La famille révolutionnaire dénonce le «bras d’honneur» de la droite française

La famille révolutionnaire dénonce le «bras d’honneur» de la droite française

El Watan, 2 novembre 2012

En l’espace de 48 heures, deux hommes politiques français de droite ont répondu vertement à la demande algérienne de la reconnaissance par la France de ses crimes commis durant la colonisation.

Le premier, Gérard Longuet, sénateur et ancien ministre de la Défense du gouvernement Sarkozy, a fait un «bras d’honneur» mardi soir au gouvernement algérien, lors du générique de fin de l’émission «La preuve par trois» sur la chaîne Public Sénat, lorsqu’on lui a demandé de réagir à la déclaration du ministre des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas, qui avait réclamé cette semaine «une reconnaissance franche des crimes perpétrés par le colonialisme français». Hier, c’était au tour du député d’extrême droite du Front national, Gérard Collard, d’imiter le geste de l’ancien ministre français de la Défense et de lui apporter publiquement son soutien sur le plateau de la chaîne d’information LCI. Ces deux réactions ont fait réagir la classe politique algérienne.

Division

Pour le chargé de la communication du FLN, Aïssa Kassa, la réaction des deux personnalités politiques françaises de droite illustre parfaitement les actions de ce courant durant la colonisation, qui avait dans sa grande majorité soutenu les thèses développées par l’OAS. «On a toujours dit que cette droite française était bête et méchante. Elle est colonialiste dans l’âme et ces deux gestes honteux en sont un exemple. Ils finiront tous dans la poubelle de l’histoire», a-t-il poursuivi. De son côté, Lakhdar Benkhellaf, porte-parole du Front pour la justice et la démocratie (El Adala de Abdallah Djaballah), a estimé que ces deux réactions montraient bien la division qui existe actuellement au sein de la classe politique française au sujet de l’Algérie.

«Ces réactions sont honteuses et sont une véritable insulte jetée à la face du peuple algérien. Les Français doivent savoir que nous ne nous contenterons pas de la reconnaissance partielle des massacres d’Octobre 1961 faite par le président Hollande. Nous soutenons la démarche des autorités algériennes et réclamons une repentance de la France pour les horreurs commises ici. Tant que cette demande ne sera pas satisfaite, elle restera à jamais un objectif pour les générations futures.» Pour sa part, Zohra Drif, moudjahida, sénatrice et vice-présidente du Conseil de la nation a condamné ces deux gestes et dénoncé le «mépris» envers les Algériens. «Ce bras d’honneur ne s’adresse pas uniquement aux Algériens, il est aussi destiné aux martyrs morts pour la liberté de ce pays. J’ai toujours affirmé que la France coloniale était ce qu’il y avait de plus hideux.»

Désapprobation

Pour l’ancienne moudjahida, les deux gestes expriment le rejet, par une partie du peuple français, de la reconnaissance des atrocités commises par les Français en Algérie. «Quand un ex-ministre et un député de la République font ce geste, c’est une partie de la France qui s’exprime et qui continue de réagir comme un pays colonialiste, qui a toujours éprouvé un mépris total envers les peuples africains et musulmans», a-t-elle souligné. Pour sa part, le président de la Fondation du 8 Mai 1945, Abdelhamid Salakdji, a averti les autorités françaises sur les conséquences que pourraient avoir les atermoiements de la France à la demande de reconnaissance formulée par les autorités algériennes.

«La France a intérêt à accepter de faire acte de repentance avant qu’il ne soit trop tard, a-t-il menacé. C’est l’ensemble du peuple algérien qui exige la condamnation des massacres. Si cette repentance n’est pas reconnue, il ne faut pas qu’il espère avoir des relations apaisées avec l’Algérie.» Seule réaction officielle française, celle du président socialiste du Sénat, Jean-Pierre Bel, qui, dans un communiqué, a exprimé «sa désapprobation après le geste grossier et injurieux que Gérard Longuet a adressé aux autorités algériennes. J’estime que ce geste, de la part d’un ancien ministre, ne peut qu’entretenir la guerre des mémoires», ajoute le texte.
Salim Mesbah