à niveau de l’armement et des équipements acquis ainsi qu’à la construction de ses propres navires. L’ANP, engagée dans une vaste politique de modernisation et de professionnalisation, a également un programme d’acquisition d’équipements militaires chez ses principaux fournisseurs, les russes en premier.

Samar Smati


Gaïd Salah assiste à de grandes manœuvres de forces aériennes

Par : Lotfi G., Liberté, 12 juin 2006

Le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général-major, Ahmed Gaïd Salah, a assisté, hier, à de grandes manœuvres des forces aériennes de l’ANP, qui se sont déroulées au polygone centrale de l’air de Hassi-Bahbah (wilaya de Djelfa) de la Ie Région militaire. Le chef d’état-major de l’ANP était accompagné par une forte délégation composée d’officiers de haut rang de l’Armée nationale, notamment le chef de la Ire Région militaire. Les manœuvres ont duré près de deux heures, apprend-on de sources sûres.

Lotfi G.


Équilibres

Par : Mounir Boudjema, Liberté, 12 juin 2006

Si l’ANP a adopté le langage de pragmatisme sous la férule du MDN Bouteflika, qui applique la devise de la diversification des partenaires aussi bien dans les secteurs de l’énergie, des travaux publics qu’en matière de défense, Paris ne veut pas demeurer en reste face aux autres fournisseurs d’armements européens ou américains.

Finalement, militaires algériens et français arrivent à des relations décomplexées. Le poids de l’histoire coloniale qui plombe le traité d’amitié, la rigidité de deux chefs d’état qui ont connu cette guerre, du côté de l’ALN et du côté de l’armée française, et l’absence de traditions de coopération entre l’ANP et la défense française font du déplacement de Guenaïzia à Paris, une singularité diplomatique.
Dans le canevas algéro-français, le partenariat militaire sera indéniablement le plus long à trouver sa place. La méfiance, qui a toujours régi les rapports algéro-français dans ce domaine, n’est pas dissipée, et ce n’est pas l’invitation de Michèle Alliot-Marie qui va briser la glace même si elle contribue grandement à la fissurer.
Si l’ANP a adopté le langage de pragmatisme sous la férule du MDN Bouteflika, qui applique la devise de la diversification des partenaires aussi bien dans les secteurs de l’énergie, des travaux publics qu’en matière de défense, Paris ne veut pas demeurer en reste face aux autres fournisseurs d’armements européens ou américains. Comme toutes les puissances, elle tente de se placer dans la perspective du contrat d’armement de la Russie avec l’Algérie qui a donné le signal sur les investissements financiers de l’Algérie dans les technologies de défense.
Mais, pour ce faire, Paris doit trouver le langage juste et un positionnement original pour ne pas être prise pour être favorable au seul développement militaire du Maroc. Sur ce plan aussi, le handicap est de taille, car ce ne sont pas quelques contrats d’armes qui régleront des contentieux qui ne sont que le reflet de l’absence de volonté politique.
En attendant, l’ANP n’oublie pas de tenter de se doter d’une micro-industrie de l’armement qui, même si elle est au stade embryonnaire, soulage déjà le dispositif logistique de l’armée de factures lourdes d’importation. On n’est pas encore à l’ère de l’autosuffisance, mais l’armée a compris qu’on n’achètera pas indéfiniment la quincaillerie d’ailleurs à un prix fort alors que la recherche et le développement sont le propre des armées émergentes.

M. B.