L’alliance tenue à distance

L’alliance tenue à distance

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 29 mai 2007

Le choix par l’alliance présidentielle de Abdelaziz Ziari pour être son candidat au perchoir de l’Assemblée nationale met en évidence l’inanité des spéculations ayant donné pour ouverte la bataille entre les trois formations de cet espace partisan autour de la présidence de l’institution parlementaire.

Le consensus intervenu au sein de l’alliance sur cette candidature est d’ailleurs le seul point concret ayant conclu la réunion à huis clos tenue dimanche par ses trois dirigeants.

En fait, les partis de l’alliance n’ont fait qu’entériner et endosser un choix qui s’est décidé au sommet de l’Etat. Il ne fait en effet aucun doute pour personne que Ziari a eu l’adoubement préalable du Président de la République. Cela étant, sa candidature est dans l’ordre des choses. Ziari est un élu du parti ayant remporté le plus grand nombre de sièges à l’assemblée. Il a l’avantage de bien connaître les rouages du fonctionnement de cette institution et d’être au fait des us et coutumes propres au monde parlementaire parce qu’il a été ministre délégué chargé des relations avec le Parlement.

S’il est un point que le trio dirigeant de l’alliance présidentielle a débattu lors de sa rencontre sans lui trouver de réponse, c’est certainement celui de la formation du nouveau gouvernement post-scrutin du 17 mai. Les trois chefs de file savent évidemment que leurs formations seront représentées dans la coalition de gouvernement. Mais certainement pas la proportion qu’aura cette représentation, ni les départements ministériels qui lui seront dévolus. Selon nos sources, le président Bouteflika aurait certes demandé à chacun d’eux de lui communiquer une liste d’éventuels ministrables pour le compte de leurs formations respectives. La communication du chef de l’Etat sur ce dossier avec les chefs de file de l’alliance se serait arrêtée à cette demande. Il aurait par contre engagé de discrètes consultations hors alliance pour tenter d’élargir la majorité présidentielle, ce qui lui permettrait du même coup de former un gouvernement aux allures d’union nationale, donc moins marqué aux seules couleurs partisanes de l’alliance actuelle.

L’opacité entourant les tractations en vue de la formation du nouveau gouvernement et les rumeurs distillées en la circonstances font que le questionnement (devenu une récurrence dans le pays) est, à chaque fois que se présente cette sorte de situation, de savoir si le Président de la République est libre de ses choix ou tenu de composer avec d’autres «cercles décideurs». Pour ceux qui tiennent toujours à la théorie du «cabinet noir», il ne ferait aucun doute que Bouteflika serait en train de négocier pas à pas avec ce pouvoir parallèle la composante du prochain exécutif de l’Etat.

Alors que supputations et spéculations vont bon train, le chef de l’Etat a lui programmé un enchaînement de visites de «travail et d’inspection» dans plusieurs wilayates du pays, à commencer par celle de Blida où il s’est rendu hier. Ces visites ont pour raison première de montrer à «l’Algérie profonde» un président en pleine possession de ses moyens physiques et apte à remplir les charges de sa fonction, aussi usantes fussent-elles. Condition physique dont certains milieux doutent de l’état, au point qu’ils n’envisagent d’échéance politique immédiate dans le pays que sous la forme d’une lutte de succession déjà engagée souterrainement.