Le FLN devra composer

Il a perdu 63 sièges aux législatives

Le FLN devra composer

Par : Souhila Hammadi, Liberté, 20 mai 2007

En n’obtenant que 35% des sièges de l’Assemblée nationale alors qu’il détenait la majorité absolue lors de la précédente législature, le FLN devra négocier serré avec ses partenaires de l’alliance présidentielle pour pouvoir élire un de ses députés au perchoir de la Chambre basse.

Pour le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, le parti conserve sa première place à l’Assemblée populaire nationale, et c’est l’essentiel. Pourtant, les résultats préliminaires, présentés vendredi par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales en attendant leur validation par le Conseil constitutionnel ce 20 mai, montrent que le vieux front a perdu, sans conteste, sa domination dans la chambre basse du Parlement. Avec ses 136 sièges obtenus à l’issue du scrutin de jeudi dernier, le FLN n’aurait, finalement, maintenu que deux tiers du nombre global des députés qu’il avait lors de la législature en fin de mandat.
Ainsi, 63 places, dans les travées du palais Zighoud-Youcef lui échappent et lui enlèvent par la même la majorité absolue, dont il prévalait de 2002 à 2007.
De 51,2% de la composante de l’Assemblée nationale, il ne détient plus que 34,9%.
Et encore, contrairement aux autres partis politiques, la forte abstention, observée à l’égard des élections législatives, a profité indéniablement au FLN dont l’électorat est discipliné.
Dans les wilayas où le taux de participation a transcendé la barre des 45%, le front a engrangé systématiquement le plus grand nombre des suffrages exprimés, ne serait-ce que parce que les électeurs des villes de l’intérieur du pays votent traditionnellement en faveur des candidats du pouvoir ou au pouvoir.
Si les Algérois n’avaient pas boudé aussi massivement les urnes (uniquement 18% des quelque
1 700 000 électeurs ont fait un choix sur leurs représentants à l’APN), le FLN n’aurait probablement pas réussi la prouesse d’arracher 11 sièges sur les 32 à pourvoir.
Au-delà du constat immédiat, le FLN, avec son quota de 136 députés, n’aura pas du tout les coudées franches tout au long de cette législature, alors qu’il avait régné pratiquement sans partage sur celle qui s’achève.
Pour faire adopter des projets de loi ou autres initiatives politiques, il devra composer inévitablement avec ses alliés de l’alliance présidentielle, le RND et le MSP en l’occurrence. Il n’a même pas la possibilité d’élire un de ses parlementaires fraîchement élus au perchoir de l’APN, s’il n’obtient pas au préalable le quitus d’au moins un de ses partenaires susmentionnés.
La configuration actuelle de l’Assemblée nationale, qui ne donne pas de majorité franche au FLN, tout en la confinant dans le giron de la coalition présidentielle, arrange certainement mieux le président de la République, échaudé par l’expérience — malencontreuse pour lui — de Ali Benflis. Si aujourd’hui Abdelaziz Belkhadem et le contingent des cadres du parti, dont les nouveaux députés, semblent totalement acquis aux projets et ambitions des décideurs forts du moment, il n’est pas exclu qu’ils changent leur fusil d’épaule dès lors que les rapports de force basculent vers une autre tendance du pouvoir (l’exemple de Ali Benflis est encore une fois illustratif).
D’ailleurs, le net recul du FLN dans les scores des législatives s’explique aussi par une prestation parlementaire contestée (la majorité absolue détenue par le parti, durant les 5 dernières années, n’a pas servi les intérêts de l’Assemblée nationale) et la crise interne en latence depuis 2003. Toute la question est de savoir si ce recul du FLN, en termes de voix, ne sera pas utilisé comme prétexte par ses contempteurs pour remettre en cause son leadership au sein du parti.

Souhila H.