Retour sur l’accord d’association avec l’UE

ALGERIE-UE

Retour sur l’accord d’association

Le Quotidien d’Oran, 26 juin 2006

Alors que les premières retombées de l’accord d’association avec l’Union européenne ne pourront être réellement ressenties en Algérie, que dans trois années, la chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie, en collaboration avec la chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI) ainsi que la fondation Friedrich Naumann, a organisé hier, au siège de la CACI, une conférence pour faire une sorte d’évaluation de la situation après dix mois de l’entrée en vigueur de l’accord. Des invités de marque, à l’image de l’ex-ministre délégué du ministère de l’Economie d’Allemagne, M. Klaus Bunger ont été conviés à donner leur appréciation sur l’accord qui, désormais, lie notre pays au continent européen.

Pour M. Klaus Bunger, qui saluera au passage «le développement extraordinaire réalisé en Algérie en l’espace de quelques années seulement», l’accord d’association offre plus de chances de réussite que de risques d’échec.

Mais il reste, soulignera-t-il, que l’Algérie malgré les avancées certes palpables, doit faire encore le maximum pour faire face à la mondialisation.

«L’Union européenne vous tend la main», lance le conférencier à l’adresse d’une assistance composée principalement de représentants d’organisations patronales, d’industriels et d’entrepreneurs algériens. Ces derniers, justement, ont été interpellés par l’ex-ministre allemand afin de faire davantage pour stimuler l’économie algérienne.

«Si le milieu entreprenarial ne prend pas d’initiatives, un programme d’investissement, aussi ambitieux soit-il, ne servirait à rien», analyse M. Klaus Bunger. Le sujet de la concurrence a été longuement abordé par le conférencier qui rappellera que l’accord d’association, entré en vigueur le mois de septembre 2005, prévoit cela dans ses clauses.

«L’essor d’une économie dépend de l’instauration de la concurrence», a-t-il plaidé en affirmant, par ailleurs, que «tous les cartels qui freinent cette concurrence sont contre- productifs».

De son côté M. Andréas Hergenrother, directeur général de la chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie a affirmé que l’accord d’association aura sûrement des effets bénéfiques pour les entreprises algériennes en soulignant que cela dépendra bien évidemment de la motivation des responsables de ces entreprises. La mise à niveau, explique-t-il, des PME algériennes reste une nécessité pour s’adapter aux besoins et aux exigences de qualité du marché intérieur européen.

Cet avis est partagé par M. Hadjem président de la commission nationale de suivi de la mise en oeuvre de l’accord d’association qui avoue qu’un «effort d’organisation interne doit encore être fait». M. Hadjem expliquera à son tour que l’accord d’association offre un cadre juridique de base et plaidera, cependant, pour un transfert de technologie, arguant qu’un grand écart sépare le Nord et le Sud, à ce sujet.

Le partenariat poursuit-il ne s’arrête pas seulement dans les transactions commerciales.

Intervenant à son tour l’ambassadeur d’Allemagne, M. Johannes Westerhoff, très optimiste n’ira pas par quatre chemins pour dire que l’avenir de l’Algérie se trouve dans l’Europe et que l’accord d’association est l’outil pour construire l’avenir entre les deux rives. Le diplomate qui préfère plutôt parler de «complémentarité d’intérêts», dira que les objectifs sont très ambitieux notamment dans le domaine de l’énergie où des discussions, a-t-il précisé, sont en cours pour la création d’un marché commun de l’énergie.

L’optimisme des experts européens qui sont intervenus, hier à cette première conférence, sur l’accord d’association Algérie- UE n’est pas totalement partagé par les industriels algériens.

En effet, d’après le directeur général de la chambre algérienne de commerce et d’industrie, M. Chami Mohamed, une dizaine de requêtes ont été formulées par les entrepreneurs algériens à la commission de suivi de la mise en oeuvre de l’accord d’association depuis septembre 2005, date d’entrée en vigueur de cet accord. M. Chami Mohamed dira, en marge de la conférence, que les producteurs de sucre algériens sont particulièrement irrités par la position des Européens qui ne veulent pas reconnaître sur leur marché le sucre algérien, arguant qu’il est produit sur la base d’opération de raffinage ce qui fait que la production a énormément baissé depuis l’entrée en vigueur de l’accord d’association avec l’UE.

Enfin, il y a lieu de souligner, sur un autre chapitre, que dans le cadre du plan MEDA pour la mise à niveau des entreprises algériennes, une enveloppe de 100 millions d’euros sera consacrée, en 2008, à la modernisation des entreprises. Cette information nous a été confirmée par M. Olivier De Velp responsable du département MEDA pour l’Algérie.

Z. Mehdaoui